Il n’y a pas de rapport sexuel : ce que Lacan nous dit du désir
16/4/2025

Il n’y a pas de rapport sexuel : ce que Lacan nous dit du désir

Dans son Séminaire L’Acte psychanalytique (1968), Jacques Lacan soulève une question déstabilisante : « Est-il vrai que tous les hommes désirent une femme ? » Derrière cette formule apparemment provocante se cache une remise en question radicale de ce que l’on croit « naturel » : le désir, la sexualité, et le rapport entre les sexes. Ce que Lacan révèle peut-être ici, c’est l’illusion du rapport sexuel comme évidence. Loin d’être un simple fait biologique, le désir humain se structure autrement. Et cette perspective, bien que formulée dans un cadre théorique psychanalytique classique, résonne aujourd’hui puissamment avec les questions soulevées par les identités LGBTQIA+. Car si « le rapport sexuel n’existe pas », c’est peut-être aussi ce qui ouvre l’espace de toutes les sexualités possibles.

Le désir humain n’a rien de « naturel »

Jacques Lacan s’attaque frontalement à l’idée reçue selon laquelle le désir sexuel serait naturel, automatique, universel.

Cette croyance repose sur un postulat culturel profondément ancré : celui d’une complémentarité supposée entre les sexes, où l’homme désirerait naturellement la femme, comme si cela allait de soi.

Mais cette vision, souvent véhiculée par la tradition, la religion ou encore la psychologie évolutionniste, relève d’un fantasme hétéronormé, que Lacan déconstruit méthodiquement.

Entre identité, genre et désir, la psychanalyse à Versailles offre un espace pour entendre ce qui échappe aux normes.

Le désir ne découle pas d’un instinct biologique

Contrairement à ce que prétend le discours commun, le désir humain ne se fonde pas sur un instinct sexuel comparable à celui des animaux.

Il n’obéit ni à un cycle hormonal, ni à un besoin physiologique reproductif. Lacan affirme que le désir ne naît pas dans le corps, mais dans le langage. Il est structuré par un manque originaire, par une béance irréductible qui hante le sujet parlant.

Autrement dit, le désir n’est pas une réaction biologique mais une construction subjective.

Il n’existe pas un objet prédéfini que le sujet viendrait naturellement convoiter : le désir s’invente, se fantasme, se détourne, se méconnaît.

Un désir façonné par le langage, le fantasme et le symptôme

Dans la perspective lacanienne, le désir humain est toujours pris dans les filets du langage.

Il ne s’agit jamais d’un désir « pur » ou « brut », mais d’un désir médiatisé par le signifiant : celui du père, de la loi, de l’interdit, du Nom-du-Père.

C’est précisément parce que le sujet est un être de langage qu’il désire ce qui lui manque, ce qu’il ne peut nommer, ce qui lui échappe.

Ce manque fondamental est ce qui fait la spécificité du désir humain. Il se déploie dans le fantasme, dans des scénarios inconscients qui organisent la manière dont le sujet se représente la jouissance, l’objet d’amour, l’Autre sexe.

Il s’exprime aussi à travers le symptôme, là où le corps parle, là où le désir se noue dans l’échec ou le ratage.

Le non-rapport sexuel n’est pas une impasse clinique, mais une invitation à en parler dans un cadre psychanalytique à Versailles.

Il n’y a pas de norme du désir

L’un des enseignements les plus subversifs de Lacan est que le désir ne peut être normalisé.

Il échappe à toute tentative de codification. Il n’existe pas de désir « standard », pas plus qu’il n’existe un schéma universel du rapport sexuel.

Ainsi, aucune orientation sexuelle n’est plus légitime qu’une autre. Que le sujet désire une femme, un homme, les deux, aucun, ou des identités non-binaires, cela ne change rien à la structure du désir : il est toujours marqué par le manque, par l’Autre, par le langage.

Et surtout, comme le dit Lacan, le désir ne garantit aucun rapport stable entre les sexes.

Il ne crée pas une harmonie naturelle entre l’homme et la femme. Il ne scelle pas une union complémentaire. Il met en jeu un écart, une tension, une impossibilité à combler. C’est en cela qu’il est profondément humain.

« Il n’y a pas de rapport sexuel » : une formule clé, dérangeante et géniale

C’est sans doute l’une des phrases les plus explosives de toute l’œuvre de Lacan :

« Il n’y a pas de rapport sexuel. »

À première vue, elle choque. Elle dérange, elle fait sourciller.

Elle semble nier l’évidence : bien sûr qu’il y a du sexe, de l’amour, des couples, des étreintes, des corps qui se rencontrent. Mais cette formule ne nie pas les relations sexuelles, ni le plaisir, ni la possibilité de l’amour. Ce que Lacan vise ici, c’est bien plus radical, plus profond, plus subversif encore.

Ce qu’il affirme, c’est qu’il n’existe pas de rapport sexuel au sens symbolique du terme.

Autrement dit : aucune loi, aucune structure, aucune écriture dans le langage n’organise de manière harmonieuse le lien entre les sexes.

Il n’y a pas d’équation universelle du désir. Pas de complémentarité naturelle qui s'écrive. Pas de règle qui permettrait de prédire ou de garantir l’entente, la fusion, ou même l’attirance entre deux sexes.

Pas de « rapport » mais un abîme

L’homme et la femme ne sont pas deux moitiés prédestinées à s’unir.

Lacan pulvérise cette vision romantique et naïve héritée de Platon, selon laquelle chacun chercherait « sa moitié ».

Non : la différence sexuelle n’est pas une affaire de complémentarité, mais une affaire d’opacité.

Le rapport entre les sexes n’est pas seulement difficile, il est structurellement impossible. Il y a entre eux une béance, un écart irréductible, une asymétrie foncière. Le langage échoue à faire lien, les signifiants ne raccordent pas les jouissances, le malentendu est la règle.

C’est dans cette impasse que se loge la vérité du désir, et c’est précisément là que le psychanalyste a sa place. Non pas pour réparer ou harmoniser, mais pour écouter, pour éclairer, pour accompagner le sujet dans sa manière singulière de composer avec cet échec fondamental du rapport sexuel.

« L’homme et la femme n’ont ensemble rien à voir »

Cette autre formule de Lacan — tout aussi tranchante — enfonce le clou :

« L’homme et la femme n’ont ensemble rien à voir. »

Non pas qu’ils ne puissent rien partager. Mais ce qu’ils partagent n’est jamais un rapport, au sens logique ou symétrique du terme.

Ils peuvent s’aimer, se désirer, faire couple, se déchirer, jouir ensemble ou à côté — mais il n’y a pas de structure commune qui les relierait d’office. Tout est affaire d’invention, de bricolage, de négociation, de langage, de symptômes.

Une vérité qui vaut pour tous les genres

Et cette béance ne concerne pas seulement les couples hétérosexuels. Elle vaut pour toutes les configurations de genre et de sexualité. Homosexuelles, queer, trans, pansexuelles : le non-rapport sexuel est une structure universelle. Ce n’est pas l’apanage d’une orientation, c’est la condition humaine du désir.

C’est parce qu’il n’y a pas de rapport sexuel — parce que le sexe ne fait pas lien — que les sujets s’éprouvent dans le manque, dans la quête, dans la tentative infinie de dire ce qu’est l’amour, le désir, la jouissance.

Quand le désir s’égare ou se répète, un accompagnement en psychanalyse permet de déplier ce qui se joue inconsciemment.

Le sexe comme énigme, pas comme solution

Contrairement à l’imagerie populaire qui présente la sexualité comme un aboutissement, une réponse, voire une réconciliation entre les êtres,

Lacan la pense tout autrement. Le sexe, loin d’être un point d’équilibre, est un point de butée. C’est une faille, un trou dans le langage. Un lieu où le sujet se confronte au réel, ce réel que ni le langage, ni l’amour, ni le fantasme ne parviennent à capturer pleinement.

Le sexe n’est pas un simple lieu de plaisir ou de fusion entre deux corps. Il est un lieu d’énigme, de décalage, de résistance. Là où le corps jouit, quelque chose échappe. Le sujet ne sait pas ce qu’il veut. Il ne sait pas ce que veut l’autre. Il ne sait même pas ce que veut dire ce qu’il dit quand il dit qu’il désire.

C’est ce réel du sexe — ce qui ne peut se dire, ce qui reste hors-sens — qui fait vaciller les illusions. Le langage échoue à tout dire du corps. La parole trébuche. Le fantasme tente de colmater les brèches, de donner forme à l’énigme. Mais jamais il ne parvient à combler l’écart entre ce que l’on croit vouloir et ce que l’on éprouve.

Une sexualité à inventer, pas à prescrire

C’est pourquoi la sexualité humaine n’est jamais une évidence.

Elle n’est pas dictée par la nature, elle n’est pas programmée, elle ne répond à aucune règle fixe. Elle est toujours une tentative, un bricolage singulier, une façon unique pour chaque sujet de composer avec ce qui échappe. Pas de schéma universel. Pas de script commun.

Il n’y a pas de norme du sexe. Et surtout, il n’y a aucune assignation « naturelle » du désir en fonction du sexe biologique, du genre, ou de l’identité. L’anatomie ne fait pas le destin. Ce n’est pas parce qu’on est né avec tel ou tel organe que l’on désire ceci ou cela. Le corps ne dicte pas la sexualité — c’est le manque qui la structure.

Ce que Lacan nous apprend ici, c’est que la sexualité ne résout rien.

Elle ne répare pas l’amour, elle ne soude pas les couples, elle ne clôt pas l’énigme du désir. Elle l’ouvre. Elle en est la scène fragile, mouvante, souvent malhabile, où le sujet tente de dire l’indicible : ce qu’il attend, ce qu’il craint, ce qu’il rejette ou ce qui le hante.

Il n’y a pas de rapport sexuel, mais il y a la parole, et le travail psychanalytique à Versailles peut en accueillir toute la complexité.

Le sexuel, théâtre du symptôme

Et c’est précisément là que surgit le symptôme, cette manière singulière dont le sujet habite l’impasse du rapport sexuel.

Troubles du désir, inhibitions, compulsions, répétitions : autant de formes que prend l’impossible du sexe pour se dire autrement.

Le sexuel n’est donc pas un refuge ni un refuge stable. C’est un champ de tensions, de malentendus, d’écarts, mais aussi d’inventions. Le seul espace où quelque chose peut se jouer, se dire, se transformer, c’est dans la parole. Et c’est pourquoi le psychanalyste n’interprète pas le sexe comme une fonction, mais comme un symptôme.

Lacan queer ! Quand le non-rapport sexuel devient espace de liberté

C’est ici que la pensée lacanienne, aussi exigeante soit-elle, rejoint — parfois malgré elle — la radicalité féconde des théories queer.

Car en affirmant que « le rapport sexuel n’existe pas », Lacan ne ferme pas le champ du désir. Il l’ouvre à l’infini. Il ne prescrit rien, il ne trace aucune ligne droite : il désessentialise le lien sexuel, déloge la norme, déjoue les assignations.

Cette formule — aussi dérangeante qu’émancipatrice — signifie une chose essentielle : il n’y a pas de modèle préétabli pour désirer. Il n’y a pas de rapport naturel, ni d’orientation obligée, ni de position sexuée qui serait déterminée une fois pour toutes par le corps ou la biologie.

Le fantasme, comme tentative de donner forme au manque, au cœur de la démarche psychanalytique.

Le queer n’est pas un écart, c’est une création

Dans cette optique, les identités LGBTQIA+ ne sont pas des anomalies du système.

Elles ne sont pas des « déviations » d’un rapport supposé normal entre les sexes. Elles sont des réponses subjectives, singulières, créatives, face à l’impossible du rapport sexuel.

Les identités lesbiennes, gays, bisexuelles, pansexuelles, asexuelles, non-binaires, transgenres ou queer ne représentent pas des cas particuliers. Elles incarnent, avec une intensité parfois plus visible, ce que Lacan a toujours affirmé : il n’y a pas de rapport sexuel, seulement des tentatives de l’écrire, de le dire, de le vivre — chacune à sa manière.

Ce n’est pas parce que les configurations sexuelles queer s’écartent du modèle hétéro-normé qu’elles sont moins légitimes. Au contraire : elles mettent en lumière le caractère toujours artificiel, construit, performatif du genre et du désir.

Le queer prolonge Lacan

Le discours queer ne contredit pas Lacan : il le prolonge, le pousse à ses conséquences ultimes.

Il affirme que le lien sexuel est toujours à inventer, que le genre n’est pas une essence mais une performance, une mise en scène, un acte, un positionnement dans le champ du symbolique. Judith Butler ne disait pas autre chose quand elle affirmait : « Le genre est une imitation sans original. »

De même, le désir ne s’inscrit jamais dans une structure fixe. Il traverse les identités, il les déborde, il les recompose. Il se déplace, bifurque, se répète, se réinvente. Et c’est précisément ce que Lacan appelle le manque structurant : ce trou qui fait du désir un moteur, mais aussi une errance.

Lacan queer : une psychanalyse du possible

Là où certaines lectures psychanalytiques anciennes ont pu figer les identités dans des cadres normatifs, la logique du non-rapport sexuel ouvre au contraire un espace d’invention radicale.

Lacan ne dit pas ce que doivent être les sexes, il montre que leur articulation est impossible à écrire, et que tout sujet est libre — et contraint — d’en faire quelque chose.

Ce qui se joue alors, ce n’est plus une conformité, mais une création subjective face à l’impossible. Et c’est bien cela que les pensées queer explorent : comment on habite l’impossible, comment on désire sans garantie, comment on affirme une place là où aucune place n’est prévue.

Le genre comme position subjective : au-delà du corps, l’inscription dans le langage

Là encore, Lacan prend le contre-pied des évidences. Pour lui, le genre n’est pas une donnée biologique, ni un simple fait social.

Il ne se réduit ni à l’anatomie ni à l’état civil. Le genre est une position dans le discours, une manière pour le sujet de se situer face au manque, face à la loi, face à l’Autre.

Dans cette perspective, la différence sexuelle n’est pas une affaire de chromosomes, mais une affaire de structure. Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on a entre les jambes, mais comment on se place — consciemment ou non — dans la logique du désir et de la jouissance.

Être du côté « homme » ou du côté « femme » : une logique de jouissance

Chez Lacan, il y a deux positions sexuelles symboliques (et non deux sexes biologiques) : celle dite « du côté homme », soumise à la logique phallique et à la castration symbolique ; et celle « du côté femme », qui excède la logique phallique et s’ouvre à une jouissance « autre », supplémentaire, que Lacan appelle la jouissance féminine.

Or, tous les sujets — quel que soit leur sexe biologique — peuvent se situer dans l’une ou l’autre de ces positions.

Il est donc possible d’avoir un corps d’homme et d’être dans une position subjective féminine, ou inversement. C’est cette dissociation radicale entre anatomie et position symbolique qui rejoint les vécus trans, non-binaires, queer.

Le genre, en psychanalyse, ne colle jamais parfaitement au corps.

Il se construit, s’élabore, parfois se conteste, à travers le langage, le fantasme, la jouissance, l’histoire du sujet.

Transidentité, subjectivation et psychanalyse

Les parcours trans ne sont pas des pathologies, mais des formes de subjectivation où le sujet cherche une inscription symbolique supportable, vivable.

La transition peut alors être l’expression d’un travail psychique profond, d’une tentative d’inventer une place dans le monde là où aucune ne s’est offerte d’emblée.

La psychanalyse, loin de devoir se défendre ou se crisper face à ces mouvements, a tout à gagner à les entendre pour ce qu’ils sont : des créations subjectives face à un impossible commun. Le refus d’être assigné à une identité génitale est une manière de dire le décalage entre le corps et le désir, d’habiter autrement le non-rapport sexuel.

Il n’y a pas d’identité sexuée « naturelle », seulement des positions dans la chaîne du langage, des choix parfois douloureux mais toujours signifiants.

Et c’est là que la psychanalyse peut jouer son rôle : accompagner sans juger, écouter sans réduire, éclairer sans enfermer.

Le psychanalyste et staferla : là où le discours déraille

À la fin de cette leçon du 27 mars 1968, Jacques Lacan laisse tomber une formule énigmatique, presque comique :

« C’est justement parce qu’ils n’ont rien à voir que le psychanalyste a quelque chose à voir dans — écrivons-le au tableau — staferla. »

Ce mot étrange — staferla — n’a pas de définition claire. Il sonne comme un mot-valise, un jeu sonore entre « cette affaire-là » et un mot issu d’un sabir inventé. Et c’est bien là le point : ce dont il s’agit ici, le sexuel, ne peut pas se dire. Il ne peut pas se nommer dans le langage ordinaire. Il déborde, il échappe, il résiste. C’est du réel pur.

Le psychanalyste ne répare pas : il accueille l’impensable

Le psychanalyste n’est pas un ingénieur du couple, ni un coach du désir, ni un gestionnaire de l’intimité.

Il n’est pas là pour recoller deux moitiés, ni pour harmoniser les pulsions. Il est là parce qu’il n’y a pas de rapport sexuel. Parce que le lien entre les corps, les genres, les subjectivités, rate toujours quelque part. Et c’est précisément ce ratage — ce que Lacan appelle le réel — qui fait symptôme.

C’est dans cet écart entre les signifiants et la jouissance que le psychanalyste opère. Il ne donne pas de solution, mais il crée un espace où le sujet peut dire ce qui ne se dit pas ailleurs.

Ce que staferla désigne, c’est le noyau opaque du sexuel, là où les mots se heurtent au corps, là où le fantasme tente d’organiser ce qui ne tient pas.

Une clinique du non-savoir

La psychanalyse ne cherche pas à savoir à la place du sujet.

Elle ne délivre pas de vérités universelles sur la sexualité, l’identité ou le genre.

Elle part du symptôme, de ce qui résiste, de ce qui fait souffrir ou jouir, de ce qui fait retour.

Dans un monde saturé de discours sur la sexualité — discours biologiques, sociaux, moraux, médicaux — le psychanalyste reste du côté du trou, du manque, de ce qui cloche. Il ne prétend pas boucher le vide, mais permet au sujet d’y faire quelque chose, de le mettre en forme, de le dire à sa manière.

Staferla, c’est notre affaire

Finalement, staferla, c’est l’affaire de chacun. L’affaire de tout sujet qui tente de se situer dans le champ du désir, de comprendre ce qu’il veut, d’inventer une façon de vivre avec l’impossible du lien à l’autre.

Et c’est aussi l’affaire du psychanalyste, appelé à tenir une place là où le langage flanche, là où le sexuel échappe à toutes les assignations.

Il n’y a pas de rapport sexuel. Il n’y a que des tentatives de le dire, de le vivre, de le rater autrement. Et c’est là que commence le travail analytique.

Lacan, le désir et la liberté de ne pas rentrer dans la case

Dire qu’il n’y a pas de rapport sexuel, ce n’est pas désespérer du lien, c’est dire sa complexité.

C’est refuser les fictions consolatrices, les évidences normatives, les modèles clés en main du couple, du genre, du désir.

C’est ouvrir l’espace d’une vérité plus rugueuse, mais infiniment plus libre : celle d’un sujet qui cherche, qui trébuche, qui invente, qui désire malgré l’impossible.

Le manque, matrice du désir… et de toutes les identités

Dans la logique lacanienne, ce n’est pas la norme qui fonde le désir, mais le manque.

Et parce que ce manque est irréductible, le désir humain ne connaît pas de modèle universel. Il s’invente à partir de ce que le sujet n’a pas, ne comprend pas, ne maîtrise pas.

Les sexualités LGBTQIA+, loin de s’opposer à cette structure, en révèlent toute la puissance.

Elles montrent que le genre, le sexe, le lien amoureux ne sont jamais donnés d’avance. Ils sont construits, performés, rêvés, travaillés. Elles incarnent cette vérité que Lacan a formulée sans détour : il n’y a pas de rapport sexuel. Et donc, il y a mille manières d’en faire quelque chose.

La psychanalyse, un espace pour dire l’indicible

Dans un monde saturé de prescriptions, de modèles et de normes, la psychanalyse propose un espace radicalement autre : celui où le sujet peut parler sans être réduit, où le symptôme peut être écouté sans être pathologisé, où l’identité peut être explorée sans être figée.

Le psychanalyste ne sait pas à l’avance ce qu’est un homme, une femme, un genre, un désir, une sexualité. Il accueille l’énigme, l’impasse, le ratage. Il accompagne le sujet dans l’invention toujours singulière d’une position vivable face à ce qui ne s’écrit pas.

Il n’y a pas de rapport sexuel : et alors ?

Alors… il y a du sujet, du fantasme, du symptôme, du désir. Il y a du tragique, du drôle, du malentendu. Il y a des femmes qui aiment des femmes, des hommes qui se sentent femmes, des corps qui échappent au binaire, des amours qui ne suivent aucun scénario. Il y a de l’humain, tout simplement.

Le génie de Lacan, c’est d’avoir donné une structure au vide, une langue pour dire ce qui manque.
Et c’est ce manque, précisément, qui nous donne à désirer, à parler, à créer, à aimer — sans garantie, sans modèle, mais avec une vérité qui nous est propre.

Parce que la sexualité humaine est toujours une énigme, le travail psychanalytique à Versailles permet d’en explorer les zones d’ombre sans jugement.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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