"Je n'aime pas ma mère !", déconstruire un tabou psychologique
4/3/2025

« Je n’aime pas ma mère ! » : Déconstruire un tabou psychologique

Dans notre société, l’amour filial est souvent présenté comme une évidence, un devoir naturel et universel. Pourtant, il n’est pas rare d’entendre, en consultation ou dans des confidences intimes, une phrase lourde de culpabilité : « Je n’aime pas ma mère. » Ce constat peut être douloureux à formuler, tant il va à l’encontre des attentes sociales et du mythe de l’amour inconditionnel. Mais que signifie réellement ne pas aimer sa mère ? S’agit-il d’un rejet définitif, d’une blessure irrémédiable, ou d’un symptôme révélateur d’un conflit psychique plus profond ? Cette interrogation ouvre un espace de réflexion où se mêlent attachement, transmission intergénérationnelle, blessures précoces et nécessité d’une différenciation. Il s’agit ici d’explorer les racines de ce sentiment, d’en comprendre les enjeux inconscients et d’envisager les voies possibles pour s’en libérer, sans culpabilité ni tabou.

« On ne naît pas mère, on le devient. » — Simone de Beauvoir

« Aime ton père et ta mère » — Quatrième commandement

L’amour maternel, une évidence ? Pas si sûr !

Un amour idéalisé depuis toujours

Depuis toujours, on a tendance à sacraliser l’image de la mère. Dans la Bible, on nous dit de respecter nos parents, dans la mythologie, des figures comme Déméter ou Isis incarnent la mère nourricière et protectrice. Et aujourd’hui encore, la culture populaire continue d’en faire un symbole d’amour inconditionnel et de dévouement absolu.

On nous répète que « l’amour d’une mère est le plus pur, le plus fort », comme si c’était une loi universelle.

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Mais alors, que se passe-t-il quand cet amour ne va pas de soi ?

Dire « Je n’aime pas ma mère » ou même « Je ne ressens rien pour elle », c’est quasiment un blasphème.

On se retrouve face à un mur d’incompréhension et de jugements.

En réalité, cette vision de la maternité est bien trop simpliste. L’amour maternel n’est pas inné, il se construit. Il y a des mères qui aiment profondément leurs enfants, d’autres qui ont du mal à créer du lien, certaines qui oscillent entre l’affection et le rejet… et parfois, il y a même des mères toxiques ou maltraitantes.

Comme le disait Françoise Dolto, « l’amour maternel n’est pas un sentiment constant, il est traversé par des hauts et des bas, des désillusions et des attentes déçues ». Bref, c’est une relation à part entière, avec ses complications, ses tensions et ses limites.

La relation mère-enfant : un attachement parfois compliqué

On aime à croire que dès la naissance, une connexion magique s’établit entre une mère et son enfant, et que ce lien restera intact toute la vie. Mais en réalité, c’est bien plus complexe.

John Bowlby, avec sa théorie de l’attachement, explique que le lien mère-enfant influence nos relations futures.

Quand cet attachement est stable et sécurisant, il permet de construire des bases solides. Mais quand il est instable ou douloureux, il laisse des marques profondes.

Toutes les relations mère-enfant ne suivent pas le même schéma. Certaines configurations relationnelles, loin d’être un simple écart de comportement, peuvent façonner durablement la construction psychique de l’enfant. Lacan, en évoquant le ravage maternel, montre que la relation mère-enfant peut parfois devenir un espace de fusion où l’enfant est à la fois tout pour la mère… et rien pour lui-même.

Les mères envahissantes, intrusives, étouffantes

On les décrit souvent comme des mères qui « veulent trop bien faire », mais leur emprise va bien au-delà d’une simple surprotection. Elles anticipent les besoins de leur enfant avant même qu’il ne les exprime, prennent les décisions à sa place et l’étouffent par une présence constante.

Mais pourquoi ? Derrière ce contrôle excessif, quel désir inconscient est à l’œuvre ? L’enfant est-il un prolongement narcissique de la mère, un garant de sa propre stabilité psychique, un rempart contre l’angoisse de la séparation ? Ce qui se joue ici, ce n’est pas tant une volonté consciente de protéger, mais une impossibilité pour la mère de supporter un espace entre elle et son enfant.

Conséquence ? L’enfant, privé de son autonomie psychique, n’a d’autre choix que de rejeter cette emprise pour exister. C’est là que surgit une colère souvent incomprise : il ne rejette pas sa mère en tant que telle, mais ce qu’elle fait de lui. Il lutte pour se dégager d’un rôle qui l’empêche d’être un sujet à part entière.

Les mères fuyantes, absentes ou distantes

Parfois, le problème n’est pas une emprise trop forte, mais un vide. Certaines mères, prises dans leurs propres blessures, peinent à investir la relation avec leur enfant. Elles sont là physiquement, mais émotionnellement absentes.

Conséquence ? L’enfant, face à cette absence affective, peut adopter deux stratégies :
Multiplier les tentatives de connexion : il cherche sans cesse à capter l’attention, à être « assez bien » pour mériter l’amour, développant un besoin chronique de reconnaissance.
Se protéger en n’attendant plus rien : il intègre l’idée que les autres ne seront jamais vraiment là pour lui, ce qui peut le mener à un détachement émotionnel et une peur de la dépendance affective à l’âge adulte.

Les mères imprévisibles, tantôt présentes, tantôt absentes

Certaines mères oscillent entre deux pôles : un jour débordantes d’amour, l’autre indifférentes ou froides. L’enfant grandit dans une incertitude permanente : va-t-il être accueilli ou rejeté ? Adoré ou ignoré ?

Conséquence ? Cette instabilité affective entraîne un attachement insécurisant : il apprend que l’amour est conditionnel, imprévisible, fragile. Une fois adulte, il peut reproduire ce modèle dans ses relations, alternant entre dépendance affective et peur d’être abandonné.

Que ce soit dans l’excès ou le manque, le point commun de ces mères est souvent l’incapacité à laisser à l’enfant un espace d’individualité. L’enjeu n’est pas seulement d’aimer, mais de permettre à l’enfant d’exister pour lui-même et non pour répondre à un désir qui le dépasse.

Lacan disait que l’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. Peut-être pourrait-on l’appliquer ici : un amour maternel qui ne laisse pas de place au manque – ou qui en laisse trop – prive l’enfant de la possibilité d’être sujet.

Quand l’absence d’amour devient une protection

Le problème, c’est que notre société a énormément de mal à accepter ça.

Dire qu’on ne ressent pas d’amour pour sa mère, c’est immédiatement être jugé, culpabilisé.

Pourtant, dans certains cas, ne pas aimer sa mère est une réaction de protection psychique.

Un enfant qui a grandi dans un climat de négligence, d’humiliation, de rejet ou de violence ne peut pas développer un attachement sain. Et même dans des familles « normales », si la relation a été marquée par des attentes déçues, des conflits ou un manque d’écoute, l’amour filial peut finir par s’éroder.

Ce qui est important à comprendre, c’est que ce rejet n’a rien à voir avec un manque de gratitude ou de sensibilité. C’est souvent un mécanisme de défense inconscient qui permet d’éviter de souffrir encore et encore d’une relation douloureuse.

Et c’est peut-être là qu’il faut changer notre regard sur la maternité : arrêter d’en faire un idéal intouchable et accepter qu’elle peut être imparfaite, parfois même absente. Parce que non, toutes les mères ne sont pas naturellement aimantes. Et non, tous les enfants ne ressentent pas forcément d’amour pour elles. Et ça, ce n’est ni une faute, ni une anomalie. C’est juste une réalité humaine.

Quand l’amour filial fait défaut : entre blessure et protection

Les blessures précoces : quand l’amour ne peut pas grandir

Ne plus ressentir d’amour pour sa mère, ça ne sort pas de nulle part.

Ce n’est pas un caprice, ni une soudaine prise de position radicale. Souvent, ça vient de loin, de blessures profondes qui se sont installées petit à petit, parfois de façon invisible. Ce n’est pas juste une dispute ou une incompréhension passagère, c’est un climat global qui, au fil du temps, a fragilisé ou détruit le lien.

Il y a plusieurs façons d’être blessé dans la relation avec sa mère :

  • Le manque de reconnaissance : Quand une mère ne valide jamais les émotions de son enfant, qu’elle balaie ses ressentis d’un revers de main, cela crée un vide affectif immense. L’enfant grandit avec l’impression qu’il n’a pas le droit d’exister tel qu’il est. Il apprend à cacher ses émotions, à se conformer à ce qu’on attend de lui… et finit par se sentir complètement dévalorisé.
  • La comparaison et le rejet : Être toujours comparé à un frère, une sœur, ou à un idéal inatteignable, c’est grandir avec le sentiment de ne jamais être assez bien. Ce genre de traitement finit par créer une vraie blessure narcissique. L’enfant rejette alors la figure maternelle, qu’il voit comme la source de cette douleur constante.
  • La parentification : Certains enfants se retrouvent à jouer un rôle qui n’est pas le leur. Ils deviennent les confidents de leur mère, ceux qui l’écoutent, la rassurent, la soutiennent… alors que normalement, c’est l’inverse qui devrait se passer. Porter une charge émotionnelle d’adulte quand on est encore enfant, ça crée un profond ressentiment. On peut même en arriver à haïr sa mère pour cette place qu’elle nous a imposée.
  • La violence psychologique ou physique : Certaines mères sont blessantes, humiliantes, manipulatrices. Elles pratiquent le chantage affectif, imposent une autorité excessive, voire exercent une violence verbale ou physique. Dans ces cas-là, l’enfant ne peut plus voir sa mère comme une figure protectrice. Au contraire, il la perçoit comme une menace. Il n’est alors pas surprenant qu’en grandissant, il ressente du rejet, voire du dégoût pour elle.

Dans toutes ces situations, « ne pas aimer sa mère » n’est pas un choix, c’est une réaction de survie. L’inconscient met en place une distance émotionnelle pour éviter de souffrir encore et encore d’un amour déçu. Parce qu’aimer une mère qui ne remplit pas son rôle protecteur, c’est s’exposer à une blessure permanente. Alors parfois, couper le lien affectif devient une nécessité psychique.

La haine : une forme extrême de lien

On a tendance à penser que la haine est l’opposé de l’amour, mais en réalité, ce n’est pas si simple.

En psychanalyse, on sait que la haine est souvent le revers d’un attachement trop fort. Ce n’est pas le vide, c’est encore une façon d’être lié à l’autre, de réagir à sa présence.

  • Freud et l’ambivalence amour-haine
    Freud expliquait déjà en 1915 (Pulsions et destins des pulsions) que la haine vient souvent d’une relation trop fusionnelle, d’un lien dans lequel l’enfant n’a pas pu exister par lui-même. Il étouffe, il est envahi… et il finit par rejeter la personne qui l’empêche d’être lui-même. En gros, « Je dois te haïr pour pouvoir exister. »
  • Winnicott et le droit de haïr sa mère
    Donald Winnicott disait que pour bien grandir, un enfant doit pouvoir haïr sa mère sans que ça détruise la relation. Une mère suffisamment bonne, c’est celle qui accepte que son enfant ressente du rejet à certains moments, sans le culpabiliser. Il doit pouvoir dire « Je te déteste ! » sans que ça devienne un drame.

Mais toutes les mères ne permettent pas ça.

Dans certaines familles, exprimer sa colère contre sa mère, c’est interdit. Alors on ravale tout, on fait semblant, on refoule… jusqu’à ce que ça se transforme en un désamour total, un ressentiment durable, ou même une rupture définitive.

Quand couper le lien devient une nécessité

Dans certaines situations, il n’y a pas d’autre solution que de s’éloigner.

Quand la relation est trop toxique, trop douloureuse, il arrive que l’enfant – devenu adulte – choisisse de couper les ponts pour survivre émotionnellement.

Ce rejet peut prendre plusieurs formes :

  • Créer une distance émotionnelle : L’adulte reste en contact avec sa mère, mais sans réel attachement. Les conversations sont superficielles, les visites sont espacées, et il ne partage plus rien d’intime avec elle.
  • Prendre ses distances progressivement : Peu à peu, les appels deviennent plus rares, les échanges se réduisent, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus grand-chose à partager.
  • Couper totalement le contact : Pour certaines personnes, la seule façon de se reconstruire est de ne plus jamais revoir leur mère. C’est une rupture souvent difficile, mais qui permet de retrouver une forme de paix intérieure.

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête ou par vengeance. C’est un acte de survie psychique. Un moyen de se libérer d’une relation destructrice, de s’autoriser à exister sans être ramené en permanence à une souffrance passée.

Et si on arrêtait de sacraliser l’amour maternel ?

Dire « Je n’aime pas ma mère », ce n’est pas un crime, ni une provocation.

C’est une réalité qui existe, une réalité qu’on a trop longtemps voulu cacher sous des couches de culpabilité et d’injonctions sociales.

Loin des clichés de la mère parfaite et aimante, il est important de reconnaître que toutes les relations mère-enfant ne sont pas belles et harmonieuses. Certaines sont marquées par des absences, des conflits, des déséquilibres profonds.

La culpabilité du non-amour

Un tabou sociétal

Dire « Je n’aime pas ma mère », c’est un peu comme jeter un pavé dans la mare.

Ça ne se dit pas, ça ne se fait pas, et pourtant… combien de personnes le ressentent en secret ? L’idée que l’on puisse ne pas aimer celle qui nous a mis au monde reste un sujet tabou.

Et quand on ose en parler, on se prend souvent une pluie de réactions toutes faites :

  • « Mais c’est ta mère, tu lui dois bien ça ! »
  • « Tu n’existerais pas sans elle ! »
  • « Elle a fait ce qu’elle a pu… »

On sent bien, derrière ces phrases, une forme d’injonction : il faut aimer sa mère, quoi qu’il arrive. Peu importe si elle a été absente, intrusive, blessante, ou même toxique. Peu importe si on a grandi avec un poids énorme sur le cœur, avec cette sensation de ne jamais être compris ou aimé comme on en aurait eu besoin.

Et c’est là que la culpabilité s’installe. On se demande : « Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi je ne ressens pas cet amour censé être naturel ? » La société, la famille, l’entourage nous renvoient l’idée que le problème vient de nous, que c’est nous qui sommes ingrats, insensibles, voire cruels. Comme si l’amour maternel était un dû, quelque chose d'automatique.

La dette symbolique

En psychanalyse, on parle beaucoup de la dette filiale.

En gros, c’est l’idée qu’un enfant doit quelque chose à ses parents, simplement parce qu’ils lui ont donné la vie. Lacan, en reprenant Freud, insiste sur le nom-du-père, ce qui structure l’enfant symboliquement. Mais alors, qu’en est-il du nom-de-la-mère ?

La mère, par sa seule existence, inscrit son enfant dans une dette qu’il ne pourra jamais vraiment rembourser. Après tout, c’est elle qui l’a porté, nourri, mis au monde. On pourrait presque croire que ça crée une sorte de contrat implicite : « Je t’ai donné la vie, alors tu me dois amour et reconnaissance. »

Mais est-ce vraiment aussi simple ?

Parce que si l'on pousse la réflexion plus loin, on se rend compte que l’amour ne fonctionne pas sur un principe de dette. On n’aime pas quelqu’un parce qu’on lui doit quelque chose. L’amour ne se décrète pas, il se construit. Ou… il ne se construit pas.

Et c’est bien ça qui pose problème : si le lien maternel a été blessé, malmené, s’il n’a pas pu s’installer naturellement, alors pourquoi devrait-on forcer un amour qui n’a jamais eu de place pour grandir ?

Ne pas aimer sa mère, ce n’est pas un crime. Ce n’est pas une faute morale.

C’est parfois juste le reflet d’une histoire, d’un manque, d’un échec relationnel qui n’est pas toujours de notre fait.

Et peut-être que l’une des clés, serait d’arrêter de culpabiliser pour ce qu’on ne ressent pas, et d’accepter que l’amour, même maternel, ne va pas toujours de soi.

Peut-on se réconcilier avec cette absence d’amour ?

Sortir du déni et accepter la réalité

La première chose à faire, c’est de poser les mots sur ce qu’on ressent : « Je n’aime pas ma mère. »

Ça peut faire peur, ça peut sembler brutal, mais c’est une réalité intérieure qui mérite d’être reconnue. Et surtout, ça ne veut pas dire qu’on est une mauvaise personne.

Trop souvent, on essaye de se convaincre du contraire : « Si je fais un effort, ça ira mieux. » « C’est sûrement moi qui exagère. » « Je devrais être plus indulgent. » Mais à force de nier ce qu’on ressent, on s’épuise. Accepter son ressenti, ce n’est pas un acte de révolte, c’est une manière de s’alléger d’un poids.

L’amour ne se force pas. On ne peut pas s’obliger à ressentir quelque chose qui n’est pas là. Alors plutôt que de s’accrocher à une illusion, peut-être qu’il est temps d’accepter que la relation avec sa mère n’est pas celle qu’on aurait voulu… et que c’est comme ça.

Faire le deuil d’une mère idéale

Beaucoup de personnes en souffrance continuent d’espérer, même inconsciemment, que leur mère finira par changer.

Que, d’un coup, elle comprendra tout, qu’elle s’excusera, qu’elle deviendra celle qu’on attendait depuis toujours. Mais la réalité, c’est que bien souvent, ce moment ne viendra jamais.

Faire le deuil d’une mère idéale, ce n’est pas renoncer à toute relation. C’est comprendre que ce qu’on a reçu (ou pas reçu) fait partie de l’histoire, et qu’on ne peut pas réécrire le passé. C’est arrêter de quémander un amour qui ne viendra peut-être jamais sous la forme qu’on espérait.

C’est aussi une manière de se libérer. Parce que tant qu’on attend que l’autre change, on reste bloqué dans une position d’enfant, suspendu à une attente déçue. L’analyse peut aider à mettre des mots sur ce manque, à comprendre les blessures inconscientes qui en découlent, et surtout, à réinvestir autrement son besoin d’amour et de reconnaissance.

Créer une distance saine

Dans certains cas, la meilleure chose à faire, c’est de prendre du recul.

Pas forcément couper les ponts du jour au lendemain (même si pour certaines personnes, c’est nécessaire), mais au moins instaurer une distance émotionnelle.

Prendre de la distance, ce n’est pas un rejet pur et simple. Ce n’est pas non plus un acte de vengeance. C’est une manière de se protéger, d’éviter de retomber encore et encore dans les mêmes schémas douloureux.

Mettre des limites, c’est aussi une façon de se respecter soi-même. Ça peut vouloir dire :

  • Réduire la fréquence des échanges si chaque conversation est source de souffrance.
  • Se préserver émotionnellement en évitant les attentes irréalistes.
  • Accepter que la relation ne sera peut-être jamais fluide, et que c’est OK.

Parfois, prendre de la distance permet même d’améliorer la relation. Quand on n’attend plus désespérément quelque chose qui ne viendra pas, on peut interagir d’une manière plus apaisée.

Explorer d’autres formes de maternité

Si l’amour maternel nous a manqué, ça ne veut pas dire qu’on doit en être privé pour toujours.

Il existe d’autres formes de maternage, d’autres figures bienveillantes qui peuvent apporter ce sentiment de sécurité et d’affection qu’on n’a pas reçu de sa propre mère.

Une grand-mère, une tante, une marraine, une amie plus âgée, une psychothérapeute, voire même des liens tissés avec certaines communautés ou groupes de soutien… Il n’y a pas qu’une seule façon de vivre la maternité et l’attachement.

L’idée, ce n’est pas de chercher une mère de substitution à tout prix, mais d’accepter que l’amour et la tendresse peuvent venir d’ailleurs. Et que parfois, on peut trouver ailleurs ce que l’on n’a pas reçu dans sa propre famille.

En fin de compte, l’important, ce n’est pas de forcer un amour inexistant ou de rester prisonnier d’une culpabilité stérile. C’est d’apprendre à composer avec son histoire, à s’autoriser à ressentir ce qu’on ressent, et à se donner la possibilité de construire des liens plus nourrissants, ailleurs et autrement.

Dire « Je n’aime pas ma mère » ne signifie pas être un monstre.

C’est souvent le reflet d’une histoire complexe, marquée par des blessures, des déceptions et des attentes non comblées. La psychanalyse nous enseigne que reconnaître ces émotions permet de mieux se comprendre et, parfois, d’alléger ce fardeau.

Loin des injonctions sociales, il s’agit avant tout de retrouver une forme de liberté intérieure, en choisissant si l’on souhaite, ou non, reconstruire un lien, le transformer ou simplement l’accepter tel qu’il est.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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