"Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour se comprendre et s'aimer". Paul Géraldy
Rencontrer l’âme sœur aujourd’hui semble de plus en plus relever de la gageure.
Dans le cadre de ma pratique, je suis amenée à rencontrer bon nombre d’hommes et femmes en échec amoureux.
Nombre d’entre eux ont perdu tous repères quant à la façon de rencontrer et construire une relation durable. Tout va trop vite aujourd’hui.
On ne se croise même plus dans la rue, on marche en fixant le trottoir ou l’écran de son mobile… échanger un regard devient dangereux. Un simple sourire à un inconnu peut être interprété comme une invitation, du côté masculin, ou comme une agression sexuelle du côté féminin
Les nouvelles technologies pipent les dés. On se rencontre virtuellement via Meetic et Adopt…, on échange quelques mails, puis quelques SMS et si et lorsque enfin on décide de se rencontrer… Patatras ! C’est le début de la fin ! On se rencontre, on fait le point ensemble sur nos check-lists respectives ou on baise trop tôt et trop vite, on se largue après s’être essayé… où alors, on annonce à sa psy « j’ai rencontré quelqu’un !!! » en oubliant un détail minime… Il est à Marseille… Elle est à Versailles...
Je pourrais aussi bien titrer ce court texte « l’amour jetable » ou la « relation pseudo-amoureuse 3.0 ».
Si tu ne remplis pas tous les critères de ma check-list (yeux bleus, cheveux bruns, grand, élancé, musclé, intelligent, sportif (mais pas trop), drôle (mais pas vulgaire), etc… pfffft ! A dégager !
Quelle affaire cette rencontre amoureuse……….
Allez, à vous qui rencontrez quelques difficultés à rencontrer l’amour, le vrai, une petite lecture sympa qui vient de sortir :
« Les amoureux mesurent parfois leur chance en se repassant, avec émotion et une pointe d’effroi, le film de leur rencontre. Il aurait suffi d’un rien, un autre horaire de train, une place différente dans le wagon... et jamais peut-être leurs trajectoires ne se seraient croisées.
Pourtant, un regard un peu attentif nous révèle bientôt que leur rencontre ne tient pas seulement à un heureux hasard. Ces deux places côte à côte n’ont offert qu’une opportunité ; elle a osé engager la conversation, il a su accueillir l’inattendu, une femme qui n’était a priori pas son genre. Deux étrangers se sont ouverts à l’échange, et la rencontre a eu lieu.
Cet homme et cette femme embarqués dans ce TGV filant à 300 km/h auraient aussi bien pu ne jamais se trouver, deux trajectoires parallèles lancés à pleine vitesse ; elle est une cadre à la carrière rectiligne, lui un osteopathe avec une belle clientèle. Il aura suffi de la conjonction de quelques éléments déclencheurs pour les faire dévier et que la magie opère.
Peut-être a-t-elle perçu sa fébrilité ? Avant de monter dans le train, il a reçu un appel du psychiatre qui suit son fils, et il n’a pas cherché à dissimuler son anxiété quand sa voisine l’a interrogé. Il a tombé le masque. En retour, elle s’est livrée davantage auprès de cet inconnu qu’elle ne s’en serait crue capable. Ils ont parlé sans faux-semblants, sans jouer de rôle.
Cette rencontre qui semblait l’œuvre du hasard a donc été rendue possible par leurs attitudes. Il en va de même des rencontres amicales ou professionnelles : le hasard n’est que le point de départ, ce n’est pas lui qui préside à nos destinées ; il se provoque. »
Charles Pépin « La rencontre, une philosophie » Allary Éditions.