Petit guide du changement en 3 règles (François Roustang)
19/6/2021

Petit guide du changement en 3 règles (François Roustang)

Notre relation à nous-mêmes, aux autres et à notre environnement change souvent de manière inversement proportionnelle à notre désir de changement.

Le changement serait considéré alors non pas comme un objectif à atteindre avec effort, mais plutôt comme un résultat naturel de notre compréhension et de notre acceptation de l'état actuel des choses.

Je vous propose, avec ces 3 règles et explications, d'embrasser les malaises, les difficultés et même les souffrances comme des points de départ pour tout changement significatif, une perspective où le lâcher-prise et l'acceptation deviennent des outils puissants pour une transformation profonde et authentique.

Règle 1 : le changement de la relation à soi, aux autres et à l'environnement est en proportion inverse de la volonté de changement

Démonstration

Le changement est un mouvement qui va d’un état à un autre.

Il est donc impossible d’accéder au second si l’on n’est pas d’abord passé par le premier.

Mais cette opération ne va pas de soi car il n’est pas naturel à l’être humain d’être pleinement là où il est. Donc POUR COMMENCER à CHANGER, il lui faudra d’abord s’assurer qu’il a investi le point de départ.

Il ne doit donc pas se soucier de changer. CQFD !

Explications

1. Il s’agit en effet de prendre la situation telle qu’elle est dans tous ses registres et toutes ses dimensions.

Donc, endosser le malaise, la difficulté, la souffrance, le symptôme.

Il s’agit de prendre sa place, toute sa place, telle qu’elle est imposée par l’histoire, par les autres, par les circonstances et ne rien vouloir en modifier. Le but de l’opération est de retourner le signe du rapport à la situation : au lieu de la passivité, l’activité.

2. Et pour être sûr d’avoir adopté la situation, la penser comme durable et même sans fin, c’est-à-dire vérifier l’indifférence au résultat du processus de changement.

Se mettre en égale balance à l’égard des contraires qui pourraient advenir, à savoir l’efficacité ou l’inefficacité de la cure (psychanalytique). Cette indifférence a pour but de faire cesser toute crispation dans la recherche du but, car cette crispation inhibe l’énergie qui sera nécessaire au changement éventuel. Se libérer de la volonté et du désir de changer ouvre à la légèreté de la force.

3. Pour être sûr de l’indifférence au résultat, se préparer à ce que, grâce à la cure, la mauvaise situation actuelle s’aggrave. Ceci a pour but de prévenir les réactions négatives au changement. Il n’y a pas, en effet, de modification des habitudes de penser, de sentir ou d’agir sans quelque dommage, sans perte des avantages du statu quo.

Quelque mort est toujours l’accompagnatrice de la vie.

Un changement ne pourra donc être accompli, si vive reste la peur des inconvénients et des peines inhérentes. L’impossibilité de changer vient de la peur de devoir bouleverser trop de choses dans l’existence.

Règle II : Pour modifier la relation à soi, aux autres et à l'environnement, il faut s'en retirer

La force de la modification sera proportionnelle à l'ampleur et à l'intensité du retrait...

Démonstration

La raison du malaise, de la souffrance ou du symptôme est la mauvaise qualité de la relation à soi, aux autres et à l'environnement.

Pour modifier cette qualité, il est nécessaire de refondre correctement cette relation.

Mais refondre cette relation suppose que l'on fasse retour à l'origine de toute relation et que cette origine soit donnée en tant que telle.

Ce qui postule l'arrêt de toute effectuation de la relation, c'est-à-dire le retrait du sans-relation. CQFD !

Etapes du processus

  1. Se couper de toutes les afférences (ce qui se rattache à) sensorielles, affectives, intellectuelles. Ceci est obtenu par l'induction (hypnotique) qui crée un état de confusion de telle sorte que la personne ne peut plus percevoir, se souvenir ou utiliser ses apprentissages antérieurs.
  2. Les capacités de perception, de mémoire et d'apprentissage sont alors réduites à l'état de capacité en tant que capacité, parce que ne s'accomplit aucune effectuation (processus par lequel une chose est menée à sa réalisation) de ces capacités dans la relation à soi, aux autres et à l'environnement. Les capacités sont tenues en suspens. Mais ce suspens n'est pas à interpréter comme un vide intérieur. L'impression de vide naît d'un trop-plein ou d'une complexité tels que rien de particulier n'y est choisi.
  3. Les capacités ainsi libérées de toute effectuation relationnelle deviennent actives pour elles-mêmes, à l'instar de ce qui se passe dans le sommeil paradoxal, et peuvent jouer entre elles selon la modalité du possible, c'est-à-dire qu'elles peuvent communiquer entre elles, se réassocier de multiples façons et produire une réorganisation de tout le système de perception, de mémoire et d'apprentissage.
  4. Cette potentialité généralisée met la personne sous tension, lui permet de se régénérer et lui fait atteindre un degré maximum de puissance qui est pour l'heure sans détermination.

Corollaire

Le retrait qui, pour une personne, conditionne le changement n'est possible que par le retrait d'une autre personne. En d'autres termes le retrait du patient est toujours une réponse au retrait préalable du thérapeute. Le retrait est un privilège de l'être humain, mais il faut que ce privilège soit manifeste chez un autre pour que la possibilité en soit offerte.

De même que l'humanité précède toujours chaque humain à sa naissance et l'invite à y prendre place, de même la négligence de toute détermination, qui caractérise le retrait, ne saurait être effectuée si personne n'en indiquait le chemin.

Règle III - Le retrait est un suspens des capacités personnelles et il est égal à l'attente de la modification

Démonstration

Le retrait a libéré les capacités de toute effectuation pour les reconduire à l'état de possible. Le mouvement de retrait doit être compris maintenant non comme un retour en arrière, mais comme une négligence provisoire qui prépare une nouvelle relation.

C'est en ce sens qu'il devient suspens.

En effet, puisque les capacités sont capacités de relation à soi, aux autres et à l'environnement, cet état de potentialité est potentialité de réalisation effective.

Le renouvellement des capacité effectué grâce au retrait est donc déjà en puissance un mode de penser, de sentir et d'agir autrement cette relation.

En d'autres termes, la concentration, autre nom du retrait, est déjà l'expansion possible. Les capacités dans le suspens sont tendues vers le changement à réaliser. Le retrait comme suspens est devenu l'attention à ce qui pourrait advenir, soit l'attente d'une relation modifiée. CQFD !

Corollaire 1

Il ne peut être question de s'attarder à cette expérience du retrait, comme si elle allait nous livrer la quintessence de l'humain ou de son origine. Elle n'a de sens et d'intérêt que reconduite à sa fin, c'est-à-dire à la modification de l'existence.

Cette règle est donc superflue en tant qu'elle ne fait qu'expliciter le contenu du retrait. Mais elle n'est pas superflue, car il arrive que le retrait soit gouté pour lui-même et que sa répétition soit recherchée en vue d'une prétendue entrée dans l'au-delà de l'humain.

Corollaire 2

L'attente de ce qui n'est pas encore advenu ne serait pas supportable sans la proximité de l'attente du thérapeute. Une remarque semblable a été faite dans le corollaire de la règle II.

La situation est ici quelque peu différente.

Devant être maintenue pendant une certaine durée en direction d'un espace indéterminé, l'attente est très souvent génératrice d'angoisse.

C'est dans la tranquillité de cette attente au cours de laquelle il ne peut rien dire ni rien faire à la place du patient, que le psychothérapeute, le psychanalyste ou le psychologue lui rendra l'attente possible.

François Roustang, La fin de la plainte, Ed. O. Jacob, Paris 2000

Le Cabinet PsyCoach à Versailles, localisé près du Chesnay, propose une approche de psychothérapie intégrative qui s'inspire, entre autres, des enseignements de François Roustang. Ce cabinet se spécialise dans l'utilisation combinée de la psychanalyse et de l'hypnose pour aider les individus à affronter et surmonter leurs difficultés psychologiques. En adoptant cette méthode, le cabinet vise à encourager ses patients à parvenir à une meilleure compréhension d'eux-mêmes et à initier des changements significatifs et positifs dans leur vie.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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