Vous avez pris la décision de commencer une psychanalyse, et c’est déjà un grand pas. Ce chemin vers une meilleure compréhension de vous-même peut parfois sembler mystérieux, avec ses règles, ses concepts, et ses exigences. Parmi elles, il y a la régularité des séances. Peut-être vous demandez-vous pourquoi cette régularité est si importante. Après tout, pourquoi ne pas espacer ou annuler une séance de temps en temps, si besoin ? Cela semble anodin, et pourtant, c’est un élément fondamental du travail analytique.
La régularité, c’est bien plus qu’une question d’organisation. Elle constitue une clé essentielle pour avancer, car elle permet d’explorer vos mécanismes de défense, de dépasser les résistances qui se manifestent, et de maintenir un cadre stable où l’inconscient peut s’exprimer librement. Entrons ensemble dans les raisons qui font de cette continuité un pilier incontournable de la psychanalyse.
Ils sont des processus inconscients que notre psychisme utilise pour nous protéger de ce qui est perçu comme trop difficile ou angoissant. Freud (1926) les décrivait comme des « stratégies » déployées par l’ego face aux conflits internes.
Ces défenses, bien qu’utiles dans certaines situations, peuvent aussi nous empêcher d’accéder à des aspects importants de notre psychisme. La psychanalyse vise à les rendre conscientes pour que nous puissions mieux comprendre leur origine et leur rôle.
Pourquoi ? Parce que ces défenses ont été construites pour vous protéger. Lorsque la continuité est rompue, votre psychisme peut percevoir cela comme une forme d’insécurité et réactiver ces protections.
Chaque séance de psychanalyse s’inscrit dans un processus. Les découvertes que vous faites reposent sur les précédentes. Si vos séances sont espacées, il est fréquent de devoir "recommencer", car vos défenses se seront reformées entre-temps.
Le transfert est ce phénomène où vous projetez sur votre analyste des émotions ou des conflits liés à votre passé (Freud, 1912). Lorsque les séances deviennent irrégulières, ce transfert peut être fragmenté. Vous pourriez ressentir des oscillations entre l’idéalisation et l’hostilité envers votre analyste, sans que ces sentiments puissent être analysés en profondeur.
Freud (1914) la définissait comme une force qui s’oppose à la progression de l’analyse, souvent par peur d’affronter des vérités inconfortables. Cette résistance peut prendre plusieurs formes :
Lorsque vous êtes irrégulier dans vos rendez-vous, vous offrez à ces résistances une opportunité de se renforcer. C’est pourquoi il est important de respecter une régularité, même lorsque vous ressentez l’envie de faire une pause. Paradoxalement, ces moments où vous souhaitez "fuir" peuvent être les plus riches en découvertes.
Vous pourriez ressentir une envie soudaine d’annuler plusieurs séances au moment où un sujet douloureux commence à émerger. Derrière ce comportement se cache souvent une résistance inconsciente, un mécanisme qui vise à éviter la confrontation avec des émotions complexes.
La régularité des séances vous offre un cadre stable et sécurisé, qui est essentiel pour que le travail analytique puisse se dérouler efficacement.
La psychanalyse repose sur un cadre structuré. Winnicott (1960) a décrit cet espace comme un "holding environment", un lieu psychique où vous pouvez déposer vos angoisses en toute confiance. En maintenant une régularité, vous savez que cet espace vous attend, semaine après semaine, pour vous permettre d’explorer librement vos pensées et émotions.
Votre inconscient ne se manifeste pas sur commande. Les rêves, les lapsus, et les associations libres surgissent souvent de manière imprévisible. Avec des séances régulières, ces manifestations deviennent plus fréquentes et plus riches, car vous êtes immergé dans le processus.
Chaque séance est une étape. La régularité permet de maintenir un fil conducteur, d’approfondir les thèmes abordés, et de progresser sans être freiné par des interruptions.
Ces comportements ne sont pas anodins : ils sont souvent le reflet de conflits inconscients. Par exemple, espacer vos séances peut exprimer une peur de la dépendance, une crainte de perdre le contrôle, ou encore un transfert négatif envers votre analyste.
Un analysant peut justifier son irrégularité par des contraintes extérieures, mais en creusant, il pourrait découvrir qu’il reproduit un schéma d’évitement qu’il a développé face à des figures d’autorité dans son enfance.
Des études montrent que les patients qui maintiennent une régularité dans leur analyse rapportent des bénéfices significatifs, souvent encore perceptibles plusieurs années après la fin de la thérapie (Leuzinger-Bohleber et al., 2003).
C’est un acte d’engagement envers vous-même, une décision consciente de vous offrir un espace où explorer et transformer vos conflits internes.
Comme le disait Freud (1914), « L’analyse demande patience et continuité, car c’est à travers cette constance que l’inconscient peut véritablement se révéler. » En maintenant une régularité, même lorsque cela semble difficile, vous vous donnez les moyens d’accéder à une meilleure compréhension de vous-même et à des changements durables.