Quels sont les bénéfices cachés du triangle dramatique de Karpman ?
3/11/2024

Quels sont les bénéfices cachés du triangle dramatique de Karpman ?

Le triangle dramatique de Karpman est une dynamique relationnelle complexe où chacun joue un rôle – Sauveur, Victime ou Persécuteur. Malgré ses effets toxiques, nombreux sont ceux qui s’y attachent, trouvant une forme de réconfort ou de validation personnelle. Qu’est-ce qui nous pousse à endosser ces rôles répétitifs ? Découverte des bénéfices cachés derrière ce paradoxe. Un paradoxe intrigant qui révèle des besoins émotionnels profonds.

Le triangle dramatique de Karpman est connu pour être une dynamique relationnelle toxique.

Pourtant, nombre d’entre nous y trouvent une forme de réconfort – un peu paradoxal, non ? Pourquoi donc s’accrocher à des rôles de Sauveur, de Victime ou de Persécuteur, alors que l’on sait pertinemment que ces rôles nous enferment dans des schémas répétitifs ? Cet article explore les bénéfices cachés de chacun de ces rôles et tente de comprendre ce que chacun y gagne, même si le prix à payer est élevé. Après tout, si nous y restons, c’est qu’il doit bien y avoir quelque chose à y gagner.

Pourquoi le rôle de Sauveur est-il si valorisant ?

Le rôle de sauveur pourrait sembler être l’incarnation même de l’altruisme et de la bienveillance.

Cependant ce qui pourrait passer pour de la générosité peut parfois cacher d’autres motivations plus subtiles. Le Sauveur, en apportant une aide constante, se sent indispensable, ce qui nourrit un besoin d’importance personnelle. Il tire satisfaction de la dépendance des autres à son égard. En fait, cette posture permet au Sauveur de se rassurer sur sa valeur personnelle, car, sans cette mission de « secourir », il se sentirait souvent perdu.

D’un point de vue social, le Sauveur est aussi perçu de manière positive : il est celui qui « se dévoue », qui « donne sans compter ». Cela lui confère un statut valorisant, voire moralement supérieur, à celui qui aide. Ce besoin de reconnaissance sociale est souvent ce qui pousse le Sauveur à persister dans ce rôle, car il y trouve un sentiment d’accomplissement personnel. Au fond, le Sauveur est peut-être aussi celui qui craint l’abandon ; en aidant les autres, il assure en quelque sorte sa place dans leur vie.

Qu’est-ce que la Victime gagne vraiment dans cette dynamique ?

La Victime, pour beaucoup, semble être la plus passive et la moins « gagnante » dans le triangle.

Pourtant, ce rôle offre lui aussi des bénéfices cachés. En se positionnant comme victime, cette personne attire la sympathie et la compassion, ce qui lui procure un sentiment de validation et de réconfort. La Victime sait qu’elle peut compter sur le Sauveur pour venir à son secours, ce qui lui permet de se décharger de toute responsabilité et de s’affirmer dans une position de dépendance.

Ce rôle de Victime lui offre également une excuse pour éviter de prendre des décisions ou de se confronter à ses propres capacités. En se disant impuissante, elle se libère de la pression de devoir agir ou de prendre des risques. D’un point de vue émotionnel, elle trouve donc dans cette position un refuge, une sorte de justification de ses échecs ou de ses difficultés. Ce rôle permet aussi d’éviter la confrontation avec ses propres peurs et faiblesses, car, après tout, en tant que Victime, ce n’est jamais vraiment de sa faute.

En quoi le rôle de Persécuteur est-il si gratifiant ?

Le Persécuteur semble être celui qui en tire le plus de pouvoir, et d’une certaine manière, c’est vrai.

En critiquant et en dominant, le Persécuteur impose sa vision des choses, prenant le contrôle de la relation.

Ce rôle lui permet de se sentir supérieur, et, paradoxalement, de dissimuler ses propres insécurités. En gardant les autres à distance grâce à la critique ou la réprimande, il évite de se montrer vulnérable ou de reconnaître ses propres faiblesses.

Le Persécuteur bénéficie d’un sentiment de maîtrise, de sécurité émotionnelle, car il contrôle non seulement la situation, mais aussi la réaction des autres.

Cette posture lui procure également une forme de satisfaction en affirmant son autorité. Cependant, ce besoin de contrôle est souvent une manière d’éviter d’affronter ses propres fragilités. En maintenant une certaine rigidité, le Persécuteur se protège de la peur d’être rejeté ou mis de côté. Son agressivité ou sa froideur n’est donc pas seulement une démonstration de puissance, mais aussi un masque pour des insécurités bien plus profondes.

Pourquoi chacun continue-t-il de jouer son rôle malgré la toxicité de cette dynamique ?

Si le triangle dramatique est si difficile à quitter, c’est précisément parce que chacun y trouve une forme de confort émotionnel.

Ces rôles nous permettent d’éviter de confronter certaines peurs : le Sauveur évite l’abandon, la Victime évite la responsabilité, et le Persécuteur évite la vulnérabilité.

En d’autres termes, chacun des participants y trouve un équilibre, même si celui-ci est malsain. Cette dynamique permet également de maintenir une illusion de stabilité : chacun sait ce qu’il doit faire, et chacun connaît son rôle.

Ces bénéfices secondaires (inconscients) renforcent l’attachement au triangle, car il nous donne une structure émotionnelle dans laquelle nous savons comment réagir. La toxicité de ces rôles est souvent masquée par le confort que l’on en retire, et ce n’est que lorsque le malaise devient insupportable que l’on commence à envisager de s’en libérer. Mais même là, l’idée d’abandonner ce confort relationnel peut être terrifiante, car elle nous renvoie à nos propres insécurités et à l’inconnu.

Comment reconnaître les bénéfices cachés de son rôle dans le triangle ?

Prendre conscience de ce que l’on retire réellement de ces rôles est un premier pas vers le changement.

Mais cette reconnaissance n’est pas simple, car elle implique d’admettre que l’on tire un profit – même malsain – de ces dynamiques relationnelles.

Cela nécessite une introspection honnête et, souvent, un certain recul pour analyser ses comportements. Le Sauveur doit se demander pourquoi il a besoin de se sentir indispensable, la Victime pourquoi elle préfère l’impuissance à la responsabilité, et le Persécuteur pourquoi il tient tant à maintenir son autorité.

En comprenant ces bénéfices cachés, chacun peut commencer à questionner la pertinence de ce rôle dans sa vie.

Il s’agit d’un exercice d’auto-observation, qui permet de repérer les moments où l’on retombe dans ces schémas. Mais ce n’est qu’en acceptant ces motivations inconscientes que l’on peut réellement envisager de se libérer du triangle. Car, en fin de compte, tant que l’on continue de croire que ce rôle est « nécessaire » pour maintenir son équilibre, il est difficile de s’en défaire.

Le triangle dramatique, un confort toxique mais rassurant

En définitive, les rôles du triangle dramatique offrent une forme de confort, un ancrage émotionnel dans lequel chacun trouve ses repères.

Ces rôles, bien que toxiques, comblent des besoins émotionnels souvent inconscients et masquent des insécurités profondes. Le Sauveur y trouve sa raison d’être, la Victime une justification, et le Persécuteur une affirmation de pouvoir. Mais à quel prix ?

Ces bénéfices cachés, bien qu’ils offrent un sentiment de stabilité, enferment chacun dans une routine relationnelle qui limite les véritables connexions humaines. Comme le disait Karpman, « Le triangle dramatique est une illusion de sécurité, un jeu où l’on croit gagner sans jamais sortir indemne. »

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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