Quand la distance devient insupportable : pourquoi l’éloignement peut-il tant nous angoisser ? L’anxiété de séparation est souvent associée, presque automatiquement, aux tout-petits. On visualise facilement un enfant en larmes devant la porte de l’école ou refusant de quitter les bras de ses parents à l’heure du coucher. Pourtant, ce phénomène dépasse largement l’enfance. Beaucoup d’adolescents, d’adultes et même de personnes âgées vivent encore dans l’ombre de cette peur, souvent sans en connaître le nom. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Ce n’est pas juste un petit stress passager. L’anxiété de séparation cache une souffrance profonde : celle de ne pas pouvoir envisager, sans détresse, l’éloignement d’un proche, la séparation d’un lieu sécurisant ou la perte d’un repère affectif. Pour certains, il suffit d’une simple nuit seul(e), d’un voyage à venir, ou même de l’idée d’être éloigné temporairement, pour que l’angoisse surgisse, parfois violente et paralysante. Et ce trouble est bien plus courant qu’on ne l’imagine. Adulte, adolescent, enfant, nous sommes nombreux à en souffrir sans forcément mettre de mots sur ce qui nous entrave. Pourtant, comprendre cette angoisse est le premier pas vers la liberté. Dans cet article, nous allons explorer en profondeur ce qu’est l’anxiété de séparation, ses manifestations chez l’enfant et l’adulte, ses causes, ses conséquences et surtout, les pistes concrètes pour s’en libérer.
Ce n’est pas seulement « avoir du mal à se séparer », c’est vivre la séparation comme une menace : celle d’être abandonné, perdu, ou même anéanti intérieurement.
Beaucoup l’imaginent exclusivement liée à l’enfance, mais elle concerne en réalité tous les âges de la vie. Cette anxiété peut apparaître ou ressurgir à différentes étapes clés, sous des formes variées, parfois discrètes, parfois envahissantes.
Concrètement, elle se manifeste lorsque la seule idée d’être loin d’un être cher, d’un lieu ou d’un repère habituel déclenche une angoisse disproportionnée.
👉 Ce qui caractérise l’anxiété de séparation, c’est qu’elle est excessive par rapport à l’âge et au contexte. Elle empêche de vivre sereinement les situations normales de séparation, au point de freiner le développement personnel, l’autonomie et la qualité des relations affectives.
Peu de gens mettent ce mot-là sur leurs difficultés. On parle plus volontiers de stress, de jalousie, de dépendance affective ou de simple « besoin d’être rassuré ». Pourtant, l’enjeu est bien le même : supporter la séparation.
Loin d’être anodine, cette peur peut provoquer de véritables blocages dans la vie quotidienne : éviter un voyage, refuser un poste, annuler des projets ou se priver de relations plus autonomes et équilibrées.
L’angoisse de séparation n’est pas seulement psychologique. Le corps s’en mêle souvent :
Parfois, on ne la repère qu’en observant les symptômes physiques ou les petites habitudes d’évitement installées sans qu’on s’en rende compte.
Ces signes doivent alerter, d’autant plus quand ils deviennent fréquents ou qu’ils impactent durablement la vie quotidienne.
Cela s’appelle la peur de l’étranger ou la peur de la séparation et c’est même une preuve que l’enfant a développé un lien affectif stable. C’est ce lien qui l’aide à se sentir protégé et en sécurité.
Elles s’estompent en général à mesure que l’enfant découvre qu’une séparation n’est pas un abandon, et qu'il apprend peu à peu à tolérer l'absence sans panique.
Voici quelques signaux d’alerte :
Dans ces cas-là, l’angoisse envahit la vie quotidienne de l’enfant, mais aussi celle de la famille. Certains parents se sentent impuissants, d’autres culpabilisent ou surprotègent encore davantage, ce qui, sans le vouloir, renforce souvent le problème.
Chaque matin avant l’école, elle se plaint de maux de ventre et pleure dès que sa mère mentionne l’idée d’une sortie scolaire ou d’une nuit chez sa meilleure amie. En classe, elle reste collée à l’enseignante, se montre inquiète toute la journée et demande souvent à appeler ses parents. Sa maman avoue organiser ses journées pour éviter à tout prix de devoir laisser Élise seule ou à la garde d’un tiers.
Parfois, l’enfant exprime à travers cette anxiété des émotions non formulées ou des peurs plus profondes qu’il ne sait pas mettre en mots.
Dans ces cas, elle prend parfois des formes plus discrètes, plus socialement acceptables, mais tout aussi invalidantes.
L’adolescence est une période charnière où l’autonomie devient un enjeu majeur :
Mais pour certains, ces situations sont vécues comme de véritables défis émotionnels. Derrière des prétextes parfois banalisés (« Je n’ai pas envie », « Je suis fatigué(e) », « Je préfère rester »), se cachent souvent une angoisse sourde à l’idée de quitter le cocon familial.
💬 Exemple :
Lucas, 15 ans, refuse systématiquement les propositions de voyage scolaire. Sa mère remarque qu’il semble paniqué à l’approche d’un simple week-end chez son père (divorcé). Pourtant, Lucas est sociable et souriant. Mais dès qu’il s’agit de s’éloigner de sa maison ou de ses repères, il somatise : migraines, insomnies, crises d’angoisse.
Peu d’adultes diront spontanément « J’ai peur de la séparation », mais bien plus souvent :
En réalité, ces réactions sont bien souvent les restes d’une angoisse de séparation mal élaborée.
Parfois, cette angoisse s’exprime sous forme de jalousie excessive, de fusion dans le couple, d’une hyper-disponibilité envers les proches, ou au contraire d’un évitement rigide de toute relation affective intense (mécanisme de protection inconscient).
💬 Exemple :
Sophie, 32 ans, refuse toutes les opportunités de mobilité professionnelle. Malgré un désir d’évolution, elle décline chaque proposition, expliquant qu’elle ne veut pas « laisser sa famille ». En thérapie, elle découvre que derrière cette justification se cache une angoisse irrationnelle : celle d’être abandonnée, comme elle l’a vécue petite lors d’une séparation brutale d’avec sa mère hospitalisée.
Pourtant, elle agit comme une cage intérieure. Elle empêche de saisir les opportunités d’autonomie, elle nourrit la peur du vide quand l’autre est absent et fragilise les relations affectives en créant des dynamiques de contrôle ou de fusion.
👉 Selon certaines études, l’anxiété de séparation persistante concernerait jusqu’à 7% des adultes, parfois sans qu’ils en aient conscience.
👉 Chez les adolescents, ce chiffre grimpe à près de 10% dans certains contextes, souvent sous la forme de refus scolaire anxieux ou de phobie sociale.
Loin d’être un simple caprice ou une peur passagère, l’anxiété de séparation peut s’installer durablement à l’adolescence et à l’âge adulte, parfois sous des formes insidieuses. La reconnaître, c’est déjà commencer à l’apprivoiser.
Dès les premiers mois de vie, l’enfant construit un lien privilégié avec ses figures parentales. Si ces relations sont stables, sécurisantes et suffisamment constantes, l’enfant développe ce que John Bowlby (1969) appelle un attachement sécurisé, qui lui permettra plus tard de tolérer les séparations sans panique.
L’enfant ne sait pas s’il peut compter sur l’autre en cas de besoin. De là naît la peur profonde de l’éloignement, qui, parfois, ne disparaît pas à l’âge adulte.
📖 « Le besoin de sécurité est primaire, aussi puissant que les besoins biologiques. Un enfant qui n’a pas confiance en la disponibilité de ses figures d’attachement vivra chaque séparation comme un drame. » — John Bowlby, Attachment and Loss (1969)
💬 Exemple :
Mila, 28 ans, éprouve de grandes difficultés à laisser son compagnon partir en déplacement. Elle réalise en thérapie que, petite, sa mère devait régulièrement s’absenter sans jamais la prévenir clairement. Chaque départ était une déchirure, vécue sans explication ni réassurance.
La perte d’un parent, un divorce conflictuel, un déménagement brutal, une hospitalisation, ou encore une maladie grave sont autant d’expériences susceptibles de semer la peur de l’abandon.
Si ces événements sont vécus sans accompagnement émotionnel adapté, l’enfant ou l’adulte en garde parfois une angoisse profonde, souvent difficile à verbaliser.
📖 « Le traumatisme est un excès qui déborde les capacités d’élaboration du psychisme. Ce qui ne peut être symbolisé reste agi ou somatisé. » — René Roussillon, Le travail du négatif (1991)
💬 Exemple :
Amine, 17 ans, refuse catégoriquement toute sortie scolaire ou voyage sans ses parents. En creusant, il évoque le décès brutal de son père deux ans plus tôt, vécu sans pouvoir mettre de mots sur la douleur et la peur.
Certains parents anxieux, surprotecteurs ou fusionnels induisent chez l’enfant l’idée que l’éloignement est dangereux, voire insurmontable.
C’est ce que Bowlby évoquait déjà sous le terme de transmission intergénérationnelle de l’attachement : les parents reproduisent, parfois inconsciemment, les modes d’attachement qu’eux-mêmes ont connus.
« Ce qui n’a pas été symbolisé dans une génération revient sous forme d’angoisse ou de symptômes dans la suivante. »
💬 Exemple :
Julie, 35 ans, découvre en thérapie que sa mère avait, elle aussi, été élevée dans une relation de dépendance très forte à sa propre mère. Aujourd’hui, Julie n’ose pas partir en week-end sans son conjoint, de peur de « lui manquer » ou qu’il lui arrive quelque chose.
Ces événements peuvent provoquer un effet d’après-coup, rendant soudain insupportable une situation de séparation jusque-là bien tolérée.
📖 « Le présent réveille le passé enfoui. Toute perte actuelle est susceptible d’activer le souvenir inconscient d’une perte ancienne non symbolisée. » — René Kaës, Les alliances inconscientes (2007)
Elles mêlent histoire d’attachement, événements traumatiques et transmission familiale. En prendre conscience, c’est déjà amorcer un processus de transformation. Ce trouble n’est pas une fatalité, mais souvent l’empreinte d’une histoire affective douloureuse à réélaborer.
Ses effets sont souvent sous-estimés, car l’angoisse agit parfois de manière discrète, en créant des évitemments, des blocages, des renoncements qui finissent par s'accumuler.
Chez l’adulte, le même mécanisme agit sous d'autres formes :
💬 Exemple :
Marc, 40 ans, refuse depuis des années une promotion impliquant des déplacements. Sa conjointe le décrit comme anxieux dès qu’elle-même évoque un voyage ou une sortie prolongée.
📖 « Certains adultes renoncent à leur désir, non par choix, mais parce que l’angoisse de séparation est telle qu’elle les contraint à l’immobilité. » — René Kaës, Les alliances inconscientes (2007)
Petit à petit, la personne rétrécit son monde autour de quelques figures rassurantes, au prix d’un isolement qui alimente encore davantage l’angoisse.
💬 Exemple :
Léa, 22 ans, refuse d’intégrer une colocation étudiante. Elle préfère vivre chez ses parents, même si cela l’empêche de profiter pleinement de la vie universitaire.
📖 « Se séparer, c’est pouvoir s’autoriser à rencontrer l’autre sans se perdre ni perdre l’autre. Sans cette capacité, la vie sociale se réduit. » — Didier Anzieu, Le Moi-peau (1985)
L’absence d’une élaboration psychique de l’angoisse pousse parfois le corps à la mettre en scène.
📖 « Lorsque l’affect ne peut être représenté, il est directement somatisé. » — Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse (1926)
Mais cette tentative d’annuler la séparation crée souvent de la tension dans la relation. L’autre se sent contrôlé, étouffé ou instrumentalisé.
💬 Exemple :
Claire, 34 ans, annule toutes ses activités personnelles depuis qu’elle est en couple. Son partenaire ressent une pression constante, ce qui fragilise la relation et alimente paradoxalement sa peur de l’abandon.
📖 « Le lien d’attachement devient aliénant lorsqu’il vise à abolir toute séparation. L’angoisse de séparation n’est alors jamais dépassée, elle est seulement évitée. » — Alberto Eiguer, La haine de soi et de l’autre (2008)
L’anxiété de séparation n’est pas un petit inconfort à supporter. Elle peut altérer la qualité de vie, appauvrir les relations, freiner l’épanouissement, et affecter la santé psychique et physique. Son impact est souvent silencieux, mais réel. C’est aussi pourquoi de nombreuses personnes consultent pour des difficultés apparemment anodines (manque de confiance, dépendance affective, stress chronique) sans identifier immédiatement cette racine.
Il n’existe pas une seule manière d’aborder ce trouble, mais plusieurs approches, chacune offrant des outils spécifiques selon l’histoire de la personne et son mode d’expression de l’angoisse.
Les TCC proposent également des techniques de gestion du stress (relaxation, respiration, pleine conscience).
📖 « On ne peut pas empêcher les vagues, mais on peut apprendre à surfer. » — Jon Kabat-Zinn
💬 Exemple :
En quelques mois, Léa, 16 ans, apprend à tolérer peu à peu les nuits sans ses parents, en s’entraînant avec son thérapeute à « s’exposer » progressivement à ces situations.
L’angoisse de séparation étant souvent liée à des expériences précoces, la psychanalyse et la psychodynamique permettent d’en comprendre le sens, de mettre en lumière les identifications, les fantasmes d’abandon, et les pactes inconscients liés à l’histoire familiale.
📖 « Toute angoisse de séparation est angoisse de perte de l’objet primaire, mais aussi de perte de soi. » — Didier Anzieu, Le Moi-peau
💬 Exemple :
Marc réalise que son refus de promotion est lié à la peur inconsciente de rejouer, adulte, la séparation brutale vécue enfant lorsque son père a quitté la maison.
Elle permet de travailler la peur de l’éloignement, d’adoucir les traces traumatiques liées à la séparation et de renforcer l’ancrage interne.
En hypnose, on peut :
📖 « Ce n’est pas tant ce que vous vivez qui vous affecte, mais la manière dont vous le vivez. » — Milton Erickson
Cette méthode permet de retraiter les souvenirs douloureux, souvent à l’origine de l’angoisse actuelle.
Grâce aux mouvements oculaires bilatéraux ou à d’autres stimulations, le patient peut réduire l’intensité émotionnelle attachée aux souvenirs traumatiques.
💬 Exemple :
Amine, après quelques séances d’EMDR, constate que la mémoire douloureuse du décès brutal de son père s’apaise. Il parvient à se projeter dans des voyages scolaires sans panique.
La thérapie stratégique va chercher à provoquer des changements concrets et rapides dans les comportements problématiques, souvent avec des tâches paradoxales.
📖 « Ce n’est pas le problème qui pose problème, c’est la manière dont on essaie de le résoudre. » — Paul Watzlawick
Dans les cas où l’anxiété est directement alimentée par le système familial (parents fusionnels, anxieux, séparations conflictuelles…), la thérapie familiale permet d’ouvrir la parole et de désamorcer les loyautés inconscientes.
Parents et enfants peuvent ainsi, ensemble, comprendre comment les peurs circulent, se renforcent ou s’amplifient. Cette approche est souvent recommandée chez les enfants et adolescents souffrant d’angoisse de séparation.
💬 Exemple :
La famille de Lucas découvre en thérapie que le divorce parental a créé un pacte implicite : Lucas se refuse à partir en voyage pour ne pas « abandonner » sa mère, elle-même très inquiète.
Certaines personnes trouvent également un soutien précieux dans :
📖 « Grandir, c’est apprendre à se séparer sans perdre le lien, à aimer sans se confondre. » — Alberto Eiguer, La haine de soi et de l’autre
L’anxiété de séparation n’est pas toujours évitable, mais il est possible de limiter sa gravité, voire de la prévenir, notamment en intervenant tôt, dans les premières relations d’attachement et dans la manière dont l’individu va apprendre à gérer les séparations tout au long de sa vie.
L’essentiel est de permettre à l’enfant d’intégrer qu’il peut se séparer sans perdre. Cela suppose :
📖 « L’attachement sécure se construit non pas en évitant la séparation, mais en l’apprivoisant. » — Donald W. Winnicott, Jeu et réalité (1971)
Des rituels simples peuvent aider :
Ces petits gestes permettent à l’enfant d’internaliser la présence de l’autre, même en son absence.
Les parents peuvent aider en :
📖 « La tâche de l’adolescent est de devenir l’auteur de sa propre vie sans trahir son héritage. » — Philippe Jeammet, Adolescence et psychopathologie (1991)
Or, plus tôt elle est repérée, plus elle est accessible au changement. Prendre au sérieux :
La consultation d’un thérapeute peut être précieuse, même avant que la souffrance ne devienne envahissante.
📖 « La sécurité ne vient pas de l’absence de séparation, mais de la capacité d’en élaborer le sens. » — David Le Breton, Éclats de voix (1999)
Prévenir l’anxiété de séparation, ce n’est pas empêcher l’enfant ou l’adulte d’avoir peur de se séparer, c’est lui permettre de traverser cette peur, de l’élaborer et d’en faire un levier de maturité affective. Et cela, à tout âge.
Respirer lentement, utiliser des techniques de relaxation ou de cohérence cardiaque peut aider à apaiser le corps. S’appuyer sur un objet rassurant, un proche ou un souvenir sécurisant est également efficace. Évitez d’amplifier l’angoisse par des scénarios catastrophiques. En thérapie (TCC, hypnose, EMDR), on apprend à désamorcer ces crises et à restaurer un sentiment de sécurité. Avec l’entraînement, ces épisodes peuvent diminuer significativement.
Elle se distingue des autres troubles anxieux par sa focalisation sur la peur de l’éloignement et la crainte de l’abandon. Elle peut toucher aussi bien les enfants, les adolescents que les adultes. L’angoisse provoque des évitements, des symptômes physiques et des comportements de dépendance. Sa reconnaissance clinique est importante pour orienter vers une prise en charge adaptée.
Lorsqu’elle devient pathologique, elle peut se maintenir ou s’aggraver à l’adolescence ou à l’âge adulte. Sans prise en charge, elle peut persister plusieurs années. Grâce aux thérapies adaptées (TCC, thérapie psychodynamique, hypnose, EMDR, thérapie familiale), il est possible d’en réduire significativement la durée et l’impact, parfois en quelques mois à un ou deux ans.
C’est ce qu’on appelle l’effet d’après-coup. Une ancienne peur de l’abandon non résolue peut alors refaire surface. Cette anxiété peut aussi rester latente pendant des années, masquée par des stratégies d’évitement ou de compensation. La thérapie aide à en comprendre les causes profondes et à restaurer la capacité à vivre la séparation sans être submergé par l’angoisse.
Les deux peuvent être liées, mais sont distinctes. L’anxiété de séparation est centrée sur la crainte de la distance, tandis que la dépendance repose sur un besoin excessif de fusion. En thérapie, il est essentiel de distinguer ces deux dynamiques pour restaurer une autonomie affective saine.
Des parents anxieux, surprotecteurs ou fusionnels peuvent, souvent inconsciemment, transmettre à l’enfant l’idée que la séparation est dangereuse. On parle alors de transmission intergénérationnelle de l’insécurité. Heureusement, cette transmission n’est jamais irréversible. Un accompagnement thérapeutique permet d’en prendre conscience et de construire un lien sécurisé, rompant avec le modèle parental.
Certaines personnes aménagent leur quotidien pour éviter l’éloignement, au prix de sacrifices personnels. D’autres vivent dans une angoisse constante, cherchant sans cesse la réassurance de leurs proches. La prise en charge permet de transformer ce vécu. Grâce à la thérapie (TCC, psychanalyse, EMDR, hypnose, thérapie familiale), il est possible d’apprendre à tolérer les séparations sans renoncer aux liens affectifs.
L’enfant ne redoute pas forcément l’école en elle-même, mais la séparation d’avec ses parents ou son lieu de sécurité. La peur de ne pas supporter la distance déclenche parfois des symptômes physiques (maux de ventre, crises de panique) et conduit à l’évitement. Travailler sur la capacité à se séparer et sur l’attachement permet souvent de lever progressivement ces blocages.
L’hypersensibilité désigne une sensibilité accentuée aux émotions et aux stimuli, tandis que l’anxiété de séparation est liée à la peur d’abandon. L’hypersensible ressent souvent plus intensément la détresse de séparation, ce qui peut aggraver l’angoisse. Toutefois, toutes les personnes hypersensibles ne souffrent pas d’anxiété de séparation. La thérapie permet de différencier ces deux aspects et d’aider la personne à mieux gérer ses émotions et ses attachements.
La perte du lien provoque un sentiment de vide et peut déclencher une détresse similaire à celle vécue lors des séparations précoces. Il est essentiel de reconnaître cette anxiété, de ne pas l’ignorer et de chercher à l’élaborer. La psychothérapie permet d’explorer ce que la rupture réactive d’ancien, souvent en lien avec l’histoire d’attachement. Progressivement, la personne peut retrouver une sécurité interne indépendante du lien perdu.