Souffrez-vous de politico-anxiété ?

En cette période électorale tendue, avec les législatives qui battent leur plein en France, l'anxiété politique atteint des sommets. L'incertitude sur les résultats, les débats enflammés et les enjeux pour l'avenir du pays pèsent lourdement sur les esprits. La politico-anxiété, autrefois un phénomène marginal, semble aujourd'hui omniprésente. Qui aurait cru que suivre les actualités et voter pourrait devenir un sport extrême pour notre santé mentale ? En France, où les débats politiques sont souvent plus passionnés qu’un match de foot, l’anxiété politique a trouvé un terreau fertile.

Explorons donc ce fascinant sujet, en égratignant légèrement nos chers politiciens et médias au passage.

Pourquoi la politique actuelle en France est-elle si anxiogène ?

L'instabilité politique et les crises successives semblent être des ingrédients parfaits pour un cocktail d'anxiété.

La gestion de la pandémie de COVID-19 en est un exemple frappant, ajoutant une couche supplémentaire de stress à nos vies déjà bien chargées. On pourrait croire que les dirigeants ont pris des cours intensifs de "Comment multiplier le stress en dix leçons".

Les médias, quant à eux, rivalisent d'ingéniosité pour amplifier ce sentiment. Entre les chaînes d'information en continu et les réseaux sociaux, chaque alerte info est une nouvelle dose d'adrénaline pour nos nerfs déjà à vif. Il paraît qu'il est possible de suivre l'actualité sans sombrer dans la dépression, mais c’est un talent rare.

Et que dire des discours politiques ? Les débats sur l'immigration, la sécurité ou l'économie sont menés de manière à nous convaincre que l'apocalypse est imminente. Certains politiciens semblent avoir compris que

la peur est un excellent outil de persuasion.

On se demande presque s'ils ont suivi des cours de marketing de la terreur.

Enfin, les périodes électorales sont le sommet de cette montagne russe émotionnelle. Les récentes élections présidentielles et législatives en France ont été des moments de pur bonheur anxiogène. Entre les campagnes électorales où chaque candidat se présente comme le dernier rempart contre la catastrophe, et les résultats incertains jusqu'au bout, difficile de garder son calme.

Qu'est-ce que la politico-anxiété exactement ?‍

La politico-anxiété est une forme d'anxiété spécifique liée aux événements politiques, aux décisions gouvernementales, et aux débats publics. Elle se manifeste par une inquiétude excessive, des troubles du sommeil, des problèmes de concentration, et des sautes d'humeur.

Pourquoi la politique actuelle en France est-elle si anxiogène ?‍

La politique en France est souvent marquée par des crises récurrentes, des débats polarisés, et une couverture médiatique intense. La gestion de la pandémie de COVID-19, par exemple, a intensifié les préoccupations des citoyens.

Mais ce qui inquiète encore plus, c'est la montée en puissance des extrêmes. L'idée que des partis extrémistes pourraient bien arriver au pouvoir suscite une profonde inquiétude. Les discours alarmistes des partis politiques, quel quel que soit leur bord, ainsi que ceux de leurs opposants, ne font qu'amplifier les sentiments d'incertitude et de peur. La perspective d'un changement radical dans la politique française, avec des conséquences potentiellement lourdes sur les droits et libertés, crée un climat d'anxiété généralisée.

Les médias contribuent-ils à l'augmentation de l'anxiété politique ?‍

Clairement oui, les médias jouent un rôle significatif dans l'amplification de l'anxiété politique.

L'information en continu, les alertes fréquentes, et la couverture souvent sensationnaliste des événements politiques peuvent créer un environnement de stress constant pour les consommateurs de nouvelles.

Les périodes électorales sont-elles particulièrement stressantes ?‍

Absolument. Les périodes électorales, comme les récentes élections présidentielles et législatives en France, sont des moments de stress accru. Les campagnes électorales intenses, les enjeux élevés, et l'incertitude des résultats contribuent à une atmosphère de tension et d'anxiété.

Quels sont les symptômes de la politico-anxiété ?

Comment savoir si je souffre de politico-anxiété ?

‍Si vous constatez que vous avez des troubles du sommeil après avoir suivi les actualités, des difficultés à vous concentrer au travail à cause des nouvelles politiques, ou des sautes d'humeur lorsque le sujet de la politique est abordé, il est possible que vous souffriez de politico-anxiété.

Éviter les discussions politiques peut également être un signe.

Les troubles du sommeil sont parmi les premières manifestations. Qui a besoin de moutons quand on peut compter les gaffes des politiciens ? Les nuits d'insomnie deviennent courantes, ponctuées de rêves agités où l’on débat avec des figures politiques imaginaires. Se réveiller en sueur après avoir "sauvé" la France d’une crise fictive est devenu un rituel nocturne pour beaucoup.

Les problèmes de concentration au travail sont également fréquents.

Essayer de se concentrer alors que les actualités défilent en arrière-plan est une mission quasi impossible. Chaque nouvelle alerte est une piqûre de rappel que tout peut s'effondrer d'un instant à l'autre. Merci BFM TV pour ces interruptions constantes qui transforment une journée de travail en marathon de stress.

Certains adoptent des comportements évitants, fuyant toute discussion politique comme la peste. Parler de météo devient l’ultime refuge contre l’anxiété politique. "Il fait beau aujourd’hui, n’est-ce pas ? Et sinon, vous avez voté pour qui ? Oups, désolé !"

Les sautes d'humeur sont une autre manifestation de cette anxiété.

L’anxiété politique peut transformer la personne la plus sereine en un volcan en éruption. Les discussions familiales deviennent des champs de bataille, où chaque désaccord sur la politique peut dégénérer en conflit digne des meilleures tragédies grecques. On en viendrait presque à regretter les réunions de famille où le plus grand débat portait sur la cuisson de la dinde.

Proposez-leur du pain, du vin et des jeux (Olympiques) pour les distraire des enjeux sociétaux et écologiques ?

En période de turbulence politique, rien de tel que de détourner l’attention avec des divertissements.

Les jeux Olympiques de Paris 2024, par exemple, promettent d’être une distraction bienvenue (pour le gouvernement ?). Offrir du pain, du vin et des spectacles sportifs peut sembler une stratégie archaïque, mais elle reste diablement efficace. Pendant que les citoyens se passionnent pour les performances sportives et les célébrations, les enjeux sociétaux et écologiques peuvent momentanément passer au second plan.

Cette expression, panem et circenses, selon sa locution latine utilisée dans la Rome antique, traduisait la volonté d’une classe dirigeante de s’attirer la bienveillance de l’opinion populaire à travers des distributions gratuites de pain et l’organisation de spectacles de cirque.

Par son usage répété, elle révéla une volonté délibérée du pouvoir politique d’occuper l’esprit de la population à autre chose qu’aux enjeux plus exigeants de la participation à la vie de l’empire. L’engouement populaire se contentant de se nourrir de ces besoins primaires, doublé de politiques dirigeant seuls la « démocratie romaine », la décadence pointa doucement à l’horizon...

Dans notre contexte moderne, la recette reste la même.

Les grands événements sportifs et les festivals culturels servent de soupape de sécurité, canalisant les énergies et les frustrations vers des activités moins conflictuelles que les débats politiques. Pendant ce temps, les décisions importantes concernant l’économie, l’environnement et les réformes sociales peuvent être prises en coulisses, à l’abri du regard public.

Le film "Don't Look Up" comme métaphore de notre époque ?

Le film "Don't Look Up" est une parfaite métaphore de la situation actuelle.

Dans ce film, la menace imminente d’une comète s'écrasant sur la Terre est ignorée par les dirigeants et les médias, trop occupés à distraire le public avec des futilités. Cela rappelle étrangement comment les questions comme le changement climatique ou les inégalités sociales sont parfois reléguées au second plan par des débats stériles ou des distractions médiatiques.

Les 90 ans de l'armée de l'air. Des Rafales au-dessus des Yvelines

Les 90 ans de l'armée de l'Air et les vols répétés de Rafales au-dessus des Yvelines en cette fin juin début juillet, en sont un parfait exemple.

Rien de tel que des démonstrations militaires pour rappeler la puissance et la présence de l'État. Plutôt que de s’attaquer aux problèmes quotidiens des citoyens, il semble plus important de faire vrombir les avions de chasse (polluants) dans le ciel, plusieurs fois par jours et plusieurs jours de suite.

Est-ce une manière de détourner l'attention ou simplement une démonstration de force inutile ? Une façon un peu étrange de qualifier un intérêt de l'Etat pour l'Ecologie ? Quoi qu’il en soit, cette situation contribue à l’anxiété générale, ajoutant une dimension sonore aux préoccupations déjà bien trop nombreuses des habitants. Le cynisme des dirigeants face aux crises réelles est dépeint avec une ironie mordante, résonnant fortement avec notre réalité.

Est-ce la situation qui nous fait souffrir ou bien le regard que nous portons sur la situation ?

Quand on se retrouve confronté à une situation politique qui semble grave, comme la montée des extrêmes au pouvoir, il est naturel de ressentir de l’anxiété. L’incertitude sur ce que l’avenir nous réserve peut en effet susciter de fortes inquiétudes. Ceci étant dit, cela nous invite à nous interroger sur la nature de cette souffrance : provient-elle des événements eux-mêmes ou du regard que nous portons sur eux ?

Les faits et les événements, bien que préoccupants, sont souvent neutres dans leur essence.

C’est notre interprétation de ces événements, façonnée par nos croyances et nos émotions, qui peut les transformer en sources de stress. Une montée des extrêmes au pouvoir, par exemple, peut générer des peurs légitimes concernant les droits et les libertés, mais la manière dont nous percevons et réagissons à ces peurs peut amplifier notre anxiété.

Adopter une perspective philosophique nous pousse à examiner non seulement les événements, mais aussi notre réaction à ceux-ci.

Cette approche ne signifie pas minimiser la gravité de la situation, mais plutôt comprendre que notre perception joue un rôle capital. Prendre du recul, contextualiser les événements dans une vue d'ensemble plus large, et essayer de voir les choses sous différents angles peuvent offrir un certain apaisement.

En fin de compte, cette réflexion nous rappelle que, bien que nous ne puissions pas toujours contrôler les événements extérieurs, nous avons une certaine maîtrise sur notre réponse émotionnelle à ceux-ci. En modifiant notre manière de percevoir et d’interpréter les situations politiques, nous pouvons peut-être alléger le fardeau de l’anxiété, même dans des temps incertains.

En fin de compte

La politico-anxiété est devenue une réalité incontournable dans notre société moderne.

Entre les crises, les médias, les discours politiques alarmistes et les périodes électorales stressantes, il est difficile d’échapper à cette forme d’anxiété. Peut-être qu’un jour, nous trouverons un moyen de suivre la politique sans perdre la tête. En attendant, il ne nous reste plus qu'à espérer que nos dirigeants et médias nous réservent quelques moments de répit. Après tout, un peu de calme ne ferait de mal à personne, n’est-ce pas ?