Qu'est-ce que le brown-out ?
9/4/2025

Brown-out : quand l’âme se débranche du travail

‍Il arrive que le corps tienne bon, que le mental ne flanche pas, et pourtant… quelque chose s’éteint. Ce n’est ni la chute brutale du burnout, ni la lente agonie de l’ennui du bore-out. C’est une déconnexion plus sourde, plus insidieuse : le brown-out, ou quand le travail perd son sens, et que l’on ne sait plus pourquoi on continue. Un phénomène moderne, révélateur d’une crise bien plus profonde qu’un simple désengagement professionnel : une crise de la subjectivité.

L'absurde au travail... Quand le sens vacille, tout vacille

Le terme « brown-out » provient de l’électricité : il désigne une chute de tension volontaire pour éviter la surchauffe du système.

Dans le champ du travail, il illustre un effondrement silencieux, non pas des compétences ni de l’énergie, mais de la signification de l’acte de travailler.

Quand le travail devient absurde, il est temps de repenser sa trajectoire avec un coaching professionnel à Versailles.

Ce n’est pas une panne de carburant, c’est l’évacuation progressive de la raison d’être, de la finalité du geste. « À quoi bon ? » devient la question lancinante. Pourquoi remplir ces tableaux Excel ? Pourquoi animer ces réunions ? Pourquoi vendre ce produit, défendre cette stratégie, répéter les mêmes mots creux ? Le brown-out s’installe souvent dans les silences entre les mails, dans les sourires polis des visioconférences, dans cette sensation de flotter à côté de sa propre vie.

Le désengagement des plus investis

Paradoxalement, les personnes touchées par le brown-out sont souvent celles qui étaient les plus impliquées.

Cadres, managers, dirigeants, profils à haute responsabilité… Ce sont des individus consciencieux, compétents, loyaux, qui ne craquent pas soudainement, mais qui, à un moment, cessent d’y croire.

Ils n’ont pas nécessairement de projet de reconversion, pas toujours une issue définie. Mais rester devient impossible, car continuer à avancer sans cap, c’est trahir quelque chose de fondamental en soi.

La perte de sens comme symptôme subjectif

Du point de vue psychanalytique, le brown-out n’est pas un simple épuisement.

C’est un effondrement de la fonction symbolique du travail, c’est-à-dire de sa capacité à inscrire le sujet dans un récit, une transmission, un désir.

Le travail n’est plus vecteur de reconnaissance, ni lieu de sublimation, ni terrain d’expression du désir. Il devient une machine absurde, un simulacre d’activité.

Freud affirmait que la vie humaine s’organise autour de deux piliers : l’amour et le travail (liebe und arbeit).

Le brown-out nous rappelle brutalement que lorsque l’un des deux perd son sens, la structure subjective vacille. La libido investie dans l’acte de travailler se retire, se détourne. Ce désinvestissement n’est pas anodin : il signe une crise existentielle, une forme contemporaine de souffrance psychique que les entreprises peinent encore à penser.

Un refus du faux-self

Winnicott parlait du faux-self comme d’un masque social, un moi de façade, adapté aux exigences de l’environnement mais déconnecté de la spontanéité authentique du sujet.

Le brown-out peut être lu comme une révolte contre ce faux-self professionnel, construit à force d’obligations, d’injonctions à la performance, de langage managérial déshumanisant.

L’individu, apparemment bien intégré, finit par dépérir intérieurement. Non pas parce qu’il est faible, mais parce que quelque chose en lui refuse de collaborer au mensonge. Le symptôme alors n’est pas un signe de défaillance, mais une tentative de vérité : la preuve que le sujet ne veut plus tricher avec lui-même.

Une forme contemporaine d’acting-out ?

Dans certains cas, le brown-out prend la forme d’un passage à l’acte professionnel : démission sans plan, reconversion brutale, changement de vie radical.

C’est un cri silencieux qui dit : « je ne peux plus continuer ainsi ».

On pourrait y lire une forme d’acting-out, au sens psychanalytique : un acte lancé dans le réel, souvent sans médiation, pour tenter de faire parler un malaise qui ne trouve pas d’inscription symbolique.

Ce geste peut être salvateur ou périlleux. Il libère, mais il isole aussi. Car le brown-out ne se comprend pas encore bien socialement : comment expliquer qu’on quitte un bon poste, une carrière enviée, simplement parce qu’on n’en peut plus de l’absurde ?

Coaching professionnel à Versailles

Une lucidité douloureuse

Ceux qui vivent un brown-out ne sont pas des paresseux, ni des capricieux.

Ce sont souvent des êtres lucides, qui voient à quel point le monde du travail s’est vidé de sa substance. Le cynisme des organisations, la perte de contact avec la réalité humaine du terrain, la réduction des individus à des KPI, à des « ressources » malléables… tout cela produit une forme de violence douce, une aliénation feutrée.

Dans ce contexte, le désengagement peut apparaître comme un acte de résistance, une reconquête de soi. Mais cette lucidité a un coût : elle isole, elle déstabilise, elle oblige à se réinventer dans un monde qui valorise l’adaptation bien plus que la pensée critique.

Repenser le lien entre travail et désir

Le brown-out pose une question essentielle à notre modernité : peut-on encore désirer son travail ?

Pas simplement l’aimer ou le supporter, mais y investir du sens, du jeu, du désir ? Si le travail devient pure gestion, pure conformité, il échappe au désir, et le sujet s’éteint à petit feu.

Il ne s’agit pas de demander à l’entreprise de réparer les âmes. Mais de reconnaître que le travail est un lieu psychique, un espace où se rejouent des scènes inconscientes, des conflits de loyauté, des quêtes de reconnaissance. Ignorer cette dimension, c’est créer les conditions d’un brown-out généralisé.

Sortir du brown-out : par où commencer ?

La sortie du brown-out ne passe pas uniquement par un changement de métier.

Elle nécessite un travail de subjectivation, une reprise du dialogue avec soi-même : qu’est-ce qui a cessé de faire sens ?, qu’est-ce qui m’anime vraiment ?, quelle est ma part dans cette déconnexion ?

L’accompagnement psychothérapeutique, notamment dans un cadre analytique ou existentiel, peut offrir un espace pour remettre du langage là où le sens s’est effondré. Il ne s’agit pas de « motiver » à nouveau, mais de permettre une réappropriation du désir, une réinscription dans un récit plus vaste que celui de la productivité.

Le brown-out n’est pas une panne. C’est un signal. Un appel à retrouver une cohérence entre ce que l’on fait, ce que l’on dit… et ce que l’on est. Il nous oblige à repenser le travail, non comme simple gagne-pain, mais comme espace d’inscription symbolique, de lien, de création. Et peut-être, à repenser la société dans son ensemble, si nous voulons que nos vies professionnelles soient autre chose que des simulacres de présence.

Le brown-out n’est pas une fatalité : un coaching professionnel sur mesure peut vous aider à vous reconnecter à vos aspirations profondes.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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