Vous avez l’impression d’avoir toujours tort ? Peut-être êtes-vous face à une entourloupette…Vous vous sentez coincé dans une relation où quoi que vous disiez ou fassiez, vous êtes toujours fautif ? Vous avez l'impression d'être dans le brouillard, de marcher sur des œufs, et malgré tous vos efforts, vous êtes toujours le problème ? Il est possible que vous soyez confronté à une entourloupette. Un terme un peu étrange, mais qui décrit parfaitement une manipulation redoutable : celle où le pervers vous tend un piège déguisé en logique, en gentillesse ou en amour. Décodons ensemble ce piège invisible qui peut empoisonner les relations, qu’elles soient amoureuses, familiales ou professionnelles.
Une entourloupette relationnelle, c’est une situation où l’on vous fait croire que vous êtes libre, mais en réalité, chaque choix que vous faites est déjà piégé.
Vous pensez pouvoir agir selon vos besoins, vos envies, votre bon sens… mais tout est déjà encadré par une logique invisible, construite pour que vous soyez toujours fautif. C’est un jeu truqué, où l’autre a déjà défini les règles sans vous les dire. Et quelles que soient vos décisions, elles seront retournées contre vous.
Ce qui rend cette manipulation si perverse, c’est qu’elle se cache derrière des discours bienveillants, logiques, généreux en apparence. Le ou la manipulatrice se présente souvent comme celui ou celle qui vous laisse toute la liberté. Mais cette liberté est piégée.
Exemples concrets :
Ces phrases semblent anodines, parfois même empathiques. Mais elles ne sont pas là pour vous libérer. Elles sont là pour vous piéger dans une culpabilité insidieuse.
Il ne s’agit pas d’une maladresse ou d’une mauvaise formulation. Dans une entourloupette, le discours est structuré pour faire vaciller l’autre. C’est une stratégie où vous vous retrouvez à croire que le problème vient de vous, alors que tout est mis en scène pour vous déstabiliser et vous faire douter de vous-même.
Le message caché, c’est souvent :
« Tu es libre… mais si tu fais ce que tu veux, tu seras punissable, responsable ou rejeté. »
C’est une inversion perverse : le discours masque une injonction, une menace ou un reproche. Le ton est doux, mais le fond est toxique. Et c’est ce décalage entre les apparences et la réalité qui rend le piège aussi difficile à débusquer.
La personne manipulatrice ne crie pas, ne vous insulte pas toujours frontalement. Au contraire, elle peut se montrer charmante, attentionnée, pleine de sollicitude. Elle joue sur les apparences pour masquer sa véritable intention : vous contrôler tout en se présentant comme irréprochable.
On vous dit : « C’est toi qui comptes. Je veux ton bonheur. »
Et pourtant, vous vous sentez enfermé(e), sous pression, coupable.
Ce décalage est le cœur même de la manipulation : le discours est positif, mais son effet est destructeur.
Par exemple, on vous dit :
« Tu fais ce que tu veux, je ne suis personne pour t’empêcher de vivre ta vie. »
Mais en réalité, vous sentez bien qu’en faisant ce que vous voulez, vous serez puni(e) émotionnellement : silence, reproches indirects, retrait affectif…
Ce flou est voulu. Il empêche la confrontation. Il vous oblige à chercher des explications, à douter de votre perception, à croire que c’est peut-être vous qui exagérez.
Et plus vous doutez, plus le pervers gagne du terrain. Il vous place dans un brouillard mental, où vous n’arrivez plus à distinguer le vrai du faux, vos émotions des injonctions extérieures.
Mais c’est précisément ce que l’entourloupette exploite : votre tendance à donner le bénéfice du doute, votre espoir que la relation peut changer, que la personne peut comprendre.
Ce que ces situations ont en commun, c’est la même mécanique : une promesse de liberté, un masque de bienveillance, et une culpabilité insidieuse si vous n’allez pas dans le sens attendu.
« Tu peux sortir ce soir, bien sûr. J’attendrai juste de voir si tu privilégies ta soirée ou notre couple. »
➡️ Sous-entendu : si tu sors, tu choisis contre moi.
Ce genre de discours ne vous empêche pas directement d’agir, mais vous oblige à choisir entre votre liberté et la validation de l’autre. Vous êtes sommé(e) de prouver votre amour en sacrifiant ce qui vous fait du bien.
« Tu fais ta vie, c’est très bien… Mais c’est dur d’avoir un enfant qui nous oublie. »
➡️ Sous-entendu : tu n’es pas un “bon” fils ou une “bonne” fille si tu vis pour toi.
Autre variante :
« J’ai toujours été là pour toi. Je ne comprends pas pourquoi tu refuses de m’aider aujourd’hui. »
➡️ Sous-entendu : tu es ingrat(e) si tu ne sacrifies pas ton confort pour moi.
« Je n’ai pas envie de te forcer… mais tu sais que ça me rendrait service. »
« Je te donne la liberté de gérer le projet comme tu veux. Juste, j’espère que tu ne vas pas le foirer comme la dernière fois. »
➡️ Là encore, on vous laisse croire que vous avez le choix, mais le cadre est piégé d’avance. Et la faute est déjà prête à vous être reprochée, quel que soit le résultat.
« Tu fais ce que tu veux. Mais ne viens pas pleurer quand tu t’apercevras que j’avais raison. »
« Si tu étais vraiment mon ami(e), tu ne me laisserais pas tomber comme ça. »
➡️ L’amitié devient alors un contrat implicite, conditionné par la soumission à des attentes floues, jamais dites clairement, mais régulièrement reprochées.
Le manipulateur ne vous crie pas dessus, il ne vous agresse pas frontalement. Il se présente souvent comme bienveillant, patient, victime même.
Et pourtant, quelque chose cloche. Un malaise s’installe. Vous vous sentez épuisé(e), confus(e), en faute, tout le temps.
Voici quelques signaux d’alerte :
Vous avez l’impression de devoir tout peser, tout anticiper, pour ne pas blesser, décevoir ou "gâcher" quelque chose.
C’est le cœur de l’entourloupette : vous culpabiliser, tout en ayant l’air de ne rien vous imposer.
Chaque phrase semble porter un double fond, et vous vous demandez sans cesse : « Que va-t-il/elle me reprocher derrière ? »
Le climat relationnel devient tendu, flou, piégé, même quand il n’y a pas de conflit apparent.
Vous avez du mal à faire confiance à ce que vous percevez, à vos intuitions. Votre boussole interne est brouillée.
Et parfois, vous vous surprenez à penser que c’est peut-être vous le problème.
Mais à chaque fois, votre parole est retournée contre vous, ou interprétée de travers.
L’entourloupette ne cherche pas à dialoguer. Elle vous pousse à vous embourber dans vos justifications, pendant que l’autre garde le contrôle du récit.
➡️ Vos ressentis sont délégitimés. Vous finissez par vous taire, par vous effacer, pour éviter les reproches.
Et si vous osez poser des limites ? Vous devenez soudain la personne froide, méchante, égoïste.
Si vous reconnaissez plusieurs de ces signes, il y a de fortes chances que vous soyez dans une relation toxique, gouvernée par une logique d’entourloupette.
L’étape suivante, c’est comprendre pourquoi cette stratégie fonctionne si bien… et comment vous en libérer.
La réponse est simple et redoutable : parce que l’entourloupette s’appuie sur vos forces, pas sur vos faiblesses.
Le pervers – ou la personne qui agit selon cette logique – repère très bien cela. Il ou elle sait que vous êtes capable de vous remettre en question, que vous vous sentez responsable du bien-être de la relation, et que vous allez tout faire pour que ça fonctionne.
C’est ce qui permet à l’entourloupette de fonctionner. Car vous prenez en charge le flou, les contradictions, les sous-entendus, à la place de celui ou celle qui les produit.
Vous vous dites :
Mais il ne s’agit pas d’un malentendu. C’est un système. Et ce système est conçu pour vous faire tourner en rond, vous épuiser, vous faire douter de vous, tout en donnant à l’autre le beau rôle.
Le piège, c’est de croire que vous pouvez “raisonner” la personne, alors qu’elle sait exactement ce qu’elle fait : vous maintenir dans une position d’instabilité émotionnelle.
« Tu es dur(e), je ne te reconnais plus. »« Toi qui dis que tu es dans le dialogue, tu ne m’écoutes même pas. »« Tu me rejettes, alors que j’ai toujours été là. »
Et là, vous hésitez. Vous reculez. Vous vous excusez. Le piège se referme.
C’est ce que certains appellent le “brouillard mental”. Et ce brouillard, c’est le terrain idéal pour l’entourloupette : vous êtes désorienté(e), donc plus facile à manipuler.
Mais il est possible de briser le cercle, étape par étape. Voici comment.
Comprendre que ce n’est pas une maladresse de l’autre, ni un simple malentendu, mais une stratégie relationnelle toxique, parfois inconsciente, mais destructrice.
Nommer l’entourloupette, c’est reprendre votre lucidité. Et quand vous voyez le piège, vous pouvez choisir de ne plus y entrer.
Apprenez à répondre par des phrases simples, fermes, sans justification inutile :
Alors reconnectez-vous à votre boussole intérieure :
Répondez en toute honnêteté. Et faites de vos réponses des appuis.
« Je ne suis pas à l’aise avec cette manière de me parler. »
« Si tu veux qu’on discute, ce sera sans sous-entendus. »
« Ce genre de remarque n’est pas acceptable pour moi. »
Et si l’autre ne supporte pas vos limites ? Ce n’est pas que vous êtes injuste. C’est que la relation reposait sur votre soumission. Et poser une limite, c’est refuser de vous oublier pour préserver un lien toxique.
Ce ne sont pas des fuites, ce sont des actes de préservation. Et parfois, c’est le seul moyen de reprendre des forces pour agir autrement.
Mais la réalité est souvent plus complexe. Peut-être s’agit-il de votre conjoint, d’un parent âgé, du père ou de la mère de vos enfants, d’un collègue incontournable… Et partir n’est pas une option immédiate.
Vous n’avez pas le pouvoir de transformer quelqu’un qui s’accroche à ses jeux de manipulation.
Et vouloir convaincre, faire comprendre, attendrir… vous épuise pour rien.
Dès lors que vous cessez d’espérer une transformation, vous recommencez à exister pour vous-même.
Cela ne fera pas disparaître le comportement toxique. Mais cela brise sa mécanique.
Se créer une "zone témoin", c’est garder un espace sain où le lien toxique ne dicte pas la réalité.
Pas pour pathologiser votre vécu, mais pour reconstruire vos repères internes, retrouver votre centre, et réapprendre à poser vos propres choix.
Vous n’êtes pas obligé(e) de tout casser pour reprendre votre liberté.
Parfois, c’est dans les petits changements de posture, les mini-limites posées, les silences choisis, que commence la reconquête de soi.
L’entourloupette du pervers n’est pas un simple malentendu. C’est une forme de manipulation subtile, ravageuse, qui peut vous faire douter de vous-même, saboter vos relations, épuiser votre estime personnelle.
Mais vous avez en vous les ressources pour reconnaître ce piège, vous en libérer, reprendre votre place.
Parce que vous avez le droit d’être entendu, respecté, et de vivre des relations saines.