Tout à l’heure, j’étais à la recherche d’une nouvelle idée d’article… En panne d’inspiration, je me retourne vers mon jeune et talentueux confrère Jérémy (vous le trouverez à la même adresse que moi, dans le bureau à côté) qui est praticien en médecine chinoise, glorieux hypnothérapeute et acupuncteur, au cas où il aurait des idées. Ni une ni deux, je reçois une réponse quasi immédiate « tu n’as qu’à traiter celui-ci », me dit-il. Et je reçois cet article paru dans le journal Sud Ouest : Faire l’amour ou regarder une série ? Qui parle d’une étude menée par l’IFOP à la demande de la société suédoise de sexe toys Lelo, et raconte que 76 % des Français ont eu un rapport sexuel au cours des derniers mois : une statistique qui marque un recul sans précédent depuis une quinzaine d’années. En clair, le taux d’activité sexuelle tombe à un niveau plus faible qu’en 1970 (82 % de Français avaient eu un rapport sexuel dans l’année). 50% des moins de 35 ans préfèreraient même regarder une série !
La séduction des écrans : une exploration psychanalytique de la récession sexuelle
La récente étude de l’IFOP, soulignant une baisse notable de l’activité sexuelle chez les Français, en particulier parmi les jeunes, ouvre un fascinant champ d’analyse à travers le prisme de la psychanalyse. Cette “récession sexuelle”, marquée par une préférence croissante pour les séries télévisées, les jeux vidéo, et les réseaux sociaux sur les interactions intimes, invite à une introspection profonde sur les dynamiques psychologiques contemporaines.
Il semblerait que la nouvelle vague érotique du XXIe siècle ne réside plus dans la chaleur d'une étreinte mais dans le frisson que procure la réception d'une notification. S’il m’en prenait l’envie, je pourrais presque imaginer Freud se retournant dans sa tombe, non pas de désapprobation, mais de perplexité devant cette nouvelle forme de "sublimation" où le désir trouve son exutoire dans le défilement infini des écrans plutôt que dans les bras accueillants d'un autre.
non seulement détourne l'attention mais semble également remporter la partie haut la main. « Pourquoi se compliquer la vie avec les complexités des relations humaines quand une bonne série peut offrir un climax (sans intervention de la main de l’autre donc) sans effort et sans risque de rejet ? » semble-t-il dire.Les jeux vidéo, quant à eux, offrent des victoires et des réussites, remplissant une partie de l'espace émotionnel autrefois réservé à la conquête amoureuse.
Cet engouement pour la vie virtuelle suggère peut-être une nouvelle forme de "névrose de la connexion", où l'individu, en quête perpétuelle de dopamine numérique, trouve dans le scroll et le swipe une satisfaction instantanée, éphémère mais rassurante. Le choix entre entreprendre la quête complexe et incertaine du désir partagé et celui, simple et immédiat, d'appuyer sur "play", semble être rapidement tranché.
En somme, si l'on en croit cette tendance, la séduction des écrans a bel et bien éclipsé celle des êtres de chair et de sang. Mais espérons le, il reste encore un espoir pour l'humanité : tant que les batteries des appareils ne sont pas éternelles et que les forfaits internet connaissent des limites, il y aura toujours une chance pour que les regards se détournent des écrans pour se croiser, redécouvrant ainsi l'ancienne magie de la connexion humaine. En attendant, on peut toujours espérer une panne d'électricité générale pour raviver la flamme des passions oubliées.
Freud, dans ses explorations de la libido, aurait peut-être vu dans cette évolution une manifestation de la “fuite dans le virtuel”, un symptôme d’aliénation face au réel. La préférence pour les séries ou les jeux vidéo sur l’intimité physique pourrait être interprétée comme une défense contre l’angoisse de la rencontre avec l’autre,la peur de l’intimité ou encore une difficulté à gérer les frustrations inhérentes aux relations humaines.
Imaginez Freud assis dans son bureau viennois, fronçant les sourcils devant un écran diffusant la dernière saison de "Game of Thrones", essayant de décrypter les méandres du désir humain à travers les choix de divertissement contemporains. "Et si Westeros était en fait une métaphore de la psyché moderne, cherchant refuge dans des royaumes fantastiques pour échapper à la complexité des relations interpersonnelles ?", se demanderait-il, tout en ajustant ses lunettes.
L'attrait pour le virtuel, dans une perspective ironiquement freudienne,pourrait être vu comme le grand retour du refoulé, mais cette fois, le refoulé n'est pas tant un désir sexuel inavouable qu'une aversion collective pour le risque émotionnel que comporte toute interaction humaine authentique. La série préférée devient ainsi un partenaire constant, prévisible et sans exigences, qui ne vous jugera jamais pour avoir oublié votre anniversaire de rencontre ou pour avoir porté le même pyjama trois jours d'affilée.
Dans ce contexte, les jeux vidéo offrent une catharsis sans le désordre des conséquences réelles : on peut sauver des princesses, conquérir des mondes, et réaliser des exploits héroïques,le tout sans jamais avoir à faire face à un rejet ou à la complexité des besoins et désirs d'autrui. C'est une sorte de thérapie de substitution où le joystick remplace le divan, et où le seul transfert qui s'opère est celui des points de vie dans votre avatar virtuel. Apparté : le joystick… ce nouveau vibro qui vous permet de grimper des sommets de jouissance, sans décoller de votre canap’…
Cette fuite dans le virtuel, vue à travers un œil psychanalytique, révèle une quête désespérée de maîtrise dans un monde où l'autre, toujours imprévisible et parfois décevant, est remplacé par des scénarios où le script est déjà écrit et les fins, même tragiques, sont un choix de mise en scène plutôt qu'une véritable perte. Peut-être qu'au fond, ce que nous cherchons dans nos écrans, c'est moins un refuge qu'une promesse de contrôle total sur le récit de nos vies, un luxe que la réalité, avec son inévitable chaos, peine à nous offrir.
L’ère numérique, avec ses promesses d’immédiateté et de gratification constante, favorise un certain narcissisme, où l’image de soi projetée sur les réseaux sociaux devient plus valorisante que la réalité vécue. Cette “névrose numérique” entraîne un isolement progressif, où les interactions virtuelles supplantent les relations réelles, complexifiant ainsi la capacité à établir des connexions authentiques.
Il est presque touchant, dans un sens tragiquement comique, de voir comment nous sommes devenus des Pygmalions des temps modernes, tombant éperdument amoureux de nos propres créations numériques. Nos avatars, soigneusement filtrés et retouchés, deviennent les objets de notre propre adoration, des idoles pixelisées qui nous promettent l'immortalité dans les limbes de l'internet.
En effet, pourquoi se donner la peine de naviguer dans le désordre boueux des relations humaines quand on peut orchestrer des symphonies de "j'aime" et de "partages",chaque notification sonnant comme un doux murmure de validation à nos oreilles affamées d'approbation ? Ce ballet numérique nous enveloppe dans une bulle de confort, où le seul risque est une mauvaise connexion Wi-Fi.
Dans cette quête d'une perfection esthétique inatteignable, chaque selfie devient une offrande à notre ego, et chaque commentaire négatif, une flèche empoisonnée tirée par un archer invisible caché derrière l'écran. Nous voilà devenus des Narcisse 2.0, incapables de détourner le regard de notre reflet numérique, même si cela signifie ignorer le lac de la réalité et ses profondeurs inexplorées.
Et alors que nous dérivons toujours plus loin dans cet océan de solipsisme numérique, on ne peut s'empêcher de se demander : si un arbre tombe dans la forêt et que personne n'est là pour le prendre en photo et le poster sur Instagram, est-ce qu'il fait vraiment du bruit ? Dans ce nouveau monde, la réalité n'a de valeur que si elle est validée par le regard virtuel d'autrui,une preuve que, dans la névrose numérique, le miroir de l'eau a été remplacé par l'écran du smartphone, toujours prêt à refléter notre image idéalisée, mais jamais à nous confronter à notre véritable essence.
La notion lacanienne de l’objet petit a pourrait éclairer cette tendance à substituer l’acte sexuel par la consommation de contenus numériques. L’objet a, représentant l’objet de désir inatteignable, se trouve désormais dans les artefacts culturels accessibles via les écrans. Cette sublimation, où le désir sexuel est redirigé vers d’autres activités, reflète une transformation des modalités de jouissance dans la société contemporaine.
Imaginez, si vous le voulez bien, que Lacan, cigare tortilloné vissé au bec,avec son penchant pour le cryptique, aurait peut-être souri à l'idée que le dernier épisode de votre série préférée puisse incarner l'objet de votre désir le plus profond. "Ah, mes chers contemporains", dirait-il en ajustant malicieusement ses lunettes, "vous avez échangé la quête éternelle de l'objet a pour une quête d’likes, d’streams, et d’séries en binge-watching. Quelle ironie délicieuse !"
Dans cette société où nos smartphones sont devenus les nouveaux miroirs de Lacan, reflétant non pas notre image réelle mais celle que nous désirons être,le désir se trouve pris au piège dans un éternel défilement vertical. Le swipe devient un geste de sublimation, où chaque glissement du doigt est une tentative de saisir ce désir insaisissable, encapsulé non plus dans des relations humaines complexes, mais dans des pixels brillants et des histoires fictives.
Les séries Netflix et les vidéos YouTube sont devenues nos nouveaux objets petit a, promettant une satisfaction toujours juste hors de portée, dans le prochain épisode ou la prochaine vidéo recommandée. C'est une quête sans fin,où la jouissance n'est jamais complète, toujours différée – une parfaite illustration de la manière dont le désir fonctionne selon Lacan, mais avec une tournure résolument moderne.
Cette sublimation digitale pose une question provocatrice : si nous redirigeons notre libido vers des artefacts culturels numériques, est-ce que cela signifie que nous avons atteint un nouveau sommet dans l'histoire de la sublimation humaine, ou est-ce simplement que notre désir a été apprivoisé,domestiqué par les algorithmes qui savent exactement sur quel bouton appuyer pour nous garder engagés, désirants et, finalement, consommant consumés?
Peut-être que dans notre quête effrénée pour l'objet petit a, nous avons oublié que la véritable jouissance réside dans l'acceptation que certains désirs restent inassouvis, que la beauté de la vie réside dans sa complexité et ses imperfections. Mais jusqu'à ce que nous réalisions cela, nous continuerons à swiper, à cliquer et à regarder, dans l'espoir d'attraper cet insaisissable objet de désir qui, ironiquement, pourrait juste être l'expérience humaine authentique que nous avons laissée derrière nous dans notre course vers le numérique.
La baisse de l’activité sexuelle et la préférence pour les activités virtuelles mettent en lumière une redéfinition du désir et de son manque. Si, dans la psychanalyse, le manque est central dans la dynamique du désir, la saturation sensorielle offerte par le numérique semble combler ce vide, entravant ainsi la mobilisation du désir vers l’autre.
Il est presque comique de penser que, dans notre ère hyperconnectée, le concept même de "manque" a pris un tout nouveau visage. "Tu me manques" se traduit désormais par l'absence de notifications pendant plus d'une heure, et le désir ardant de l'autre peut être temporairement assouvi par une rapide consultation de son profil Instagram. Freud, avec son insistance sur le rôle du manque dans la psyché humaine, aurait peut-être levé un sourcil devant cette nouvelle forme de satisfaction instantanée.
L'ironie de notre époque est que, malgré (ou peut-être à cause de) cette saturation sensorielle, nous sommes devenus des experts dans l'art de combler chaque espace vide de notre existence avec du contenu numérique, au point où le véritable manque – celui de la présence physique et émotionnelle de l'autre –devient de plus en plus difficile à identifier, et encore plus à exprimer.
Dans cette danse complexe du désir et de son assouvissement, les écran agissent comme des substituts, offrant une illusion de proximité tout en éloignant subtilement les individus les uns des autres. Les "j'aime" et les commentaires deviennent les nouvelles monnaies du désir, où la quantité de validation numérique est souvent confondue avec la qualité des relations interpersonnelles.
Cette réinterprétation moderne du désir et du manque nous pousse à nous interroger : avons-nous vraiment surmonté le manque, ou avons-nous simplement déplacé nos désirs vers des objets plus faciles à obtenir, mais finalement moins satisfaisants ? La facilité avec laquelle nous glissons dans ces interactions virtuelles pourrait suggérer que nous sommes en train de devenir des maîtres de l'évitement, des illusionnistes qui remplacent l'intimité réelle par des hologrammes émotionnels, brillants mais éphémères.
Peut-être que l'ironie ultime de notre quête de connexion est que, dans notre désir d'éviter le vide, nous avons créé un espace encore plus grand entre nous, un gouffre que même le Wi-Fi le plus puissant ne peut combler. Dans cette nouvelle compréhension de l'intimité, le véritable défi devient alors de se reconnecter non pas à nos réseaux, mais à nous-mêmes et aux autres, en redécouvrant la beauté du manque non comme un vide à éviter à tout prix, mais comme un espace où le désir pour l'autre peut réellement fleurir.
Cette exploration psychanalytique de la “récession sexuelle” contemporaine soulève des questions cruciales sur notre capacité à maintenir l’équilibre entre le monde virtuel et les besoins fondamentaux de l’être humain en termes d’intimité et de connexion. La solution réside peut-être dans une prise de conscience collective de ces enjeux et dans la recherche d’une réconciliation avec l’altérité, réaffirmant ainsi le rôle central de l’intimité physique et émotionnelle dans notre bien-être.
Alors, comment naviguons-nous dans ce dédale de désir numérisé et de manque manufacturé ? Peut-être en commençant par admettre que, malgré nos prouesses technologiques, nous restons des créatures profondément sociales, câblées pour la connexion et la proximité, pas seulement via un écran, mais dans la complexité désordonnée de la vie réelle.
Imaginez un monde où, pour chaque heure passée en ligne, nous investissons une minute à cultiver nos relations dans le monde réel. Où, pour chaque selfie partagé, nous partageons un moment de vulnérabilité avec un ami. Où, au lieu de compter les "j'aime", nous comptons les moments de rire partagé, de soutien mutuel, de compréhension silencieuse. Dans cet univers alternatif, leWi-Fi est peut-être faible, mais les connexions humaines sont fortes.
Dans un élan, nous pourrions envisager des "retraites de désintoxication numérique" où, au lieu d'apprendre à méditer ou à jeûner, nous réapprenons à engager une conversation sans regarder notre téléphone toutes les cinq minutes, à exprimer notre affection sans emojis, et à faire face à nos conflits sans la médiation d'un écran. Un monde où le toucher reprend ses droits sur le tapotement, et où le regard dans les yeux supplante le scroll infini.
La réconciliation avec l’autre dans cette ère numérique pourrait bien nécessiter un acte révolutionnaire : éteindre nos appareils, ne serait-ce que pour un instant, et regarder autour de nous, redécouvrant l'étrange et merveilleuse présence des êtres humains dans toute leur imperfection et beauté.Peut-être que, dans cette pause, nous trouverons un aperçu de ce qui a été perdu dans la translation numérique de nos désirs et apprendrons de nouveau à chérir l’imprévisibilité, la complexité, et, finalement, la richesse des relations humaines authentiques.
En fin de compte, la véritable connexion ne se trouve pas dans la dernière notification, mais dans les moments partagés, les rires échangés, et les épaules sur lesquelles on peut se reposer. Peut-être que dans cette quête de réconciliation avec l'autre, nous découvrirons que le véritable réseau social n'a jamais eu besoin d'une connexion internet pour exister.
Dans le domaine complexe de la psychologie, comprendre l'impact des nouvelles technologies sur nos vies intimes et nos comportements sociaux est devenu essentiel. Le Cabinet Psy Coach Versailles, situé à Versailles, près du Chesnay, s'engage à explorer ces questions avec une approche nuancée et personnalisée. Spécialisés dans le traitement des troubles liés à l'usage excessif des écrans, à la dépendance numérique, et à leurs répercussions sur les relations personnelles, et forts de près de 20 ans d'expérience, nous offrons un soutien adapté à chaque individu. Que ce soit pour aborder des problématiques de communication au sein du couple, de gestion du stress, ou de recherche d'un équilibre entre vie virtuelle et réelle, notre cabinet à Versailles est votre allié. Nos interventions, fondées sur les dernières recherches en psychologie et adaptées aux enjeux contemporains, visent à restaurer l'harmonie et à promouvoir un bien-être durable.