"Je déteste Noël !" Quand la fête réveille nos blessures...
19/12/2024

"Je déteste Noël !" Quand la fête réveille nos blessures...

« Je déteste Noël ! » Une phrase qui détonne dans le brouhaha des chants festifs et des décorations scintillantes. Pourtant, elle exprime un malaise plus répandu qu’on ne l’imagine. Car si Noël promet magie et joie, il réveille aussi blessures, solitudes et tensions. Que cache ce rejet ? Et comment transformer cette fête en un moment plus apaisé ?

« Je déteste Noël ! », ainsi commence une de mes analysantes cette semaine, la voix lasse et le regard fuyant.

Derrière cette affirmation abrupte, ce n’est pas tant la fête elle-même qu’elle rejette, mais ce qu’elle lui impose : des retrouvailles forcées, des silences lourds autour d’une table trop pleine, et des souvenirs qui piquent là où ça fait mal.

Elle n’est pas seule. Chaque année, dans mon cabinet, les mêmes mots reviennent : angoisse, solitude, culpabilité. Noël est une période ambivalente, où la lumière des guirlandes éclaire, parfois cruellement, nos zones d’ombre.

Pourquoi est-ce si difficile ? Qu’est-ce que cette fête, supposée joyeuse, réveille en nous ?

Le poids des traditions : entre attente et déception

Pour beaucoup, Noël est un rituel familial incontournable.

On y retourne, presque malgré soi, comme on rejoue une pièce de théâtre écrite depuis longtemps.

Chacun reprend son rôle : celui qui organise, celui qui critique, celui qui s’efface pour éviter le conflit. Les attentes sont immenses : le repas doit être réussi, les enfants heureux, l’ambiance parfaite. Et lorsque la réalité déçoit, ce sont des années de frustrations ou d’espoirs inaboutis qui refont surface.

Cette pression pousse certains à l’épuisement – physique, émotionnel, financier. Mais il est difficile d’y échapper. "C’est Noël, fais un effort", entend-on souvent. Un effort pour quoi ? Pour gommer, le temps d’une soirée, tout ce qui dysfonctionne le reste de l’année ?

Noël : un amplificateur de solitude

Pour d’autres, Noël est un révélateur de vide.

La chaise laissée vide par un être cher disparu, le silence d’un appel téléphonique qui n’arrive pas, ou l’absence totale d’invitations.

Dans un monde qui semble célébrer la « magie » de ces journées, ceux qui se sentent seuls ressentent cette solitude avec une intensité décuplée.

Une autre analysante me confie : « Je préfère m’isoler, je n’ai pas envie de voir ces familles heureuses. Ça me rappelle trop ce que je n’ai pas. » Ici, le problème n’est pas tant la solitude elle-même que le regard que la société porte sur elle. À Noël, le bonheur semble être une norme ; s’en écarter, même involontairement, devient une douleur supplémentaire.

L’enfance en héritage

Noël est aussi le temps des souvenirs. Et ces souvenirs, bons ou mauvais, ressurgissent avec force.

Certains adultes se souviennent avec nostalgie des Noëls heureux de leur enfance, et ressentent une tristesse sourde de ne pas pouvoir recréer cette « magie » aujourd’hui. D’autres revivent des moments difficiles : des disputes de parents, des attentes déçues, des incompréhensions jamais dépassées.

Ce poids du passé est particulièrement lourd pour ceux qui portent des blessures familiales non résolues. Assis autour d’une table où flottent encore les non-dits, ils se retrouvent face à des relations fragiles, à des rancunes enfouies, et à la douleur d’un lien qu’ils espèrent réparer sans y parvenir.

Comment traverser Noël autrement ?

Ceux qui disent « Je déteste Noël » ne rejettent pas toujours la fête elle-même. Ils rejettent ce qu’elle représente : une obligation de faire semblant, un miroir de leurs manques, ou le poids d’une tradition qui ne leur ressemble pas.

Alors, que faire ? Voici quelques pistes :

  1. Redéfinir Noël selon vos besoins : Si les grandes tablées vous angoissent, autorisez-vous à célébrer autrement. Un moment simple, une soirée entre amis, ou même du temps seul, si cela vous fait du bien.
  2. Oser dire non : Refuser une invitation ou un rituel qui vous pèse n’est pas une faute. C’est un acte d’écoute de soi.
  3. Créer vos propres traditions : Peut-être qu’un Noël réussi n’implique pas de cadeaux ni de dinde farcie, mais une balade, un bon livre ou un film que vous aimez.
  4. Partager votre ressenti : Parfois, dire tout haut ce que l’on ressent permet de se libérer du poids de la culpabilité. Vous n’êtes pas seul à vivre Noël autrement.
  5. Chercher du soutien : Si cette période réactive des douleurs profondes, un travail psychothérapeutique peut vous aider à les traverser.

Noël, ou l’occasion de faire un choix

« Je déteste Noël », me répète-t-elle à la fin de notre séance, d’une voix plus posée. « Mais peut-être que cette année, je pourrais faire autrement. »

Peut-être que c’est là, le véritable sens de cette fête : choisir de la vivre comme on l’entend, loin des attentes des autres. Accepter qu’elle ne sera jamais parfaite, qu’elle ne réparera pas les blessures anciennes, mais qu’elle peut, à sa manière, être un moment de vérité.

Alors, à vous qui détestez Noël, sachez que vous avez le droit.

Le droit de ressentir ce que vous ressentez. Le droit de ne pas faire semblant. Et surtout, le droit de réinventer cette fête pour qu’elle vous ressemble un peu plus.

Car finalement, Noël n’a pas à être un poids. Il peut devenir, si vous l’osez, un espace de liberté.

Et vous, que réveille Noël en vous ? Si ces mots résonnent, n’hésitez pas à partager votre expérience. Car parfois, parler suffit à alléger le fardeau.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

Vous pourriez être intéressé(e) par...

Vous pourriez également être curieux(se) de...