Le phallus, une histoire de quéquette ? Pas queue. Euh... pas que !
16/2/2025

Le phallus : Ce drôle de signifiant qui fait courir tout le monde

Bienvenue dans notre Lacan ? Fastoche ! Petit Lexique Lacanien Impertinent ! Aujourd’hui, nous allons nous attaquer à une notion-clé qui a fait couler beaucoup d’encre – et provoqué bien des sourires ironiques – : le phallus comme signifiant. Le phallus, une histoire de quéquette et de virilité mais pas queue ! Euh... pas que…, détrompez-vous ! En psychanalyse, et particulièrement chez Lacan, le phallus n’est pas un organe, c’est un signifiant – un point nodal qui structure le désir, organise l’ordre symbolique et influe sur le discours. Alors, pourquoi ce concept est-il si central ? Pourquoi nous obsède-t-il autant ? Et surtout, pourquoi court-on toujours après ce qui, par essence, nous échappe ? Attachez vos ceintures, car nous partons pour un voyage où le manque devient moteur, où le pouvoir se joue dans l’illusion, et où le désir ne s’éteint jamais vraiment.

Non, le phallus ce n’est pas (juste) une quéquette !

Une idée reçue à déconstruire

Dès que le mot « phallus » surgit, notre imagination s’emballe. On pense immédiatement à la virilité, à la domination masculine, à la puissance sexuelle.

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Erreur monumentale ! Lacan nous rappelle dans Écrits (1966) :

« Le phallus n’est pas un organe, c’est un signifiant. »

Autrement dit, le phallus ne se réduit pas à ce que vous avez ou que l’on vous attribue au niveau biologique. Il représente ce qui vous manque, ce point symbolique autour duquel se construit tout le champ du désir. Ce n’est pas un pénis glorifié, mais le repère – l’idéal insaisissable – qui, en vous échappant constamment, vous pousse à courir après un absolu qui vous semble toujours hors de portée. Imaginez-le comme une carotte suspendue devant un âne ; ce n’est pas en l’attrapant que l’âne s’arrêtera, il en sera frustré et poussé à avancer encore et encore.

Une carotte suspendue devant le désir

Prenez cette image : l’âne qui avance, insatiable, parce qu’une carotte est toujours juste devant lui, mais jamais à sa portée.

Le phallus, c’est exactement cette carotte.

Ce qui le rend désirable, ce n’est pas sa présence concrète, mais l’absence qui vous titille. Si vous pouviez l’atteindre, votre désir s’éteindrait, et vous seriez figé, privé de toute impulsion créatrice. Le phallus est donc le moteur de votre désir : il vous manque, et c’est ce manque qui vous pousse à courir après l’idéal.

Phallus et désir : Pourquoi court-on toujours après ?

Le phallus est un mirage

Le désir fonctionne comme une machine bien étrange. Vous voulez ce que l’Autre a, vous pensez que l’autre détient la clé du bonheur.

Mais dès que vous l’obtenez, l’objet perd son éclat, et vous vous retrouvez à courir après autre chose. Vous êtes condamné à vouloir ce qui vous manque. Le phallus, en tant que signifiant, représente cet idéal qui vous échappe constamment.
Imaginez cette montre hors de prix ou cette voiture de luxe que vous convoitez : tant que vous ne les possédez pas, elles alimentent votre désir. Une fois en votre possession, leur magie s’évapore et vous vous en lassez rapidement. Ce cycle perpétuel est l’essence même de votre quête de désir, et il repose sur l’insaisissabilité du phallus.

Pourquoi l’Autre semble toujours mieux loti ?

Nous avons souvent l’illusion que l’Autre – ce réservoir de signifiants, cette figure idéalisée – possède ce qui nous manque.

L’Autre apparaît comme plus accompli, plus épanoui, presque doté d’un phallus symbolique qui lui confère charisme et pouvoir. Pourtant, en réalité, personne ne le possède vraiment.
Le phallus est un mythe, une illusion qui vous pousse à rechercher l’inaccessible. Cet idéal que vous imaginez si parfait reste toujours hors de portée, et c’est précisément ce qui vous maintient en mouvement, en quête d’un idéal que vous ne pourrez jamais pleinement atteindre.

Le phallus et le pouvoir : Qui l’a ? Qui ne l’a pas ?

Un faux trophée

Le phallus, en tant que signifiant, n’est pas simplement une affaire de désir sexuel ou de virilité superficielle.

Il se mêle intimement aux questions de statut et de pouvoir. Dans notre société, certaines figures – le leader charismatique, l’homme politique, l’artiste adulé – semblent posséder ce fameux phallus symbolique qui leur confère autorité et reconnaissance.

Pourtant, la vérité implacable, c’est que personne ne le possède vraiment.

Le phallus est toujours prêté, jamais détenu définitivement. Ceux qui semblent en avoir peuvent le perdre en un instant, et ceux qui le convoitent se retrouvent déçus une fois qu’ils ont obtenu une pâle imitation de cet idéal.
Lacan nous rappelle ainsi que le phallus est un leurre, une position symbolique qui circule sans jamais se figer. Ce faux trophée, cette illusion, structure le discours et alimente le désir collectif.

La tentation du pouvoir

Le phallus, en tant que signifiant, joue un rôle fondamental dans la construction du pouvoir.

Il détermine ce qui est valorisé, ce qui est recherché, et même ce qui est interdit. L’ordre symbolique, qui vous impose des règles, se fonde largement sur cet idéal insaisissable.
Vous êtes sans cesse amené à désirer ce que vous ne pouvez pas avoir, et cette dynamique alimente une course effrénée vers un idéal que vous imaginez comme la clé de votre réussite. Pourtant, cette quête est vaine : le pouvoir, l’autorité et le succès reposent sur un signifiant que vous ne possédez jamais vraiment, mais qui vous conditionne en permanence.

Le phallus et la castration : Il manque toujours un truc… et c’est tant mieux !

Castration symbolique : La prise de conscience du manque

Un des concepts les plus déroutants mais essentiels en psychanalyse, c’est celui de la castration symbolique.

Non, il ne s’agit pas d’un acte de violence ou d’une mutilation, mais d’un processus psychique fondamental par lequel vous acceptez que vous ne pouvez jamais être complet.
Le phallus, en tant que signifiant, est toujours hors de portée. Il crée ce manque, cet espace vide, qui est la condition même de votre désir. La castration symbolique, c’est reconnaître que vous ne serez jamais tout à fait entier, et que cette incomplétude est ce qui vous permet d’aimer, de rêver, et de chercher sans cesse à vous dépasser.

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Pourquoi c’est une bonne nouvelle ?

Vous pourriez penser que réaliser que vous êtes toujours incomplet est une source de frustration, voire de malheur.

Mais imaginez un instant un monde où tout serait immédiatement accessible, où vous seriez totalement comblé.

Ce serait l’ennui absolu !

L’absence d’un idéal à atteindre détruirait la dynamique du désir, et sans désir, il n’y aurait plus ni passion, ni création, ni mouvement. La castration symbolique, loin d’être une punition, est en réalité une source de liberté : elle vous libère de l’illusion d’un bonheur parfait et vous pousse à explorer, à innover et à créer.
En d’autres termes, admettre que le phallus est ce qui vous manque, c’est accepter que le désir est une aventure infinie – et c’est dans cette aventure que réside la beauté de votre existence.

Le désir est toujours le désir de l’impossible, et c’est en poursuivant ce qui vous échappe que vous construisez votre être.

Le phallus dans le discours : Un signifiant qui module tout

Le jeu des substitutions

Le phallus, en tant que signifiant, ne reste jamais figé. Il se substitue sans cesse à d’autres signifiants dans un jeu de renvois infini.

Chaque mot que vous prononcez, chaque phrase que vous écrivez, est traversé par ce signifiant qui, dans l’ombre, détermine en partie le sens.
Le langage est un flux en perpétuel mouvement où les substitutions et les décalages font naître un réseau complexe de significations. Ce jeu incessant vous oblige à réinventer sans cesse votre compréhension du sens, car rien n’est jamais définitivement fixé.

Le signifiant déplace le signifié, et c’est dans ce jeu infini que se construit le désir.

Le discours de l’Autre

Le phallus n’est pas une entité isolée ; il est intrinsèquement lié à l’Autre, ce réservoir de signifiants qui vous précède et vous structure.

Vous n’êtes jamais seul maître de votre discours, car il vous est imposé par l’Autre.

Ce lien montre que le pouvoir du phallus réside dans sa capacité à dicter les règles, à influencer vos désirs et à vous intégrer dans un système symbolique qui dépasse votre contrôle individuel.

Le phallus, en tant que signifiant, est le pivot du discours qui vous habite – un point de repère dans l’immensité du langage.

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Le phallus dans la culture : Quand le symbole se fait terrain de jeu

Détournements artistiques et subversions

Le phallus, en tant que signifiant, a longtemps inspiré l’art, le cinéma et la littérature. Des réalisateurs et des écrivains ne se contentent pas de l’adorer ; ils le détournent, le parodient, le subvertissent pour questionner le culte de la virilité et l’ordre établi.

Prenez par exemple des films comme Fight Club ou American Psycho.

Ces œuvres utilisent le phallus pour critiquer la survalorisation de la force et de l’autorité masculine, transformant ce symbole en une caricature qui se moque de ses propres excès.
Des auteurs tels que Jean Genet et Michel Houellebecq, quant à eux, exploitent ce concept pour révéler les contradictions du désir, la tension entre ce que vous aspirez à posséder et ce qui vous échappe toujours.

Même le plus sacré des signifiants peut se transformer en un terrain de jeu pour ceux qui osent le détourner.

Le phallus dans la publicité et les médias

Le monde des médias n’échappe pas non plus à l’influence du phallus symbolique.

Les publicités, par exemple, exploitent souvent des images de virilité et de puissance pour vendre un idéal de succès.
Les voitures de sport, les montres de luxe et autres gadgets ultra-performants sont autant de substituts censés combler ce manque – mais qui, en réalité, ne font qu’alimenter le désir par leur inaccessibilité.
Ainsi, même si ces objets semblent offrir la promesse de combler un vide, ils ne font que renforcer l’idée que le phallus, en tant que signifiant, reste toujours hors de portée.

Phallus et formation du sujet : La quête d’un idéal insaisissable

L’inscription dans l’ordre symbolique dès l’enfance

Votre formation en tant que sujet débute dès votre plus tendre enfance. Avant même que vous ne puissiez articuler vos premières phrases, vous êtes immergé dans un univers de discours.

Les premiers mots, les intonations, les regards – tout cela vous précède et vous façonne.

C’est dans ce bain de langage que le phallus, en tant que signifiant central, intervient pour vous inscrire dans l’ordre symbolique. Ce passage, souvent associé au complexe d’Œdipe, marque le moment où vous quittez l’unité fusionnelle pour vous confronter à un monde de règles, d’interdits et, bien sûr, de manque.
Vous apprenez ainsi que vous ne serez jamais totalement complet, que ce manque est la condition même de votre désir.

Vous êtes l’aboutissement d’un jeu de signifiants en perpétuel mouvement – c’est dans ce labyrinthe que se forge votre identité.

Le vide comme moteur de l’identité

Ce manque imposé par le phallus – ce vide insaisissable – est, en réalité, le moteur de votre identité.

Vous ne désirez pas seulement pour posséder, mais parce que le vide vous pousse à explorer, à inventer et à vous réinventer. Chaque fois que vous tentez de combler ce manque, vous révélez une nouvelle facette de votre désir et de votre potentiel créatif.
Ce vide, loin d’être une faiblesse, est ce qui vous rend capable de transformer chaque frustration en une impulsion pour créer, pour innover, pour vous surpasser. C’est dans cette quête incessante d’un idéal toujours hors de portée que se trouve la force de votre être.

Le phallus dans la pratique clinique

Le rôle de l’analyste

En psychanalyse, le travail sur le phallus comme signifiant consiste avant tout à vous aider à comprendre que votre désir naît d’un idéal que vous ne pourrez jamais posséder.

L’analyste vous guide à travers l’exploration de vos rêves, de vos lapsus, et de vos actes manqués afin de révéler comment ce signifiant opère dans votre inconscient.
Ce processus thérapeutique ne vise pas à effacer ce manque – car le désir n’existerait alors plus – mais à vous permettre de l’intégrer et de le transformer en une force créatrice. Vous apprenez ainsi à composer avec l’insaisissable, à en faire une source d’inspiration plutôt qu’un fardeau.

Se réapproprier son désir, c’est transformer le signifiant en une arme de création, en faisant de l’insaisissable une source de pouvoir.

Réinventer son propre discours

Le processus de psychothérapie vous invite également à réapprendre à parler votre désir.

Vous découvrez que vos lapsus, vos erreurs de langage, et même vos moments d’hésitation ne sont pas de simples défauts à corriger, mais des indices précieux révélant le fonctionnement de votre inconscient.
En réinventant votre propre discours, vous pouvez subvertir l’ordre symbolique imposé par le phallus et en faire un levier de liberté personnelle. Vous ne serez plus un simple passif récepteur de normes, mais un acteur capable de redéfinir le sens de votre existence.

Un petit quiz pour tester vos connaissances

  1. Qu’est-ce que le phallus comme signifiant représente principalement ?
    a) Un organe biologique à mesurer.
    b) Le repère symbolique central qui structure le désir et impose des interdits.
    c) Un simple attribut de virilité.
  2. Pourquoi le phallus, en tant que signifiant, est-il toujours insaisissable ?
    a) Parce qu’il peut être possédé par tous.
    b) Parce que son absence génère le manque qui nourrit le désir.
    c) Parce qu’il change de forme selon les humeurs.
  3. Comment le phallus influence-t-il la formation du sujet ?
    a) En vous rendant immédiatement complet.
    b) En vous imposant un ordre symbolique et en créant un manque essentiel à la quête du désir.
    c) En supprimant toutes les interdictions.
  4. Quel rôle joue le phallus dans le discours public et culturel ?
    a) Il ne sert qu’à décorer les publicités.
    b) Il structure le discours, impose des normes et est sujet à des détournements artistiques.
    c) Il est totalement ignoré par les médias.
  5. Quel est l’objectif de la thérapie psychanalytique concernant le phallus comme signifiant ?
    a) Effacer complètement le manque.
    b) Vous aider à vous réapproprier votre désir et transformer l’insaisissable en une force créatrice.
    c) Imposer un idéal rigide.

Réponses : 1) b, 2) b, 3) b, 4) b, 5) b.

Conclusion ? Réinventez votre désir, jouez avec le signifiant

Le phallus comme signifiant n’est pas une donnée matérielle ; il est le repère symbolique qui structure votre désir, impose des interdits et vous place en quête d’un idéal toujours inatteignable.

Vous êtes, par essence, un être en perpétuelle quête, animé par ce manque qui vous rend capable de désirer, de créer et de vous réinventer.

Au lieu de vous lamenter sur ce qui vous manque, pourquoi ne pas transformer ce vide en une force libératrice ? Réapprenez à jouer avec le langage, à détourner les codes imposés, et à réinventer votre propre discours. Vous ne serez jamais complet – et c’est précisément ce manque qui vous rend unique, capable de transformer chaque frustration en une impulsion vers la liberté.

Alors, que ferez-vous de ce signifiant qui vous habite ? Allez-vous le subir passivement, ou apprendre à en faire le levier de votre propre réinvention ? La réponse se trouve dans votre capacité à transformer l’insaisissable en une source inépuisable de pouvoir et de liberté.

Le phallus, en tant que signifiant, est le phare qui éclaire votre désir – un idéal mouvant qui vous pousse à toujours vous réinventer.

Merci d’avoir partagé ce voyage au cœur du phallus comme signifiant avec nous. Nous espérons que cet article vous a éclairé, fait sourire, et surtout inspiré à questionner et réinventer votre propre désir.

Restez à l’écoute pour de nouvelles explorations dans l’univers fascinant du langage et du désir, où chaque signifiant est une invitation à se réinventer et où le pouvoir du vide vous propulse vers l’infini.

À très bientôt pour de nouvelles aventures psychanalytiques – là où le désir ne s’éteint jamais, et où chaque quête vous rapproche un peu plus de votre vérité.

Références pour approfondir

Pour celles et ceux qui souhaitent explorer plus en profondeur ce concept fascinant, voici quelques références incontournables :

  • Lacan, Jacques. Écrits (1966)
    Dans cet ouvrage, Lacan nous rappelle que « le phallus n’est pas un organe, c’est un signifiant », une formule qui redéfinit complètement la notion traditionnelle.
  • Lacan, Jacques. Les Quatre Concepts Fondamentaux de la Psychanalyse (1973)
    Ce séminaire expose en détail comment le signifiant phallique structure le désir et l’ordre symbolique.
  • Miller, Jacques-Alain. Le Sujet et le Discours
    Un ouvrage accessible qui décortique le rôle des signifiants dans la formation du sujet et explore les implications du phallus comme repère symbolique.
  • Œuvres culturelles
    Des films comme Fight Club et American Psycho, ainsi que les écrits de Jean Genet et Michel Houellebecq, offrent des détournements fascinants du phallus comme signifiant et vous permettront de voir comment ce concept se manifeste dans la culture contemporaine.

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Par Frédérique Korzine,
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