Supervision : Les impasses thérapeutiques et le silence en séance
16/2/2025

Les impasses thérapeutiques et le silence en séance : comment les comprendre et les dépasser ?

Toute pratique de la relation d’aide – que ce soit en psychanalyse, en psychothérapie ou en coaching – rencontre un jour ou l’autre des impasses. Ces moments où le processus semble figé, où la parole se tarit, où l’on a le sentiment que rien ne bouge. Face à cela, le praticien peut ressentir de l’impuissance, du doute, voire de la frustration. Mais qu’est-ce qu’une impasse thérapeutique ? Est-ce un échec du travail engagé ou un passage nécessaire dans le processus d’accompagnement ? Jacques Lacan (1955) disait : « C’est dans le silence que l’inconscient parle ». Le silence et l’arrêt apparent du mouvement peuvent en réalité être des moments-clés de transformation.

Les impasses thérapeutiques et le silence en séance

Il peut arriver que je reçoive, dès la première séance, une personne qui me confie : « Avec le dernier psychologue, je tournais en rond, j'avais l'impression d'avoir tout dit, etc. » Ces mots, empreints d'une sincère lassitude et d'un besoin profond de renouveau, me rappellent avec humilité que, malgré nos meilleures intentions, l'accompagnement en psychothérapie n'est jamais exempt de difficultés.

Ils évoquent une expérience passée dans la vie, une situation où l'intervention semblait répétitive et manquait de la profondeur nécessaire pour toucher véritablement l'essence des personnes.

Ils nous renvoient immédiatement vers la notion d'impasse – ces moments où la parole se tarit, où le silence s'installe, et où la distance entre le thérapeute et ses patients apparaît comme un obstacle à franchir.

Toutefois, loin d'être des échecs, ces impasses se présentent comme des invitations à explorer les mécanismes de l'inconscient, à revisiter nos techniques d'intervention et à repenser notre accompagnement, que ce soit en cabinet ou dans une institution dédiée à la santé mentale, ou même en coaching.

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Nature des impasses thérapeutiques

Les impasses thérapeutiques se manifestent de multiples façons dans la vie quotidienne et dans l'exercice des psychologues et thérapeutes.

Elles peuvent survenir dans différentes situations, tant dans l'accompagnement individuel que dans des contextes d'intervention en institution. Le silence prolongé d'un patient, la répétition de schémas de discours ou encore l'impression d'avoir « tout dit » illustrent ces blocages qui, au premier abord, semblent indiquer une inertie dans la psychothérapie.

Le silence, langue de l'inconscient

Jacques Lacan affirmait que « c’est dans le silence que l’inconscient parle ».

Ce silence, loin d'être une simple absence de mots, est porteur d'une signification profonde. Il traduit souvent des émotions ou des expériences trop complexes pour être immédiatement articulées. Lorsque des patients évoquent avoir « tout dit », ils expriment parfois un épuisement des mots, une difficulté à transcender une situation douloureuse dans leur vie. Ce phénomène nous invite à considérer que le silence peut constituer un véritable langage, une manière de communiquer des aspects intimes qui ne se laissent pas saisir par des techniques d'intervention traditionnelles.

La répétition comme symptôme d’un discours inachevé

La sensation de tourner en rond, fréquemment décrite par des patients, reflète souvent la répétition de schémas émotionnels ou comportementaux.

Sigmund Freud observait que la résistance se manifeste par des forces inconscientes opposées au changement. Ainsi, la répétition, plutôt que d'être perçue comme une stagnation définitive, peut être comprise comme une tentative de l'inconscient de retravailler des contenus non résolus. En psychothérapie, ce phénomène nous incite à repenser nos techniques pour aller au-delà de l’apparence d’un discours épuisé et redonner sens à ce qui semble figé.

Entre vie personnelle et contexte professionnel

Les difficultés d'intervention en psychothérapie ne se limitent pas aux consultations individuelles.

Dans le cadre des institutions, où les professionnels et professionnelles de la relation d’aide travaillent à la santé psychique des collaborateurs, ces impasses peuvent prendre une dimension particulière. La gestion de la distance relationnelle, la recherche d'un équilibre entre écoute active et intervention ciblée, et l'utilisation de techniques adaptées sont autant de défis à relever pour transformer une situation de blocage en une opportunité d'évolution. Ainsi, que vous soyez psychologue, thérapeute ou intervenant dans un contexte professionnel, reconnaître et comprendre ces impasses devient essentiel pour enrichir l'accompagnement.

Origines des impasses : résistance, attentes et contre-transfert

Les impasses thérapeutiques ne surgissent jamais par hasard.

Leur origine se trouve souvent dans un enchevêtrement complexe de résistances, d'attentes non formulées et de contre-transferts qui relèvent autant de la vie intérieure des patients que de la dynamique relationnelle établie entre le professionnel et la personne accompagnée.

La résistance du patient

Lorsque vous entendez qu’un patient a « tout dit », il se peut que cette affirmation cache une résistance, une hésitation à aborder des vérités trop douloureuses ou menaçantes pour son équilibre personnel.

Cette résistance, loin d’être un refus pur et simple, représente souvent un mécanisme de protection face aux difficultés vécues. François Roustang nous rappelle que l'impasse n'est pas un mur, mais un tournant dans le parcours de chacun. Il s'agit d'une invitation à explorer les couches profondes de l'inconscient, à comprendre que chaque difficulté peut être le reflet d'une expérience de vie qui demande à être revisitée et intégrée.

Le contre-transfert du thérapeute

La relation d’aide est une danse à deux, où le professionnel est tout autant appelé à observer ses propres réactions.

Carl Rogers insistait sur le fait que « ce que je ressens en séance est aussi un matériel thérapeutique ». Les émotions que vous éprouvez – vos doutes, vos frustrations ou même votre compassion – peuvent éclairer la nature des blocages rencontrés. Ces ressentis, souvent liés à la distance émotionnelle qui peut survenir lors de l’accompagnement, offrent des pistes de réflexion pour adapter vos techniques d'intervention. Dans la recherche constante d'un accompagnement de qualité, reconnaître humblement nos propres limites nous permet de mieux comprendre et surmonter les difficultés qui se présentent.

Les attentes implicites et la distance relationnelle

Les impasses peuvent également émerger de la discordance entre les attentes du patient et celles du thérapeute.

Les patients espèrent parfois une transformation rapide ou une solution toute faite, tandis que, dans notre pratique, nous cherchons à favoriser une évolution graduelle et authentique. Irvin Yalom suggérait de « verbaliser ce qui se joue dans la relation », afin de réduire la distance qui peut s'installer et de clarifier les attentes. Cette verbalisation permet de transformer une situation d’inertie en une opportunité d'échange sincère, tant pour la santé psychique des personnes que pour la qualité de l’intervention en psychothérapie.

Le silence en séance : un espace de transformation et de recherche

Loin d'être le signe d'un échec, le silence en séance est une invitation à la transformation.

Il offre un espace de gestation où l'inconscient peut se dévoiler, permettant ainsi une réorganisation du discours intérieur et une évolution des techniques d'intervention.

Le langage du silence

Jacques Lacan nous enseigne que le silence est porteur d'une symbolique puissante.

Il permet aux patients de dévoiler des éléments de leur vie qui ne se prêtent pas toujours aux mots. Dans cette optique, le silence est bien plus qu'une absence de communication : il est une composante essentielle de la recherche de soi. Pour les psychologues et thérapeutes, apprendre à écouter ce qui n'est pas dit, à observer la distance qui s’installe entre le patient et sa parole, est une compétence précieuse pour l’accompagnement.

La répétition et le besoin de renouveler les techniques

La répétition des mêmes schémas, souvent perçue comme une difficulté dans la vie des personnes, est aussi un signe que l'inconscient cherche à intégrer des expériences non résolues. Freud évoquait déjà l'importance de comprendre ces répétitions comme une tentative de travail sur des traumatismes ou des conflits internes. Adapter vos techniques d'intervention, en vous appuyant sur des approches innovantes et une écoute empathique, permet de transformer ce cycle en une opportunité de changement. Dans un contexte professionnel, que ce soit en institution ou en cabinet, cette capacité à renouveler les stratégies d'intervention est primordiale pour surmonter les obstacles.

Le non-dit et l’imagination comme vecteurs de transformation

Au-delà du silence, il existe ce que l'on peut appeler le « non-dit » : cette part de l'expérience qui échappe aux mots et qui, pourtant, façonne le discours intérieur.

Carl Rogers soulignait l'importance d'une écoute empathique qui sait capter ces éléments subtils.

Des techniques issues de la recherche en psychothérapie, inspirées par Whitaker, encouragent l'exploration de l'imaginaire et la créativité dans l'accompagnement. En institution comme dans la vie personnelle, cette approche permet d'offrir aux patients et aux personnes accompagnées une voie vers une transformation authentique, où chaque difficulté se mue en opportunité de renouveau.

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Les impasses comme passages vers la transformation

Chaque impasse thérapeutique représente un moment charnière, un tournant dans le parcours de vie des patients.

Ces moments d'arrêt, bien que perçus comme des difficultés, contiennent en leur sein le potentiel d'une transformation profonde.

L'impasse comme seuil de transition

Les impasses témoignent souvent d'une phase de transition où l'individu se trouve entre ce qui a été exprimé et ce qui reste à découvrir.

Irvin Yalom nous rappelle que « savoir terminer une thérapie est aussi un art », soulignant l'importance de reconnaître quand une situation nécessite de nouvelles approches ou une réorientation de l'intervention. Identifier ce seuil de transition est essentiel pour adapter les techniques d'accompagnement et favoriser la transformation.

Accepter le non-dit pour surmonter les difficultés

Accepter que chaque silence porte en lui le germe d'une évolution future est une étape cruciale dans la pratique de la psychothérapie.

Plutôt que de considérer le sentiment d’avoir « tout dit » comme une impasse définitive, il convient de le percevoir comme l'ouverture vers un discours encore inexploré. Freud nous rappelle que l'intégration des forces inconscientes, même celles qui se manifestent par la répétition ou le silence, est indispensable pour permettre au changement de s'opérer. Cet état de non-dit, lorsqu'il est accueilli avec humilité et empathie, peut révéler des dimensions insoupçonnées de la vie intérieure des patients.

La co-création d'une nouvelle dynamique relationnelle

Le travail thérapeutique est fondamentalement une co-création entre le professionnel et le patient.

En explorant ensemble les territoires de l'inconscient, en partageant leurs ressentis et en confrontant les difficultés, chacun contribue à redéfinir l'intervention. Cette dynamique collaborative permet de réduire la distance qui peut parfois se créer et d'adapter les techniques d'intervention aux besoins spécifiques des personnes. En entreprise, comme en cabinet, cette approche favorise un accompagnement plus authentique et respectueux de la singularité de chacun.

Quand l’impasse annonce une transition

Il arrive parfois que les impasses indiquent que le cadre d'intervention actuel ne répond plus aux besoins profonds des patients.

Dans de telles situations, le silence et la répétition signalent qu'une transition est nécessaire – non comme un échec, mais comme une étape naturelle dans le cheminement vers un bien-être retrouvé.

Dans la pratique de la psychothérapie, il est important de reconnaître le moment où le parcours doit évoluer. Irvin Yalom évoquait la nécessité de savoir quand il est temps de conclure une thérapie afin de permettre aux patients de poursuivre leur chemin avec des techniques renouvelées et adaptées. Que ce soit dans le cadre d'un accompagnement individuel ou d'une intervention en institution, cette capacité à accepter et à faciliter la transition permet de transformer une situation de blocage en une opportunité d'épanouissement.

Supervision des professionnels de la relation d’aide

Face aux difficultés inhérentes aux impasses thérapeutiques, l'humilité et la volonté d'apprendre sont essentielles pour tout professionnel de la santé mentale.

Psychologues et thérapeutes, ainsi que toutes les professionnelles impliquées dans l'accompagnement, peuvent bénéficier d'un espace d'échange dédié à l'analyse de leurs pratiques.

La Supervision des professionnels de la relation d’aide offre ce cadre précieux pour examiner avec recul vos interventions, partager vos expériences et enrichir vos techniques.

Cet accompagnement en supervision vous permet d'aborder la distance relationnelle, de décrypter le contre-transfert et de renouveler vos stratégies face aux difficultés rencontrées, que ce soit dans la vie des patients ou dans un contexte d'entreprise. En cultivant cette posture d'ouverture, vous transformez chaque impasse en une opportunité de recherche et de développement personnel, renforçant ainsi la qualité de l'intervention et l'accompagnement proposé.

Transformation par l'écoute du silence et l'innovation des techniques d'intervention

Les impasses thérapeutiques, loin d'être de simples obstacles, représentent des tremplins vers une transformation plus authentique.

Chaque moment de silence, chaque sentiment d’avoir « tout dit », recèle le potentiel d'une réorganisation profonde du discours intérieur.

En adoptant une écoute empathique et en renouvelant vos techniques d'intervention, vous offrez aux personnes accompagnées la possibilité de redécouvrir leur vie sous un angle nouveau.

Carl Rogers nous rappelait que « lorsque nous acceptons pleinement ce qui est, le changement devient possible ». Cette approche, qui intègre à la fois l'humilité et la recherche constante de nouvelles techniques, permet d'envisager l'accompagnement en psychothérapie comme une aventure partagée, tant sur le plan personnel que professionnel. Dans la vie, en entreprise ou au sein d'une équipe de psychologues, cette capacité à transformer les difficultés en opportunités d'évolution est la clé d'un accompagnement réussi.

Transformer les impasses pour enrichir la vie et l'accompagnement

Les impasses thérapeutiques et le silence en séance ne constituent pas la fin du chemin, mais bien un passage obligé vers une compréhension plus fine de soi et une réinvention des techniques d'intervention en psychothérapie.

Chaque moment de distance, chaque difficulté évoquée par un patient, porte en lui la promesse d'une transformation profonde, que ce soit dans la vie personnelle ou dans un contexte professionnel.

En reconnaissant humblement que nos interventions peuvent toujours être améliorées et en nous ouvrant à la richesse de l'écoute et de la recherche, nous contribuons à créer un accompagnement plus authentique pour les personnes. Pour enrichir votre pratique, pour affiner vos techniques et pour transformer chaque impasse en une opportunité de renouveau, nous vous invitons à explorer notre page dédiée à la Supervision des professionnels de la relation d’aide. Cet espace de dialogue et de réflexion est conçu pour vous soutenir dans la quête d'une intervention plus humaine, plus efficace et en harmonie avec les besoins de vos patients.

Que vous exerciez en cabinet, en institution ou dans tout autre contexte d'accompagnement, souvenez-vous que chaque difficulté rencontrée est une chance de grandir, de redéfinir votre approche et de contribuer, avec humilité et passion, à la santé psychique des personnes que vous soutenez.

En définitive, accepter le silence et les impasses dans la relation d’aide, c’est reconnaître que la vie – avec toutes ses complexités et ses difficultés – nous offre sans cesse l’opportunité de repenser nos techniques, de renouveler notre intervention et d'enrichir l'accompagnement que nous proposons. Pour approfondir ces questions et bénéficier d’un regard extérieur sur vos pratiques, n’hésitez pas à consulter notre page dédiée à la Supervision des professionnels de la relation d’aide. Ce soutien précieux vous aidera à transformer chaque obstacle en une étape vers une transformation plus riche, tant pour vous que pour les personnes que vous accompagnez.

Références

  • Freud, S. (1912). Conseils au médecin sur le traitement psychanalytique. In Œuvres complètes.
  • Lacan, J. (1955). Le Séminaire, livre II : Le Moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Seuil.
  • Rogers, C. R. (1951). Client-Centered Therapy. Houghton Mifflin.
  • Roustang, F. (1994). La fin de la plainte. Odile Jacob.
  • Yalom, I. (2002). The Gift of Therapy. HarperCollins.
  • Whitaker, divers écrits sur la dimension sacrée du silence en thérapie.
Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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