Les tics chez les enfants soulèvent bien des questions : pourquoi surgissent-ils, sont-ils une réaction au stress ou un reflet de tensions inconscientes, et à quel moment devient-il nécessaire de s'en inquiéter ? Tentons un éclairage sur ces mouvements involontaires, en répondant aux interrogations les plus fréquentes que vous pouvez avoir..
Avez-vous déjà observé un enfant cligner des yeux de manière répétée, hausser les épaules sans raison apparente ou émettre des sons de façon incontrôlable ? Vous n'êtes pas seul. Les tics chez les enfants sont fréquents et peuvent être déroutants, tant pour les parents que pour l’enfant lui-même. Mais que signifient réellement ces mouvements involontaires ? Que cherche à nous révéler le corps de l'enfant à travers ces gestes apparemment incontrôlables ?
Pourquoi mon enfant semble-t-il soudain être pris par des mouvements ou des sons qu’il ne peut réprimer ? La réponse n’est pas simple et se situe souvent à la croisée de plusieurs explications, qu’elles soient neurologiques, psychologiques, ou même inconscientes.
Certains experts en neurosciences affirment que les tics sont liés à un dysfonctionnement des circuits neuronaux, en particulier dans les régions du cerveau responsables de la gestion du mouvement et de l’inhibition des actions (Leckman, 2020). Cependant, la psychanalyse nous invite à regarder plus loin. Ne serait-ce pas une tentative de l’enfant d’exprimer, par le corps, des tensions internes ou des émotions non résolues ? Freud (1905) nous a enseigné que le corps parle parfois à travers des symptômes corporels, surtout lorsque les mots font défaut. Alors, est-il possible que ces tics soient une manière, pour l'enfant, de dire ce qu’il ne parvient pas à exprimer autrement ?
Selon certaines études, près de 20 % des enfants présenteront un tic à un moment ou à un autre de leur enfance. Dans la majorité des cas, ces tics sont temporaires, apparaissant pour une durée de quelques semaines ou quelques mois avant de disparaître aussi soudainement qu’ils sont apparus.
Mais pourquoi ces tics sont-ils si fréquents à cet âge ? Les enfants, en pleine construction identitaire et développement émotionnel, font face à de nombreux défis : nouvelles règles sociales, pression scolaire, besoins d’affirmation. Leurs corps peuvent alors manifester cette tension par des tics, comme s’il s’agissait d’un exutoire involontaire à un trop-plein émotionnel.
De nombreux parents ont constaté que les tics de leur enfant augmentent ou s’aggravent lors de périodes de stress : changement d’école, conflits familiaux, surcharges d’activités. Cela peut laisser penser que les tics sont une réponse corporelle à un état émotionnel sous-jacent.
Ce qui était enfoui dans les méandres de l’inconscient s'exprime alors par des mouvements incontrôlés. Ce corps, que l’enfant ne peut pas encore maîtriser totalement, devient le théâtre d’une lutte interne silencieuse. Mais peut-on vraiment réduire les tics à une simple réponse au stress ? Ou bien sont-ils aussi le reflet de quelque chose de plus profond, que ni l’enfant ni les adultes autour de lui ne parviennent à nommer ?
Mais quand ceux-ci persistent, ou s'accompagnent de comportements perturbants comme des crises de colère ou une anxiété marquée, il est légitime de se demander si quelque chose de plus complexe ne se trame.
Ce trouble neurologique, qui se manifeste souvent dès l'enfance, se caractérise par des tics moteurs et vocaux persistants. Cependant, ce diagnostic est loin d'être la seule réponse. Certains enfants peuvent simplement traverser une phase difficile, et leur corps trouve cette manière surprenante de gérer l’angoisse qui les habite.
Dans tous les cas, les tics nous rappellent que l’enfant est un être complexe, fait de mots, d’émotions et de silences. Ces mouvements involontaires pourraient bien être les échos de ce qu’il ne sait pas comment exprimer autrement.
Combien de temps vont-ils durer ? Peut-on espérer qu’ils disparaissent à l’adolescence, ou risquent-ils de perdurer à l’âge adulte ?
Dans la plupart des cas, les tics s’atténuent avec le temps, surtout lorsqu’ils sont bénins et isolés. L’adolescence, avec ses propres bouleversements hormonaux et émotionnels, peut parfois intensifier temporairement les tics avant qu'ils ne disparaissent progressivement. Mais pour certains, les tics peuvent persister ou même évoluer. Alors, doit-on les considérer comme des compagnons gênants mais inoffensifs, ou y voir un signe de quelque chose de plus profond, peut-être jamais totalement résolu ?
La question de l’hérédité est délicate, mais les recherches montrent que les tics ont une composante génétique. Les enfants dont les parents ou les proches ont eu des tics, ou des troubles associés comme le syndrome de Tourette, ont une plus grande probabilité de développer eux-mêmes des tics.
Les conditions environnementales, le contexte émotionnel, et les dynamiques familiales jouent également un rôle. Mais alors, que transmettons-nous réellement à nos enfants ? Est-ce simplement un ensemble de gènes, ou bien les répercussions inconscientes de nos propres angoisses, de nos propres luttes intérieures, qui trouvent chez l’enfant une nouvelle voie d’expression ?
Les tics sont imprévisibles, et peuvent apparaître ou disparaître sans avertissement. Pourquoi reviennent-ils, parfois, après des années de répit ? Et que signifie leur réapparition ?
Les théories psychanalytiques proposent une piste intrigante. Selon Freud (1905), les symptômes corporels, dont les tics, peuvent être une réactivation de conflits psychiques non résolus. Ainsi, leur retour pourrait signifier que quelque chose d'inconscient se réveille à nouveau. Mais que réveille-t-on, vraiment ? Des peurs anciennes, des blessures jamais cicatrisées, ou simplement l’expression d’un besoin qui n'a jamais trouvé d'autre chemin que celui du corps ?
Imaginez-vous dans sa position : un corps qui échappe à votre contrôle, des mouvements ou des sons qui surgissent sans que vous puissiez les retenir. Quel malaise cela doit-il engendrer ? Quelle honte, parfois, devant les regards des autres enfants, des adultes, de ceux qui ne comprennent pas ?
Il lutte, tente de dissimuler ces mouvements, espère qu'ils s’arrêtent, mais rien n'y fait. Et si ces tics étaient une forme d’exutoire, une tentative inconsciente d’échapper à une pression trop forte ? « Le corps a ses raisons que la raison ignore », pourrait-on dire, paraphrasant Pascal. Et dans le cas des tics, ces raisons restent souvent enveloppées de mystère.
Les moqueries ou remarques d’autres enfants ou même d’adultes peuvent amplifier son malaise, ce qui peut entraîner une baisse d’estime de soi, voire de l’anxiété. Pour l’aider, il est essentiel de créer un environnement bienveillant et encourageant. Parfois, un soutien psychologique permet aussi de renforcer sa confiance en lui, lui donnant des outils pour gérer d'éventuelles situations sociales délicates.
Un bon sommeil favorise un meilleur contrôle des émotions et aide souvent à réduire la fréquence des tics. Pour cela, il est conseillé de respecter une routine de sommeil régulière, adaptée à l’âge de l’enfant, et de veiller à limiter les excitants avant le coucher (comme les écrans) pour un sommeil réparateur.
Le sport, par exemple, permet de libérer des endorphines et de diminuer le stress, ce qui aide certains enfants à mieux contrôler leurs mouvements involontaires. De même, les activités artistiques comme le dessin, la musique ou le théâtre peuvent devenir des exutoires positifs, renforçant la confiance en soi tout en lui offrant des moments de calme et de concentration.
Bien que les écrans ne causent pas directement les tics, leur utilisation excessive peut aggraver le stress et la fatigue oculaire, deux facteurs qui peuvent influencer les tics. Des pauses régulières et un temps d’écran limité permettent d’éviter un stress additionnel, surtout avant le coucher. Les écrans peuvent aussi distraire les enfants de leurs activités physiques ou de moments de repos, essentiels pour une bonne gestion de leurs émotions et la réduction des tensions.
Même si l’alimentation n’est pas une cause directe des tics, une alimentation équilibrée peut aider à stabiliser l’humeur et l’énergie, ce qui peut indirectement influencer les tics.
Certains parents rapportent que réduire les sucres rapides ou ajouter des nutriments comme les oméga-3 aide à améliorer la concentration et l’équilibre émotionnel de leurs enfants. Une consultation avec un nutritionniste peut être bénéfique si les tics perturbent la vie de l’enfant et que des ajustements alimentaires semblent appropriés.
Le dialogue ouvert permet souvent de réduire son stress et de normaliser cette manifestation involontaire. Il est recommandé de le rassurer en lui expliquant que les tics sont fréquents chez les enfants et qu’ils tendent à diminuer avec le temps. Une communication empathique peut aussi le rendre plus confiant face aux remarques éventuelles de son entourage.
Il est essentiel de les rassurer en leur expliquant que ces mouvements sont involontaires et ne sont en aucun cas « de leur faute ». Une approche bienveillante et empathique de la part de la famille aide beaucoup à atténuer ce sentiment de culpabilité et à renforcer l’estime de soi de l’enfant.
Cependant, si les tics persistent au-delà de six mois, deviennent complexes ou perturbent la qualité de vie de l’enfant, un suivi médical est recommandé. Un pédiatre ou un psychothérapeute spécialiste des troubles du comportement pourra évaluer la situation et proposer un accompagnement adapté, éventuellement en collaboration avec un psychologue pour renforcer le soutien émotionnel de l’enfant
Des changements dans la vie quotidienne, comme un déménagement ou une rentrée scolaire, des problèmes familiaux, peuvent déclencher des tics. Dans bien des cas, ils permettent à l’enfant d’évacuer des émotions difficiles à exprimer verbalement, qu’il s’agisse de stress, de frustration ou même d’excitation. Cette réaction du corps est en général temporaire et sans gravité, mais reste un moyen pour l’enfant de gérer une surcharge émotionnelle.
Toutefois, cet effort demande une grande concentration, et il est fréquent que les tics reviennent plus intensément ensuite. Exiger que l'enfant les réprime peut créer un surplus de stress, augmentant les tics à long terme. La patience et le soutien sont donc essentiels pour l’aider à mieux vivre avec ces manifestations.
Les tics peuvent apparaître ou s’aggraver en période de stress, lorsque l’enfant fait face à des changements ou des pressions (scolaires ou familiales). Lorsqu’ils surviennent, essayer de comprendre les sources de stress et proposer des moyens d’expression (dessin, sport, relaxation) peut être apaisant pour l’enfant, qui pourra ainsi mieux gérer ses émotions.
Environ 75 % des enfants voient leurs tics diminuer voire disparaître à l'adolescence. Cependant, pour une minorité, les tics peuvent persister à l’âge adulte. Encourager un mode de vie équilibré et gérer le stress peut aider l’enfant à passer cette période plus sereinement.
Les tics moteurs sont fréquents, incluant clignements des yeux, haussements d’épaules ou mouvements de la tête. Les tics vocaux, comme les reniflements, raclements de gorge ou sons involontaires, sont aussi assez communs. Ces tics peuvent varier au fil du temps en intensité et en fréquence, et leur manifestation dépend souvent de l’état émotionnel de l’enfant.
Reprenez l’enfant peut aggraver la situation en augmentant son anxiété. Parlez-lui pour comprendre son ressenti et offrez-lui des moyens de s’exprimer librement, sans jugement.
Dans des cas plus complexes, des approches thérapeutiques comme la thérapie cognitivo-comportementale peuvent aider. Si les tics sont invalidants, un médecin peut envisager des traitements médicamenteux ou des interventions comme la stimulation cérébrale pour le syndrome de Tourette. Ces options sont évaluées au cas par cas.
Les tics sont principalement involontaires, bien que l'enfant puisse parfois sentir un « besoin » de tic avant que celui-ci n'apparaisse, ce qui est fréquent dans les tics chroniques et le syndrome de Tourette. Ce ressenti peut être inconfortable pour l’enfant, mais comprendre cette sensation permet souvent de diminuer le stress lié aux tics.
Références :
Freud, S. (1905). Trois essais sur la théorie sexuelle. Paris : Gallimard.
Leckman, J. F. (2020). Tourette syndrome and tic disorders. New York: Oxford University Press.