Vous est-il déjà arrivé de penser que la vie s’acharnait contre vous ? D’avoir l’impression que quoi que vous fassiez, les autres ont toujours plus de chance, plus d’opportunités, ou simplement une vie plus facile ? Peut-être connaissez-vous quelqu’un qui se plaint constamment de l’injustice des événements, persuadé que tout lui tombe dessus sans qu’il puisse y faire grand-chose. Nous traversons tous des moments où l’on se sent impuissant face aux circonstances. Après un échec, une trahison, une accumulation de difficultés, il est naturel de ressentir de l’injustice et de vouloir exprimer sa souffrance. Mais lorsque ce ressenti devient un mode de pensée permanent, il peut nous enfermer dans un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. Le problème, c’est que cette posture peut devenir une impasse émotionnelle. Plus on se convainc que tout est contre nous, plus on se sent paralysé. Et plus on se sent paralysé, moins on agit. Sans s’en rendre compte, on peut alors glisser vers un rôle de victime qui ne fait qu’alimenter notre mal-être.Mais alors, comment savoir si l’on est enfermé dans cette dynamique ? À quel moment la plainte légitime devient-elle un piège ? Et surtout, comment retrouver du pouvoir sur sa propre vie ?
Se sentir à bout, avoir l’impression que la vie est injuste, c’est humain. Dans ces moments-là, notre cerveau a tendance à faire des raccourcis : il regroupe toutes les contrariétés et en fait un récit cohérent. On se raconte une histoire où l’on est impuissant face aux événements extérieurs, où tout ce qui nous arrive est la faute des autres ou du destin.
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Une simple contrariété devient alors une preuve supplémentaire que le monde est contre nous. Cette perception peut être tellement ancrée qu’elle nous empêche de voir les moments où nous avons, en réalité, du pouvoir sur la situation.
Prenons un exemple : une personne qui se sent constamment lésée dans ses relations amicales ou professionnelles va interpréter la moindre maladresse des autres comme une injustice volontaire. Un message tardif, une invitation manquée, une critique constructive… Tout devient une confirmation du scénario dans lequel elle est victime des autres.
Ce mode de pensée finit par être une impasse, car il fige la personne dans un sentiment d’impuissance. Plus elle se persuade que tout est contre elle, moins elle cherchera à agir pour changer les choses. Et sans action, la situation reste la même, renforçant encore cette sensation d’injustice.
👉 Marie et Claire, version analyse transactionnelle
À chaque solution proposée, Claire oppose un "Oui, mais…" qui annule toute possibilité de changement. Dans cette dynamique, ce n’est pas la recherche de solutions qui compte, mais le maintien du problème.
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Résultat ? Ce qui avait commencé comme un échange bienveillant devient une source de tension, et la relation s’érode.
Et si vous êtes vous-même dans une dynamique de "Oui, mais…", essayez d’identifier ce que cela vous apporte : validez-vous une croyance d’impuissance ? Avez-vous peur de l’échec en cas de changement ? Se poser ces questions peut être un premier pas pour sortir de cette spirale.
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Si un enfant grandit dans une famille où l’on perçoit les autres comme des adversaires ou le destin comme une force hostile, il peut intégrer très tôt l’idée que la vie est une succession d’épreuves imposées, plutôt qu’un terrain où il a un rôle actif à jouer.
Dans la théorie de l’attachement, un environnement instable ou insécurisant peut renforcer ce sentiment d’impuissance : si l’enfant n’a jamais eu d’expérience de contrôle sur son bien-être, comment pourrait-il croire à l’âge adulte qu’il a le pouvoir de changer sa situation ?
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Reconnaître sa part de responsabilité, c’est admettre que l’on aurait pu faire autrement. Or, cette idée peut être vertigineuse : si j’ai du pouvoir sur ma vie, alors pourquoi ai-je laissé certaines choses arriver ?
👉 Le déni et la projection : Plutôt que de faire face à cette question inconfortable, la personne préfère projeter la faute sur l’extérieur. Ce mécanisme évite l’auto-culpabilisation mais enferme aussi dans l’immobilisme.
👉 La répétition inconsciente : Freud parlait de la compulsion de répétition, ce besoin inconscient de rejouer sans cesse les mêmes scénarios, même lorsqu’ils nous font souffrir. Une personne qui s’est toujours sentie impuissante dans ses relations cherchera, inconsciemment, des situations qui valident cette croyance.
Ces bénéfices ne sont pas toujours conscients, mais ils expliquent pourquoi certaines personnes s’accrochent à cette posture, même si elle leur fait du mal.
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Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut d’abord reconnaître ces mécanismes. Cela demande un travail introspectif et parfois un accompagnement thérapeutique. La première étape est d’accepter l’idée que l’on peut avoir une influence sur sa propre vie, même si cela signifie faire face à certaines vérités inconfortables.
Le premier pas est souvent le plus compliqué, car il implique de changer son regard sur soi-même. Tant que l’on croit que l’on n’a aucun impact sur sa propre vie, il est impossible d’imaginer un autre scénario. La clé réside dans ce petit décalage qui permet de passer de « Pourquoi ça m’arrive encore ? » à « Qu’est-ce que je peux faire avec ça ? »
Beaucoup de personnes enfermées dans la victimisation fonctionnent avec un mindset fixe, souvent parce qu’elles ont intégré, dès l’enfance, l’idée qu’elles ne pouvaient rien changer. La bonne nouvelle ? Ce mode de pensée n’est pas une fatalité.
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La manière dont on se parle à soi-même change notre perception de ce qui est possible. L’auto-observation est une première étape clé : commencez par écouter vos pensées et notez combien de fois vous vous racontez comme impuissant.
Une approche efficace consiste à se donner une micro-marge de manœuvre, aussi petite soit-elle.
L’action, même minuscule, rompt le cercle de la passivité et redonne une forme de contrôle.
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La thérapie, le coaching ou même un groupe de soutien peuvent être des alliés puissants. Certaines approches thérapeutiques comme la TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale) permettent d’identifier et de restructurer les pensées victimisantes. D’autres, comme la psychanalyse ou l’EMDR, aident à comprendre pourquoi ces schémas se sont mis en place et comment s’en libérer.
Il enchaînait des emplois qu’il détestait, se plaignait de relations toxiques et avait l’impression que tout lui échappait. En explorant son histoire, il a réalisé qu’il répétait un discours familial appris depuis l’enfance, où chaque difficulté était perçue comme une fatalité.
En thérapie, il a travaillé sur la manière dont il racontait son histoire. Plutôt que de dire « On ne peut rien changer », il a commencé à se poser la question : « Qu’est-ce qui dépend de moi, même un tout petit peu ? » En quelques mois, il a pris des décisions qu’il n’imaginait même pas auparavant : demander une formation, poser des limites à un ami envahissant, et surtout, reconnaître qu’il avait une part active dans ce qui lui arrivait.
Le changement ne se fait pas du jour au lendemain, mais il commence par un pas, aussi petit soit-il.
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La victimisation chronique peut être perçue comme une armure psychique : elle protège d’une remise en question trop douloureuse, mais elle enferme aussi dans un schéma répétitif. S’en libérer implique d’accepter une part de vulnérabilité et d’explorer ce qui nous maintient dans ce rôle.
Certes, nous sommes influencés par notre environnement, notre passé, nos blessures. Mais attendre que le monde change pour aller mieux, c’est se priver d’une force essentielle : la capacité d’agir sur son propre vécu.
👉 L’illusion du changement extérieur
Beaucoup pensent que leur bien-être viendra quand les autres changeront :
Mais si nous attendons que l’extérieur se modifie pour aller mieux, nous restons prisonniers d’un schéma d’attente et de frustration. Le vrai changement commence quand on cesse d’attendre et qu’on décide de reprendre le pouvoir sur sa propre perception et ses réactions.
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Parfois, ce rôle s’est installé parce que l’on ne s’est pas senti capable de faire autrement. Ce n’est pas un échec, c’est un mécanisme de survie qui a fonctionné à un moment donné. Se juger sévèrement ne fait que renforcer le schéma.
Au contraire, une approche bienveillante consiste à se demander :
Là où la victimisation enferme dans le passé, reprendre son pouvoir permet d’écrire une nouvelle version de l’histoire, non plus subie, mais choisie.
Mais le simple fait de prendre conscience de ce schéma est déjà un premier pas vers la libération. Ensuite, c’est un travail quotidien : observer ses pensées, ses réactions, choisir d’agir différemment, oser demander de l’aide.
La victimisation est une cage aux barreaux invisibles. La porte est souvent ouverte. Mais encore faut-il oser la franchir.