Qu’est-ce que la dissociation ?
Avant de parler de troubles dissociatifs, il est essentiel de comprendre le phénomène fondamental sur lequel ils reposent : la dissociation.
La thérapie individuelle est souvent indispensable pour traiter les troubles dissociatifs : en savoir plus.
Il ne s’agit pas d’un délire, ni d’une faiblesse psychologique, mais d’un mécanisme de défense psychique puissant et profondément humain.
Lire aussi Quelle est la particularité de la psychanalyse par rapport aux autres thérapies ?
Lorsque le psychisme est confronté à une expérience traumatique, à une douleur trop intense ou à une émotion intolérable, il peut choisir de "déconnecter" une partie de la conscience pour se protéger.
La dissociation agit alors comme un disjoncteur émotionnel : elle coupe la charge affective pour éviter la surcharge, parfois au prix d’une amnésie ou d’un détachement de soi-même.
Ce phénomène peut être ponctuel – un réflexe de survie dans l’instant – ou s’installer dans la durée, jusqu’à se chroniciser sous forme de trouble dissociatif.
Nous avons tous déjà expérimenté des formes bénignes de dissociation :
- Vous êtes au volant, vous avez roulé pendant dix minutes… sans vous souvenir du trajet.
- Vous écoutez quelqu’un parler, mais votre esprit s’est envolé, comme dans une bulle.
- Vous traversez un moment de stress intense et tout devient flou, comme irréel.
Ces moments sont appelés dissociation légère. Ils sont fréquents, transitoires, sans impact majeur sur la vie quotidienne.
Mais chez certaines personnes, souvent victimes de traumatismes précoces, ce mécanisme de défense se généralise. La coupure devient automatique, répétée, parfois incontrôlable. Le sujet peut se sentir étranger à lui-même, incapable de se rappeler certaines périodes de sa vie, ou même habité par des "parts" qui prennent le contrôle sans qu’il en ait conscience. C’est alors que l’on parle de dissociation pathologique.
En résumé, la dissociation est une tentative de l’esprit de rester en vie psychiquement, de survivre coûte que coûte, parfois en se morcelant. Elle devient un trouble dissociatif lorsque ce mécanisme, initialement protecteur, finit par entraver gravement le fonctionnement quotidien, l’identité et les liens sociaux.
Les troubles dissociatifs selon le DSM-5-TR
Dans le DSM-5-TR (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition, texte révisé), les troubles dissociatifs sont regroupés en une catégorie clinique spécifique, témoignant de leur reconnaissance comme entités à part entière dans le champ de la psychopathologie.
Ils sont définis comme des troubles impliquant une discontinuité marquée dans la conscience, l’identité, la mémoire, les émotions, la perception, le comportement ou le contrôle moteur.
Ces altérations peuvent être brèves ou durables, et provoquer une souffrance psychique significative, ainsi qu’une altération du fonctionnement social, professionnel ou relationnel.
Contrairement aux idées reçues, les troubles dissociatifs ne relèvent pas d’une pathologie rare ou marginale. Ils sont simplement mal connus, sous-diagnostiqués, et trop souvent confondus avec d’autres troubles tels que la schizophrénie, le trouble borderline, le TDAH ou les troubles anxieux sévères.
Un accompagnement en thérapie individuelle à Versailles peut vous aider à restaurer l’unité intérieure.
Voici les principaux troubles dissociatifs décrits dans le DSM-5-TR :
🔹Qu'est-ce que le trouble dissociatif de l’identité (TDI) ?
Sans doute le plus médiatisé, mais aussi le plus controversé, ce trouble était autrefois appelé "trouble de la personnalité multiple".
Il se caractérise par la présence de deux identités distinctes ou plus (alters) qui prennent tour à tour le contrôle du comportement.
Chaque "partie" possède son propre style cognitif, ses émotions, sa voix, parfois même ses gestes, sa posture, ses préférences alimentaires ou langagières. Ces alternances peuvent s’accompagner de périodes d’amnésie, durant lesquelles la personne ne se souvient pas de ce qu’elle a fait.
🧠 Ce trouble est presque toujours lié à des traumatismes graves et répétés dans l’enfance : abus sexuels, violences physiques, négligences extrêmes. Le sujet, pour survivre, a créé des "compartiments psychiques" autonomes, chacun portant une partie de la mémoire traumatique.
🔹Qu'est-ce que l’amnésie dissociative ?
Ce trouble se manifeste par une incapacité à se souvenir d’informations autobiographiques importantes, souvent liées à des expériences douloureuses ou traumatisantes.
L’amnésie ne peut pas être expliquée par une pathologie neurologique, un abus de substance ou un vieillissement cérébral.
Il existe différentes formes d’amnésie dissociative :
- Localisée : oubli d’un événement précis.
- Sélective : oubli de certains aspects d’un événement.
- Généralisée : oubli de l’ensemble de la vie passée (rare).
Dans sa forme extrême, elle peut donner lieu à une fuite dissociative, au cours de laquelle la personne quitte soudainement son domicile, change d’identité, et vit une vie nouvelle sans souvenir de l’ancienne. Ces épisodes peuvent durer quelques heures à plusieurs mois.
🔹Qu'est-ce que le trouble de dépersonnalisation / déréalisation ?
Ce trouble est souvent angoissant, car la personne a conscience de l’étrangeté de ce qu’elle vit. Il se manifeste par :
- une dépersonnalisation : sensation d’être détaché de son propre corps, de ses pensées, de ses émotions (comme un spectateur de soi-même) ;
- une déréalisation : impression que le monde extérieur est irréel, flou, distant, "comme dans un rêve".
Ces expériences ne sont pas délirantes : le sujet sait que quelque chose ne va pas, mais il n’arrive pas à se "reconnecter". Elles peuvent survenir suite à un stress aigu, un traumatisme, un état de fatigue extrême, ou être chroniques dans certaines pathologies dissociatives.
🔹Autres troubles dissociatifs spécifiés ou non spécifiés
Le DSM-5-TR prévoit deux catégories pour les cas qui ne rentrent pas complètement dans les troubles ci-dessus, mais où la dissociation est centrale :
Autre trouble dissociatif spécifié (OTDS) : utilisé quand le clinicien peut préciser la nature de la dissociation atypique. Cela inclut par exemple :
- des états de transe dissociative,
- des formes partielles de TDI,
- des phénomènes de possession culturelle.
Trouble dissociatif non spécifié (TDNS) : utilisé lorsque les symptômes dissociatifs ne correspondent pas exactement aux critères des autres troubles, ou lorsque les informations sont insuffisantes pour poser un diagnostic clair.
Une reconnaissance encore timide
Malgré leur inscription dans les classifications internationales, les troubles dissociatifs restent insuffisamment pris en compte dans le système de soin. Pourquoi ? Parce que leur présentation est souvent polymorphe, instable, masquée par d’autres symptômes, ou confondue avec d’autres troubles psychiatriques.
Dans les faits, de nombreuses personnes atteintes de troubles dissociatifs passent des années sans diagnostic adapté, et donc sans traitement efficace.
D’où viennent les troubles dissociatifs ?
Les causes des troubles dissociatifs sont complexes et multifactorielles, mais un consensus clinique et scientifique émerge : ces troubles sont presque toujours liés à des traumatismes, en particulier ceux survenus durant l’enfance.
Loin d’être des troubles « inventés », ils s’ancrent dans une histoire réelle de souffrance. Ils représentent une réaction de survie de l’appareil psychique, un ultime stratagème pour éviter l’effondrement face à des expériences intolérables.
Les principaux facteurs de risque identifiés sont :
- Les abus sexuels ou physiques répétés
Ces violences laissent une empreinte profonde, parfois indicible, dans la mémoire et le corps. L’enfant n’ayant ni les mots, ni les moyens de comprendre ou d’exprimer ce qu’il vit, dissocie pour ne pas devenir fou. - La négligence émotionnelle sévère
Grandir dans un climat d’indifférence affective est une autre forme de violence, insidieuse. Le vide, l’abandon émotionnel répété, peuvent engendrer une déconnexion du vécu intérieur. - Un contexte familial chaotique
Instabilité, conflits constants, séparations brutales, secrets familiaux ou atmosphère menaçante permanente : tout cela concourt à rendre l’environnement invivable pour l’enfant. - Les violences verbales ou psychologiques
Les mots blessent, parfois plus encore que les coups. La honte, l’humiliation, le dénigrement répété abîment l’identité et poussent à une coupure protectrice d’avec soi-même. - L’absence de figures d’attachement sécurisantes
Sans adulte fiable pour contenir l’angoisse, l’enfant développe des stratégies internes pour s’auto-rassurer, quitte à dissocier la réalité.
Dans ces conditions, la dissociation devient une solution psychique de secours. Elle permet à l’enfant de se couper de l’insupportable, d’éloigner la douleur, de se protéger de ce qui est trop — mais au prix de ruptures dans la continuité de soi, dans le récit autobiographique, et dans l’unité de la conscience.
Ce mécanisme, salvateur dans l’enfance, peut devenir envahissant et handicapant à l’âge adulte. La personne ne contrôle plus ces coupures ; elles surviennent sans prévenir, rendant la vie quotidienne étrange, imprévisible, parfois déstabilisante.
Quels sont les symptômes des troubles dissociatifs ?
Les manifestations des troubles dissociatifs varient selon le trouble spécifique, mais elles ont un point commun : une altération de la continuité psychique, une fragmentation de l’expérience de soi.
Les frontières entre passé et présent, soi et l’autre, réalité et irréalité deviennent poreuses.
Voici les symptômes les plus fréquemment rapportés :
Symptômes dissociatifs fréquents :
- Amnésies inexpliquées : oublis de moments, de conversations, d’événements pourtant récents ou marquants.
- Temps manquants dans la journée : la personne ne sait pas ce qu’elle a fait pendant plusieurs heures.
- Impression d’être spectateur de sa propre vie : comme si elle regardait un film dont elle ne serait pas l’actrice.
- Changements d’identité ou de personnalité : avec parfois un changement de ton de voix, de posture, ou de comportement.
- Voix internes : ressenties comme provenant de l’intérieur, mais sans perte de contact avec la réalité (à ne pas confondre avec des hallucinations psychotiques).
- Difficulté à reconnaître son reflet : l’image dans le miroir semble étrangère, déconnectée.
- Perte de repères spatio-temporels : le présent devient flou, irréel ; le passé surgit sans prévenir.
Ces symptômes peuvent survenir de façon transitoire, cyclique, ou quasi permanente, et sont souvent mal interprétés.
Les personnes souffrant de dissociation trouvent un réel bénéfice dans une thérapie individuelle spécialisée.
Un trouble caméléon, souvent mal diagnostiqué
Les troubles dissociatifs sont parfois confondus avec :
👉 Cette confusion conduit à des errances diagnostiques et à des traitements inadaptés, centrés sur les symptômes de surface plutôt que sur le noyau traumatique dissociatif.
Il est donc essentiel que les cliniciens sachent repérer les signes spécifiques de dissociation, posent les bonnes questions, et adoptent une approche thérapeutique adaptée, centrée sur la sécurité, la reconnaissance des traumatismes, et la reconstruction du lien à soi.
Comment se fait le diagnostic des troubles dissociatifs ?
Poser un diagnostic de trouble dissociatif relève bien souvent d’un travail d’enquête minutieux.
Contrairement à d’autres troubles plus "visibles", les manifestations dissociatives sont souvent silencieuses, intérieures, camouflées sous des symptômes plus bruyants ou plus connus du grand public.
La dissociation, par essence, est un mécanisme d’effacement. Le sujet lui-même ne perçoit pas toujours ce qui lui arrive : il oublie, il se coupe, il rationalise, parfois il doute de sa propre réalité. C’est pourquoi le diagnostic nécessite une écoute fine, bienveillante et informée.
Un repérage clinique fondé sur l’histoire du patient
Le premier outil, c’est l’entretien clinique approfondi. Une exploration patiente de l’histoire du sujet, avec une attention particulière portée à :
- l’existence de traumatismes précoces, même évoqués de façon floue ou indirecte,
- des zones d’ombre dans le récit autobiographique,
- des discontinuités identitaires (changements de comportement inexpliqués, troublants pour l’entourage),
- ou encore des périodes d’amnésie inexplicables.
Un thérapeute formé saura également repérer certains indices verbaux et non verbaux : flottement du regard, trous de mémoire soudains, sensations d’irréalité décrites comme "banales", "normales" ou "honteuses", ou encore présence de plusieurs voix intérieures différenciées.
Des outils d’évaluation spécifiques
Il existe plusieurs échelles et entretiens semi-structurés validés pour le dépistage et l’évaluation des troubles dissociatifs :
- DES (Dissociative Experiences Scale) : un auto-questionnaire simple, qui permet de mesurer la fréquence de divers symptômes dissociatifs dans la vie quotidienne. Un score supérieur à 30 peut indiquer une dissociation pathologique.
- SCID-D (Structured Clinical Interview for DSM Dissociative Disorders) : un entretien clinique approfondi, mené par un psychiatre, qui explore les cinq domaines de la dissociation : amnésie, dépersonnalisation, déréalisation, confusion et altération de l’identité.
- MID (Multidimensional Inventory of Dissociation) : un outil plus long mais très complet, utilisé dans les milieux spécialisés en traumatologie complexe.
Attention : ces outils ne remplacent pas l’expertise clinique, mais ils peuvent aider à structurer le diagnostic, à objectiver les symptômes et à valider les hypothèses du praticien.
Un diagnostic différentiel exigeant
Les troubles dissociatifs peuvent être confondus avec de nombreuses pathologies, d’où la nécessité de procéder à un diagnostic différentiel rigoureux :
- Schizophrénie : bien que certaines expériences dissociatives puissent ressembler à des hallucinations ou à une perte de contact avec la réalité, la personne dissociative conserve en général un ancrage lucide : elle sait que "quelque chose cloche".
- Trouble borderline : l’instabilité émotionnelle et identitaire peut sembler proche, mais la dissociation est plus structurante, plus systémique dans les troubles dissociatifs.
- Trouble bipolaire : les alternances d’états ne sont pas dues à une oscillation thymique (humeur), mais à une fragmentation de la conscience.
- TDAH : l’inattention, les oublis et la distractibilité sont aussi présents dans la dissociation, mais ils sont liés à des ruptures de la continuité psychique, pas à un déficit d’attention primaire.
Un mot essentiel : la reconnaissance
De nombreuses personnes atteintes de troubles dissociatifs consultent pendant des années sans être reconnues.
Elles reçoivent parfois des diagnostics erronés, des traitements inefficaces, ou sont soupçonnées d’exagération, voire de simulation.
👉 Pourtant, mettre un nom sur ce qui est vécu peut être un soulagement immense. Cela permet de sortir de la confusion, de reconnaître que la souffrance est réelle, et surtout, de s’engager dans une thérapie adaptée.
Quels traitements pour les troubles dissociatifs ?
La prise en charge des troubles dissociatifs est souvent longue, délicate, mais elle peut être profondément réparatrice.
Il ne s'agit pas de "guérir" au sens médical classique, mais de réintégrer les fragments de soi, de retrouver une continuité psychique, et de renouer avec une vie plus apaisée, plus cohérente.
La thérapie vise à transformer une stratégie de survie en un chemin de reconstruction intérieure.
La psychothérapie, pierre angulaire du traitement
Découvrez comment la thérapie individuelle à Versailles peut accompagner en douceur la reconnexion à soi.
Aucun médicament ne peut réparer les fractures de l’histoire psychique.
Seule une approche psychothérapeutique adaptée, respectueuse du rythme et de la souffrance du sujet, permet une reconsolidation identitaire.
Voici les approches thérapeutiques les plus utilisées et recommandées :
Les thérapies psychodynamiques
Profondément ancrées dans l'exploration du passé, ces thérapies permettent de :
- retracer l’histoire du sujet,
- identifier les traumatismes à l’origine de la dissociation,
- mettre du sens sur les coupures internes,
- réintégrer progressivement les parties dissociées du moi.
La relation thérapeutique elle-même devient un espace de réparation psychique, où les fragments de soi peuvent peu à peu s’exprimer, être accueillis, et coexister sans effondrement.
Cette méthode thérapeutique, validée scientifiquement, est particulièrement indiquée pour le traitement des traumatismes.
Par la stimulation bilatérale (mouvements oculaires, tapotements…), l’EMDR aide le cerveau à "digérer" l’information traumatique sans avoir besoin de se couper de la mémoire ou de l’émotion.
Chez les patients dissociatifs, l’EMDR doit être utilisé avec prudence, dans un cadre très sécurisé, et souvent après une phase de stabilisation émotionnelle.
IFS – Internal Family Systems (Systèmes familiaux intérieurs)
Cette approche innovante considère l’esprit comme composé de "parts" ou "sous-personnalités", chacune ayant une fonction protectrice ou traumatique.
Elle est particulièrement pertinente dans les troubles dissociatifs, car elle permet :
- d’accueillir les différentes parties sans les juger,
- de négocier avec celles qui "protègent" le sujet,
- de restaurer un "Self central", capable de dialoguer avec l’ensemble du système interne.
IFS offre un cadre non pathologisant, où la dissociation devient une stratégie de survie intelligible, et non un trouble honteux.
Thérapies des schémas
Développée à partir des TCC et enrichie par l’approche de l’attachement, cette thérapie vise à :
- identifier les schémas précoces dysfonctionnels (abandon, humiliation, méfiance…),
- comprendre comment ils influencent les comportements actuels,
- travailler sur les émotions enfouies souvent dissociées.
Elle est efficace pour réduire les comportements d’évitement et travailler la relation à soi.
Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Souvent utilisées en complément, elles permettent :
- d’apprendre à reconnaître les signes précoces de dissociation,
- de développer des stratégies d’ancrage dans le présent (grounding),
- d’améliorer la régulation émotionnelle et la gestion de l’anxiété.
Ces outils peuvent être précieux dans la phase de stabilisation, préalable indispensable au travail sur les traumas.
Médicaments : un soutien, mais jamais une solution autonome
Il n’existe pas, à ce jour, de traitement médicamenteux spécifique aux troubles dissociatifs.
Néanmoins, les médicaments peuvent jouer un rôle d’appoint utile dans certaines situations, notamment pour :
- soulager une anxiété massive,
- réduire une dépression sévère associée,
- stabiliser l’humeur lorsque les fluctuations deviennent trop envahissantes.
Les molécules les plus fréquemment prescrites sont :
⚠️ Ces traitements ne doivent jamais masquer le travail psychique nécessaire. Ils servent à créer les conditions propices à l’engagement thérapeutique, et non à "faire disparaître" les symptômes dissociatifs.
Le rôle crucial du soutien, de la régulation et de la psychoéducation
Un autre pilier fondamental du traitement est la psychoéducation, c’est-à-dire le fait d’informer la personne sur ce qu’elle vit.
La dissociation étant souvent mal comprise — même par ceux qui en souffrent, il est essentiel que le thérapeute aide le patient à :
- mettre des mots sur ses expériences,
- comprendre que ses réactions sont normales… dans un contexte anormal,
- reconnaître les états dissociatifs et apprendre à s’en protéger,
- retrouver un sentiment de continuité intérieure.
La stabilisation émotionnelle est une étape essentielle avant tout travail en profondeur : techniques de respiration, grounding, visualisations sécurisantes, stratégies de recentrage corporel peuvent être enseignées très tôt dans la thérapie.
En thérapie, la relation soigne
Dans les troubles dissociatifs, la qualité de la relation thérapeutique est plus importante encore que la méthode employée. Le patient a souvent connu l’insécurité, la trahison, la confusion. Il a besoin, avant tout, d’un cadre solide, cohérent, empathique — où les parties dissociées de lui-même puissent s’exprimer sans peur.
🎯 Ce n’est pas en "confrontant" brutalement les symptômes qu’on soigne la dissociation, mais en restaurer progressivement la sécurité intérieure, la confiance dans le lien, et la capacité à rassembler les morceaux de soi.
Peut-on guérir d’un trouble dissociatif ?
Oui, il est possible de guérir, ou du moins de vivre beaucoup mieux avec.
Le travail thérapeutique permet progressivement :
- de reconstruire une histoire de soi cohérente,
- d'apprivoiser les émotions jusqu’ici insupportables,
- de réconcilier les parties fragmentées de l’identité.
Cela demande du temps, de la patience, et une relation thérapeutique solide, sécurisante et constante.
Pourquoi parle-t-on si peu des troubles dissociatifs ?
Parce qu’ils dérangent.
Parce qu’ils remettent en question notre idée d’un "moi" unifié. Et parce qu’ils sont souvent mal compris dans la culture populaire, associés à tort à la folie, aux films à sensation ou à la possession démoniaque.
Mais comprendre la dissociation, c’est ouvrir une porte vers une psychopathologie du trauma d’une incroyable richesse. Et c’est surtout offrir une chance à des patients trop longtemps laissés seuls avec leurs "absences".
FAQ – Troubles dissociatifs
Les troubles dissociatifs sont-ils héréditaires ?
Il n’existe pas de preuve formelle d’une transmission génétique directe des troubles dissociatifs.
En revanche, les facteurs environnementaux jouent un rôle majeur. Les enfants grandissant dans des familles marquées par la violence, l’instabilité ou le silence autour du trauma peuvent développer des mécanismes dissociatifs. Il s’agit donc moins d’une hérédité biologique que d’une transmission psychique intergénérationnelle, souvent inconsciente. Le vécu non élaboré des parents peut être projeté ou agi sur l’enfant, qui développe alors ses propres stratégies de survie, dont la dissociation.
Peut-on souffrir d’un trouble dissociatif sans traumatisme identifiable ?
Oui. Certains patients présentent des symptômes dissociatifs importants sans souvenir clair d’un traumatisme.
Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de vécu traumatique, mais que ce dernier peut avoir été refoulé, oublié ou vécu de manière cumulative (micro-traumatismes). Il existe aussi des formes de dissociation liées à une carence affective précoce, à un attachement insécurisé, ou à une exposition prolongée à un stress chronique. Le manque de traces mnésiques ne signifie pas l’absence de réalité psychique du trauma.
Les troubles dissociatifs peuvent-ils apparaître à l’âge adulte ?
Les premiers signes apparaissent souvent dès l’enfance ou l’adolescence, mais ils peuvent rester latents pendant des années, jusqu’à ce qu’un événement déclencheur — stress intense, séparation, deuil, maternité — réactive les mécanismes dissociatifs.
Dans certains cas, des symptômes dissociatifs surgissent brutalement à l’âge adulte, sans antécédents apparents. Cela peut être le signe d’une réactivation d’un trauma enfoui, ou d’une accumulation de souffrance dépassant les capacités adaptatives du psychisme. L’âge d’apparition ne détermine ni la gravité ni la capacité de résilience.
Quelle est la différence entre dissociation et déni ?
Le déni est un mécanisme de défense par lequel le sujet refuse consciemment ou inconsciemment de reconnaître une réalité douloureuse.
Il s’agit d’une négation du réel, souvent temporaire. La dissociation, quant à elle, est une déconnexion partielle ou totale de la conscience, qui affecte la mémoire, l’identité ou la perception. Tandis que le déni agit sur le plan cognitif, la dissociation touche l’intégration psychique. On peut d’ailleurs observer les deux chez un même individu, à des degrés divers, selon la situation.
À Versailles, un cadre sécurisant pour une thérapie individuelle adaptée peut faire toute la différence.