Syndrome du Gisant : pourquoi se sent-on parfois spectateur de sa Vie ?

Avez-vous déjà ressenti une étrange impression de ne pas vivre pleinement votre vie, comme si quelque chose vous retenait ou vous empêchait de profiter de chaque instant ? Peut-être vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous vous sentez parfois comme un spectateur de votre propre existence, paralysé par des émotions qui semblent ne pas vous appartenir. Ce sentiment d’aliénation, de tristesse profonde ou de blocage dans vos actions pourrait être lié à ce que l'on appelle le Syndrome du Gisant, un concept exploré en psychogénéalogie.

Qu’est-ce que le Syndrome du Gisant ?

Le Syndrome du Gisant est une notion développée par le Dr. Salomon Sellam, un médecin et psychothérapeute qui a étudié les liens entre les traumatismes transgénérationnels et les malaises psychologiques ou physiques ressentis par les individus. Selon lui, ce syndrome est une sorte de « réparation transgénérationnelle » inconsciente d’un drame familial, souvent lié à la mort injustifiée ou prématurée d’un membre de la famille.

Le terme « gisant » fait référence à l’idée que la personne affectée par ce syndrome est, symboliquement, comme un défunt vivant, c'est-à-dire qu'elle est « en vie » mais vit une existence marquée par l'influence d'une mémoire transgénérationnelle douloureuse. Cette mémoire, qui se transmet de génération en génération, pousse inconsciemment l'individu à « remplacer » le défunt, vivant ainsi une vie qui n’est pas vraiment la sienne.

Comment le Syndrome du Gisant se manifeste-t-il ?

Les manifestations du Syndrome du Gisant peuvent varier d’une personne à l’autre, mais elles incluent souvent des sentiments de déconnexion, de tristesse inexpliquée, de peur de vivre ou même de saboter ses propres efforts. Ceux qui en souffrent peuvent se sentir comme s'ils n'étaient ni vraiment vivants ni totalement morts, pris dans un entre-deux où ils ne parviennent pas à s’épanouir pleinement.

Certaines personnes décrivent une sensation de dualité, comme si elles étaient deux à l'intérieur d'elles-mêmes : l'une qui souhaite vivre et l'autre qui est retenue par quelque chose d'invisible. Cette lutte intérieure peut les amener à se sentir spectatrices de leur propre vie, incapables de prendre les rênes de leur existence et de suivre leurs propres désirs.

D’où vient cette mémoire transgénérationnelle ?

La psychogénéalogie, une discipline qui étudie l’influence de l’histoire familiale sur les comportements individuels, suggère que certains traumatismes non résolus se transmettent à travers les générations. Lorsqu'un drame familial survient, comme la perte d’un enfant ou la mort tragique d’un parent, il peut être difficile, voire impossible, pour les membres de la famille de faire leur deuil. Ce deuil bloqué crée alors une mémoire transgénérationnelle, un bagage émotionnel qui se transmet inconsciemment aux générations suivantes.

Dans le cadre du Syndrome du Gisant, cette mémoire affecte particulièrement les descendants choisis inconsciemment pour « porter » cette charge. Ces derniers sont alors poussés à vivre leur vie en fonction de cette mémoire, ce qui les empêche de se réaliser pleinement en tant qu'individus indépendants.

Quels sont les liens entre le Syndrome du Gisant et certaines maladies ?

Le Dr. Salomon Sellam a observé que le Syndrome du Gisant peut être lié à un certain nombre de maladies, en particulier celles où le corps semble « figé » ou immobilisé. Parmi celles-ci, on trouve des maladies neurologiques comme la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson, ainsi que des troubles métaboliques comme le diabète, l’anorexie ou la boulimie.

D'autres symptômes peuvent également être associés à ce syndrome, tels que des troubles du sommeil, des dépressions, des addictions, ou encore des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Le lien entre ces maladies et le Syndrome du Gisant repose sur l'idée que l'individu est inconsciemment « bloqué » par cette mémoire transgénérationnelle, ce qui se traduit par des symptômes physiques ou psychologiques.

Peut-on être conscient d’être affecté par le Syndrome du Gisant ?

L’une des particularités du Syndrome du Gisant est qu’il agit de manière totalement inconsciente. La plupart des personnes qui en souffrent ne sont pas conscientes de la source de leur malaise. Elles peuvent ressentir un profond sentiment de tristesse, de frustration ou d’insatisfaction sans en comprendre l’origine.

Il arrive que certaines personnes se rendent compte, au fil d'un travail psychothérapeutique ou à travers l’exploration de leur histoire familiale, que leur mal-être est lié à un événement tragique survenu bien avant leur naissance. Ce n’est qu’en comprenant cette connexion transgénérationnelle qu’elles peuvent commencer à mettre en lumière les raisons profondes de leur souffrance.

Comment la psychogénéalogie aide-t-elle à comprendre le Syndrome du Gisant ?

La psychogénéalogie propose d'explorer l'arbre généalogique d'une personne pour identifier les drames non résolus qui pourraient être à l'origine de ses souffrances actuelles. En retraçant l'histoire de la famille, il devient possible de repérer les événements marquants, tels que les décès prématurés, les deuils non faits, ou les secrets de famille, qui ont pu créer une mémoire transgénérationnelle.

Cet examen minutieux de l’arbre généalogique peut révéler des schémas répétitifs ou des liens inattendus entre des événements passés et les difficultés présentes d'une personne. Par exemple, il est possible de découvrir que la souffrance actuelle d’un individu est en réalité une résonance d’un traumatisme vécu par un ancêtre, dont la douleur non résolue continue d’affecter les descendants.

Pourquoi certaines personnes sont-elles plus touchées que d’autres ?

Il est intéressant de se demander pourquoi certaines personnes semblent plus affectées par le Syndrome du Gisant que d’autres, alors que des événements tragiques ont pu toucher plusieurs membres d’une même famille. Selon la psychogénéalogie, la « sélection » de l’individu qui portera cette mémoire transgénérationnelle se fait de manière totalement inconsciente. Elle peut dépendre de différents facteurs, comme la position de l’individu dans la lignée familiale, son prénom (qui peut être celui d’un ancêtre décédé), ou encore des dates de naissance qui coïncident avec des événements marquants dans l’histoire familiale.

Ainsi, sans en avoir conscience, une personne peut se retrouver à porter un fardeau qui ne lui appartient pas, simplement parce qu’elle a été inconsciemment « choisie » pour réparer un drame familial non résolu.

Le Syndrome du Gisant est-il inévitable ?

Il est naturel de se demander si le Syndrome du Gisant est une fatalité pour les familles ayant connu un drame. La psychogénéalogie suggère que bien que ce syndrome soit profondément enraciné dans l'inconscient familial, il n'est pas inévitable. Comprendre et reconnaître ces dynamiques transgénérationnelles est la première étape pour se libérer de ce fardeau invisible. Cependant, le processus de prise de conscience peut être long et complexe, impliquant souvent un travail psychothérapeutique pour dénouer les fils de cette mémoire ancestrale.

Que peut-on retenir du Syndrome du Gisant ?

Le Syndrome du Gisant nous invite à réfléchir sur la manière dont les traumatismes familiaux non résolus peuvent continuer à influencer les générations suivantes, parfois de manière subtile et insidieuse. Il soulève des questions profondes sur la transmission de la mémoire au sein des familles et sur la façon dont nous sommes, souvent à notre insu, liés à l'histoire de nos ancêtres.

En explorant cette dimension transgénérationnelle, la psychogénéalogie offre une perspective fascinante sur les racines de certains malaises psychologiques et physiques. Bien que cette approche ne propose pas de solutions immédiates, elle ouvre la voie à une meilleure compréhension de soi, en mettant en lumière les forces invisibles qui façonnent nos vies.

Ainsi, même si le Syndrome du Gisant peut sembler mystérieux ou même effrayant, il nous rappelle que nous ne sommes jamais totalement isolés dans nos expériences et que notre histoire personnelle est profondément enracinée dans celle de nos ancêtres.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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