"J’ai des idées noires, je pense au suicide"
1/10/2024

Les idées suicidaires chez les adolescents

Comprendre les pensées suicidaires est essentiel pour pouvoir les reconnaître et intervenir à temps. Qu’elles soient liées à des troubles de l’humeur, à l’anxiété ou à des expériences traumatiques, ces idées reflètent une souffrance profonde. Identifier les signes précurseurs peut permettre de prévenir des actes irrémédiables.

J’ai des idées noires... Comprendre les pensées suicidaires chez les adolescents

Si vous lisez ces lignes, il est probable que vous ressentiez une douleur intérieure intense.

Peut-être êtes-vous envahi(e) par des pensées sombres, des idées noires qui semblent omniprésentes, vous plongeant dans un état de désespoir. Vous pensez au suicide, non pas parce que vous voulez réellement mourir, mais parce que la douleur paraît insurmontable. Il est important de souligner que vous n’êtes pas seul(e) dans cette épreuve. En effet, une enquête menée par l’Inserm (2017) révèle qu’un jeune sur douze en France a tenté de se suicider avant l’âge de 25 ans. Ce chiffre reflète l’ampleur de la détresse que ressentent de nombreux adolescents et jeunes adultes.

Les pensées suicidaires, bien qu’elles puissent sembler être une issue, sont souvent le signe d’un profond malaise psychologique et d’un besoin urgent d’être compris et entendu. Alors, pourquoi ces idées surgissent-elles ? Pourquoi tant de jeunes, à un moment censé être prometteur dans leur vie, sont-ils amenés à envisager le suicide ?

Pourquoi est-ce que je pense au suicide ?

Il s’agit d’une question terrifiante. Les pensées suicidaires sont souvent le fruit de multiples facteurs qui, accumulés, peuvent devenir insupportables.

L’une des causes principales est la dépression, un trouble mental caractérisé par une tristesse intense, une perte de motivation et un sentiment de vide (Lachal, 2017). Les adolescents dépressifs peuvent se sentir prisonniers d’une spirale de négativité, où chaque journée semble plus difficile que la précédente. En parallèle, l’anxiété joue également un rôle central. Les crises de panique, le stress chronique et les pensées catastrophiques peuvent rendre la vie quotidienne écrasante. Ces états psychiques sont souvent exacerbés par les pressions scolaires, sociales et familiales, rendant les idées suicidaires plus fréquentes (Twenge, Martin, & Spitzberg, 2019).

Le harcèlement, qu’il soit physique ou en ligne, constitue un autre facteur de risque majeur. Les jeunes qui subissent des moqueries ou des intimidations répétées peuvent en venir à percevoir le suicide comme la seule manière de mettre fin à leur souffrance.

Quel est le lien entre le temps d’écran et mes pensées suicidaires ?

De nos jours, il est impossible d’ignorer l’influence du temps passé devant les écrans sur la santé mentale des adolescents.

En moyenne, les jeunes passent près de sept heures par jour sur des écrans, que ce soit pour regarder des vidéos, jouer à des jeux ou interagir sur les réseaux sociaux (Inserm, 2017). Bien que la technologie soit omniprésente, ces heures d’écran ne sont pas sans conséquences.

Les réseaux sociaux, en particulier, peuvent aggraver les pensées suicidaires en exposant les adolescents à des idéaux inaccessibles, créant un sentiment de comparaison et d’inadéquation. Voir les autres afficher des vies apparemment parfaites peut intensifier le sentiment que leur propre vie est insuffisante (Twenge et al., 2019). De plus, l’usage prolongé des écrans affecte directement la qualité du sommeil, perturbant ainsi la régulation émotionnelle. Un manque de sommeil, causé notamment par la lumière bleue des écrans, peut aggraver les troubles de l’humeur et rendre plus difficile la gestion des émotions négatives.

Pourquoi est-ce que je me sens si seul(e), même entouré(e) ?

Il n’est pas rare de ressentir une solitude profonde, même en étant entouré(e) de proches.

Ce phénomène, souvent accentué par les interactions superficielles sur les réseaux sociaux, contribue à une déconnexion émotionnelle importante. Les conversations en ligne, bien que gratifiantes sur le moment, ne remplacent pas les connexions humaines authentiques. La Haute Autorité de Santé (2021) souligne que ce sentiment de solitude peut aggraver les idées suicidaires, en renforçant l’impression d’être invisible ou incompris(e).

Si je parle de mes pensées suicidaires, que va-t-il se passer ?

Exprimer ses pensées suicidaires est une démarche difficile, mais capitale.

Vous pouvez craindre les réactions de votre entourage, de la panique à la minimisation de votre souffrance. Cependant, il est essentiel de trouver une personne de confiance avec qui partager vos émotions, sans crainte d’être jugé(e). Parler de ces pensées permet souvent de réduire leur poids, de briser le silence qui renforce l’isolement.

Il est possible que certaines personnes réagissent maladroitement, en tentant de minimiser la situation. Toutefois, la douleur psychologique ne se mesure pas à la rationalité des circonstances extérieures. Trouver un professionnel formé peut être une étape déterminante pour obtenir une écoute attentive et non-jugeante.

Est-ce que ça ira mieux un jour ?

Cette question, bien que simple, est essentielle. La réponse, même si elle semble lointaine, est oui.

Oui, les choses peuvent aller mieux. Lorsque vous êtes submergé(e) par des idées noires, il est difficile de croire en des jours meilleurs. Mais il est important de se rappeler que les pensées suicidaires sont souvent le reflet d’une souffrance temporaire. Bien que cette douleur semble insurmontable sur le moment, elle peut être atténuée avec du soutien, des soins appropriés et du temps (Haute Autorité de Santé, 2021).

Pourquoi est-ce que j’ai honte de ces pensées ?

La honte est un sentiment fréquemment associé aux idées suicidaires.

Vous pouvez vous sentir coupable de ressentir cela, surtout si vous avez l’impression que d’autres autour de vous gèrent leur vie sans difficulté. Cette honte est renforcée par le stigmate social lié à la santé mentale. Pourtant, la souffrance mentale est aussi réelle que la souffrance physique. Il est important de comprendre que les pensées suicidaires ne sont pas un signe de faiblesse, mais le symptôme d’une douleur immense.

Conclusion

Les pensées suicidaires, bien qu’elles soient dévastatrices, ne doivent pas être un fardeau que vous portez seul(e). Il existe des ressources, des professionnels et des personnes prêtes à vous écouter et à vous soutenir. Le chemin vers la guérison peut sembler long et difficile, mais il est possible. Chercher de l’aide est un acte de courage, un premier pas vers la lumière.

D'autres questions vous traversent l'esprit ?

Demander à quelqu'un s'il pense au suicide peut-il l'inciter à passer à l'acte ?

Beaucoup craignent que poser cette question directement puisse encourager des pensées suicidaires. Cependant, les experts affirment que parler ouvertement du suicide ne favorise pas l'acte, mais aide au contraire à désamorcer la situation en permettant à la personne de s'exprimer librement (NIMH, 2021).

Est-ce que les pensées suicidaires sont toujours associées à la dépression ?

Bien que la dépression soit un facteur central, les pensées suicidaires peuvent aussi être liées à d'autres troubles tels que l'anxiété, les troubles de la personnalité, l'usage de substances, ou encore les douleurs chroniques (HealthyPlace, 2021).

Existe-t-il un risque génétique lié au suicide ?

Oui, mais pas uniquement.

Il existe des preuves que les comportements suicidaires peuvent être associés à des facteurs héréditaires, notamment en raison de la présence de troubles psychiatriques dans certaines familles. Les antécédents familiaux de dépression, schizophrénie, ou troubles bipolaires peuvent augmenter les risques. Cependant, cela ne signifie pas qu'une personne va automatiquement tenter de se suicider. Le contexte familial, les relations et les expériences de vie jouent aussi un rôle (NIMH, 2021). En outre, le transgénérationnel, qui renvoie à la transmission de traumatismes non résolus à travers les générations, semble jouer un rôle encore plus significatif dans la répétition de schémas de souffrance émotionnelle ou de désespoir.

Quelles sont les méthodes de traitement disponibles pour réduire les risques suicidaires ?

Les approches thérapeutiques, telles que la psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie comportementale dialectique (TCD), sont reconnues pour leur efficacité dans l'accompagnement des personnes à risque. Les plans de sécurité, qui visent à limiter l'accès aux moyens létaux et à établir des stratégies de gestion de crise, sont également des outils cliniques largement utilisés (NIMH, 2021).

Le suicide est-il toujours un acte impulsif ?

Le suicide n'est pas toujours un acte impulsif. Bien que certaines tentatives puissent survenir sous l’effet d’une impulsivité soudaine,

notamment chez les jeunes ou les personnes souffrant de troubles tels que le trouble de la personnalité borderline, beaucoup d'actes sont, au contraire, soigneusement planifiés. L’impulsivité joue souvent un rôle important dans des situations où la détresse émotionnelle est intense, combinée à une absence de capacité de réflexion sur les conséquences de l'acte. Chez les jeunes, les émotions peuvent être vécues de manière plus extrême, ce qui peut augmenter le risque de décisions impulsives (HealthyPlace, 2021).

Cependant, dans de nombreux cas, les personnes qui envisagent le suicide prennent des mesures de planification très précises, comme mettre en ordre leurs affaires, rédiger des lettres d’adieu, ou réfléchir aux moyens de se suicider. Ce processus peut être long et réfléchi, parfois pendant des semaines, voire des mois, avant de passer à l’acte. Selon le National Institute of Mental Health (NIMH), ces comportements indiquent souvent une intention très sérieuse et sont des signaux d’alerte importants pour l’entourage et les professionnels de santé mentale.

Cela souligne l'importance de ne jamais sous-estimer les signes avant-coureurs, qu'ils soient le fruit d'une impulsivité ou d'une planification méthodique. Chaque situation est unique, et c’est pourquoi il est essentiel d’écouter et de prendre au sérieux toute expression de détresse, quelle que soit la forme qu'elle prend.

Les médicaments peuvent-ils provoquer des pensées suicidaires ?

Certains médicaments, en particulier les antidépresseurs et les anticonvulsivants, ont été associés à une augmentation des idées suicidaires chez certaines personnes, en particulier lors des premières semaines de traitement ou après un changement de dosage. Si cela se produit, il est important de contacter un professionnel de santé immédiatement (Verywell Health, 2024).

Comment diagnostiquer les pensées suicidaires ?

Si vous lisez ces lignes, c'est peut-être parce que vous ressentez que quelque chose cloche chez un proche.

Vous avez peut-être remarqué des signes que vous ne pouvez plus ignorer. Il se peut qu'il s'isole soudainement, qu'il ne participe plus aux activités qui lui plaisaient, qu'il se retire de vous, de ses amis, de sa famille. Vous pourriez aussi avoir observé des changements d’humeur brusques : cette tristesse profonde qu’il éprouve parfois, suivie d’un calme étrange ou d'une euphorie inattendue. Ce n’est pas nécessairement un bon signe. Souvent, lorsqu'une personne passe subitement de la dépression à un comportement serein, c'est qu'elle a pris une décision tragique.

Écoutez attentivement ses paroles. Si elle commence à parler de la mort, du suicide, ou qu'elle exprime un sentiment de fardeau, ces mots sont des alarmes. Même des phrases comme « Vous seriez mieux sans moi » ou « Je ne vois plus de raison de continuer » doivent vous alerter. En parallèle, des comportements à risque, comme conduire dangereusement ou abuser d'alcool et de drogues, sont autant de façons indirectes de dire qu’elle n’en peut plus.

Peut-être avez-vous vu qu’elle commence à mettre de l’ordre dans ses affaires, à se séparer de ses objets les plus précieux ou à faire un testament. Il est tentant de croire qu’il s’agit de simples préparatifs, mais ce sont parfois des signaux que la personne prépare quelque chose de plus grave.

Ces symptômes sont des appels au secours.

Ils peuvent sembler discrets, mais ils doivent être pris au sérieux. Si vous remarquez ces signes chez quelqu’un que vous aimez, ne détournez pas le regard. Osez lui tendre la main, engagez la conversation, montrez que vous êtes là. Cette action, aussi simple qu’elle puisse paraître, peut faire toute la différence. Il existe des professionnels et des ressources pour vous aider à soutenir cette personne, mais le premier pas, c'est de ne pas ignorer ces signes.

Les pensées suicidaires peuvent-elles être contagieuses ?

Le phénomène de "contagion suicidaire" existe, où l'exposition au suicide dans son entourage (famille, amis, médias) peut augmenter le risque de pensées suicidaires chez d'autres personnes. Cela est particulièrement vrai lorsque la personne en deuil ne reçoit pas de soutien émotionnel adéquat pour gérer cette perte (Verywell Health, 2024).

Comment puis-je aider quelqu'un qui a des idées suicidaires ?

Si vous pensez qu'une personne est en danger immédiat, restez avec elle et contactez les services d'urgence ou une ligne de prévention du suicide.

Le simple fait d'être présent et de l'encourager à parler peut aider à prévenir un passage à l'acte. Il est aussi recommandé de l'orienter vers un professionnel de la santé pour une prise en charge appropriée (Beyond Blue Forums, 2023).

Voici des ressources d’urgence et des contacts en France pour les personnes confrontées à des pensées suicidaires ou en situation de crise :

Numéro national de prévention du suicide : 3114
Accessible 24h/24, 7j/7, ce service gratuit permet de parler à des professionnels formés à la gestion de situations de crise suicidaire.

Samu (service médical d'urgence) : 15
En cas de danger immédiat pour soi ou autrui, appeler le SAMU peut fournir une assistance médicale rapide.

SOS Suicide : 01 45 39 40 00
Ligne d’écoute pour les personnes en détresse psychologique et leurs proches.

SOS Suicide – Écoute : 01 40 09 15 22
Service d’écoute anonyme pour les personnes en crise.

SOS Suicide Phénix : 01 40 44 46 45
Cette association propose une écoute gratuite et anonyme pour les personnes en souffrance.

Fil Santé Jeunes : 0 800 235 236 (appel gratuit)
Ce service est dédié aux jeunes de 12 à 25 ans et offre écoute et soutien pour les problèmes de santé mentale.

SOS Amitié : 09 72 39 40 50
Association d'écoute anonyme, joignable 24h/24, pour toute personne souffrant de solitude ou de mal-être.

Numéro d’urgence européen : 112
Utilisable dans toute l’Europe pour joindre les services d’urgence (police, ambulances, pompiers).

Ces contacts sont disponibles pour soutenir et orienter les personnes en détresse et leurs proches vers une aide adéquate.

Références

Haute Autorité de Santé. (2021). Idées et conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent : prévention, repérage, évaluation et prise en charge.
Inserm. (2017). Ados & suicide : en parler et se parler. https://www.inserm.fr
Lachal, J. (2017). Ados et suicide : Comprendre et aider. Le Muscadier.
Twenge, J. M., Martin, G. N., & Spitzberg, B. H. (2019). Trends in U.S. Adolescents’ Media Use, 1976–2016: The Rise of Digital Media, the Decline of TV, and the (Near) Demise of Print. Psychology of Popular Media Culture, 8(4), 329–345.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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