Comment apprendre à gérer mieux mes émotions ?
22/4/2025

Qu’est-ce que la dysrégulation émotionnelle ?

Qui n’a jamais ressenti une émotion si intense qu’elle semble tout envahir ? Pour la plupart d’entre nous, ces vagues émotionnelles finissent par se calmer, laissant place à un retour à l’équilibre. Mais pour certaines personnes, ces émotions débordent, s'enflamment, explosent… et ne redescendent pas. On parle alors de dysrégulation émotionnelle.La dysrégulation émotionnelle est une difficulté persistante à gérer, exprimer ou moduler des émotions intenses, douloureuses ou envahissantes. C’est comme si le thermostat émotionnel interne était déréglé : une contrariété peut provoquer une crise de colère, une frustration peut déclencher des larmes incontrôlables, une critique anodine peut faire naître une douleur aiguë d'abandon.Mais cette tempête intérieure n’est pas un simple “manque de self-control”. Elle est souvent liée à des troubles psychiques profonds, des traumatismes passés, ou un fonctionnement neuro-émotionnel spécifique.

Il y a ces jours où tout déborde. Où la moindre remarque fait exploser un volcan intérieur. Où l’on pleure sans pouvoir s’arrêter, où l’on hurle avant même d’avoir compris pourquoi. Ce n’est pas de la sensiblerie. Ce n’est pas un "caractère difficile". C’est une dysrégulation émotionnelle. Et pour ceux qui la vivent, ce n’est pas un concept, mais une lutte permanente avec soi-même.

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Quand gérer ses émotions devient impossible

La dysrégulation émotionnelle, c’est ce moment où l’émotion prend toute la place, déborde, explose, sans laisser à la personne le temps de comprendre ce qui se passe.

Ce n’est pas juste "réagir un peu trop fort". C’est vivre avec une sensibilité exacerbée, qui transforme le moindre déclencheur en tempête.

Une remarque, un ton de voix, un silence trop long… Et la machine s’emballe. Le cœur s’accélère. Les pensées deviennent floues, incontrôlables. La colère monte en flèche, la tristesse envahit tout, la peur devient panique. Il n’y a plus de filtre, plus de sas de décompression. Le cerveau sature, et avec lui tout le système émotionnel.

Ce n’est pas une question de caractère, ni un caprice.

C’est une réaction en chaîne, brutale, souvent incompréhensible pour l’entourage – et parfois même pour la personne concernée.

L’émotion prend le contrôle

Dans un fonctionnement émotionnel équilibré, les sentiments jouent un rôle d’indicateur. Ils signalent un besoin, une limite, un inconfort. Mais dans un état de dysrégulation, ils ne se contentent plus de signaler : ils prennent le pouvoir.

L’irritation devient une rage, difficile à maîtriser.
La tristesse vire à l’effondrement, sans possibilité de recul.
La peur se transforme en urgence de fuir, de couper le lien, de disparaître.

Et ce sont ces comportements-là que l’on voit de l’extérieur. Colère soudaine, pleurs incontrôlables, fermeture brutale, actes impulsifs… Ce ne sont pas des choix. Ce sont des réactions de survie, déclenchées automatiquement par un système interne débordé, désorganisé, en alerte permanente.

Pourquoi je réagis comme ça ?

C’est souvent la question qui revient après coup. Quand tout est retombé, que les nerfs se relâchent, que les dégâts relationnels apparaissent.

Pourquoi j’ai réagi aussi fort ? Pourquoi je n’arrive pas à me calmer ? Pourquoi je me sens hors de moi, et impuissant à la fois ?

La réponse n’est pas simple, mais elle est essentielle : parce que le cerveau a appris à réagir de cette façon. Parce que dans certaines histoires de vie, dans certaines structures familiales, il n’a pas été possible d’apprendre à contenir, différer, ou nommer l’émotion. Alors celle-ci éclate comme elle peut, faute d’avoir été accueillie, traduite, régulée.

Ne pas confondre la dysrégulation émotionnelle et l’hypersensibilité

On confond souvent hypersensibilité et dysrégulation émotionnelle, mais ces deux réalités sont bien différentes.

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👉 L’hypersensibilité, c’est ressentir les émotions plus intensément que la moyenne.

Les personnes hypersensibles sont souvent très empathiques, touchées par l’ambiance, les regards, les non-dits. Elles peuvent être submergées, mais elles gardent en général la capacité à contenir et exprimer leurs émotions de manière ajustée.

👉 La dysrégulation émotionnelle, elle, concerne une incapacité à moduler les émotions : l’intensité dépasse le seuil tolérable, l’émotion prend le contrôle, et la réaction devient impulsive, explosive, ou auto-destructrice.

Il n’y a plus de filtre, plus de distance, plus de régulation possible dans l’instant.

Là où l’hypersensible peut se replier, pleurer en silence ou ruminer, la personne dysrégulée va agir sous le coup de l’émotion, parfois en criant, en fuyant, en attaquant ou en se mettant en danger. Le point commun ? L’intensité émotionnelle. La différence ? Le rapport au contrôle et la capacité à temporiser.

Ne pas les confondre permet de mieux comprendre ce qui se joue, et surtout, d’adapter l’accompagnement à chaque fonctionnement émotionnel.

Lire aussi : Je suis hypersensible, comment gérer ce trait psychologique

Quand la dysrégulation émotionnelle cache d’autres troubles

La dysrégulation émotionnelle n’est pas toujours un phénomène isolé.

Elle est bien souvent le symptôme visible d’un trouble plus profond, ou l’expression d’un fonctionnement psychique vulnérable, parfois méconnu, parfois mal diagnostiqué. Il ne s’agit pas de mettre une étiquette, mais de comprendre le terrain sur lequel se développent ces réactions extrêmes.

Reconnaître les troubles associés, c’est offrir une clé de lecture plus fine à ceux qui souffrent. Cela permet aussi de sortir du piège du jugement moral — car non, ce n’est pas "une mauvaise gestion", "un manque de maturité" ou "une personnalité difficile". C’est souvent une douleur enracinée, avec une histoire psychique bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Des troubles souvent invisibles… mais bien réels

TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité)

Le TDAH n’affecte pas seulement l’attention ou l’agitation motrice. Il touche aussi — et surtout — la capacité à réguler les émotions.

Les personnes avec un TDAH peuvent passer d’un état calme à une colère explosive en quelques secondes, réagir de manière excessive à une frustration, ou être submergées par la tristesse sans savoir pourquoi. Leur système nerveux réagit en tout ou rien, rendant la régulation émotionnelle extrêmement difficile.

Trouble borderline (ou état-limite)

Dans ce trouble, l’instabilité émotionnelle est centrale.

Les émotions sont vécues avec une telle intensité qu’elles peuvent faire vaciller l’identité, les liens, le rapport à soi-même. La peur de l’abandon, l’impulsivité, les relations en dents de scie, les comportements d’autodestruction sont autant de manifestations possibles d’un fonctionnement émotionnel en crise permanente.

Lire aussi : Qu'est-ce que le trouble de la personnalité borderline

Trouble bipolaire

Bien que différent, le trouble bipolaire peut lui aussi s’accompagner de périodes de dysrégulation sévère, notamment dans les phases dites mixtes ou les cycles rapides.

L’humeur change brutalement, les émotions sont amplifiées, et la capacité à se contenir devient quasi inexistante dans certains moments aigus.

Lire aussi : Comment devient-on bipolaire ?

Trouble anxieux ou stress post-traumatique (TSPT)

L’anxiété chronique ou les traumatismes non résolus peuvent maintenir le système nerveux en état d’alerte permanent.

Dans ce contexte, la personne réagit à la moindre stimulation comme si elle était en danger : hypervigilance, peur panique, repli ou agressivité deviennent des réponses automatiques, souvent incomprises de l’entourage.

Une souffrance qui dépasse les catégories

On peut aussi souffrir de dysrégulation émotionnelle sans remplir tous les critères d’un trouble psychiatrique.

Parfois, il s’agit d’un mode de fonctionnement hérité de l’enfance, forgé dans un environnement instable, intrusif, négligent ou chaotique.

Parfois, c’est l’accumulation de micro-traumatismes, de conflits répétés, de relations toxiques qui a fini par dérégler le système émotionnel.
D’autres fois encore, c’est un trouble neurodéveloppemental non identifié, qui affecte en profondeur la manière de ressentir, penser et interagir.

Ce qui compte, ce n’est pas tant le diagnostic que la compréhension globale du fonctionnement, et surtout la capacité à agir sur les mécanismes relationnels et émotionnels qui entretiennent la souffrance.

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Ce n’est pas dans la tête. C’est dans la relation !

La dysrégulation émotionnelle ne tombe pas du ciel.

Elle ne surgit pas par hasard, comme un bug isolé du cerveau. Elle s’inscrit dans une histoire, dans un environnement, dans des liens.

Elle prend racine dans les premières interactions, là où l’enfant apprend – ou non – à gérer ses émotions à travers le regard de l’autre.

Ce n’est pas un problème de volonté. Ce n’est pas un manque de maturité. Ce n’est pas non plus une faiblesse psychologique.
C’est souvent une stratégie de survie, mise en place très tôt, parfois même avant qu’on puisse s’en souvenir. Une manière de résister à l’insécurité, à l’imprévisibilité, à l’indifférence, à la violence parfois. Un moyen de rester en lien… même dans la douleur.

Des émotions qui portent une histoire

Chez une personne qui vit une dysrégulation chronique, chaque réaction émotionnelle intense n’est pas juste un débordement. C’est un signal, un écho, un reflet de ce qui s’est ancré dans l’enfance ou dans des relations marquées par l’instabilité.

Quand le monde paraît dangereux, incohérent ou trop intrusif, il est plus "logique" de se défendre en explosant ou en se repliant que de risquer d’être englouti. Le cerveau émotionnel, dans ce contexte, ne dysfonctionne pas : il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a appris.

Et parfois, ce qu’il a appris, c’est que hurler, fuir, se figer, provoquer ou se taire sont les seules options possibles pour ne pas s’effondrer. Ce n’est pas adapté aujourd’hui, mais c’est ce qui a permis de tenir debout hier.

Derrière la crise, une tentative de se faire entendre

Ce qu’on appelle "réaction excessive" est souvent une tentative désespérée de communication. Quand la personne hurle, s’emporte, pleure, se ferme ou se coupe, ce n’est pas pour manipuler ou provoquer.

C’est une forme de langage émotionnel, brut, sans filtre, qui crie quelque chose que les mots ne peuvent pas dire.

Ce qui épuise, ce n’est pas l’émotion elle-même, mais le fait qu’elle doit sans cesse se répéter pour être perçue. Et plus l’entourage répond par la minimisation, la fuite ou l’agacement, plus la personne sent qu’elle n’est pas entendue, ce qui relance le cycle.

Il ne s’agit donc pas de juger ou de calmer à tout prix, mais de comprendre ce que chaque débordement tente de signifier :

« J’ai besoin qu’on me voit. J’ai besoin qu’on me contienne. J’ai besoin qu’on me parle autrement. »

Le cercle vicieux des réactions incontrôlées

La dysrégulation émotionnelle ne se manifeste pas de manière ponctuelle.

Elle s’installe dans le quotidien, se répète, s’ancre, jusqu’à devenir un schéma relationnel récurrent, souvent invisible pour celui ou celle qui en souffre.

La personne se sent "trop", elle se le dit, on le lui répète : trop émotive, trop sensible, trop réactive. Elle s’en veut, mais ne comprend pas pourquoi elle recommence. Elle pense manquer de maîtrise, de volonté, de maturité. Elle tente de se "tenir", d’anticiper, de faire des efforts. Mais les mêmes scènes reviennent, encore et encore.

Et c’est là que réside le piège.

Un scénario qui se répète malgré soi

Tout commence souvent par quelque chose de banal : une remarque anodine, un message sans réponse, une contrariété apparemment légère.

Mais dans le système émotionnel de la personne dysrégulée, ce petit déclencheur agit comme une étincelle. La tension monte, souvent à l’insu de tous, jusqu’à l’explosion.

Les mots dépassent la pensée. Le ton monte. Le geste s'emballe. Puis, une fois la décharge passée, vient le retour de flamme : culpabilité, honte, confusion, fatigue. Et cette phrase, toujours la même :

« La prochaine fois, je ferai autrement. »

Mais la prochaine fois… c’est pareil. Parce que le mécanisme émotionnel n’a pas été modifié, et que le cerveau, fidèle à ses automatismes, réactive le même circuit.

Un cycle épuisant et douloureux

Réaction – regret – rejet. Voilà le trio infernal.
On réagit sous le coup de l’émotion.
On regrette, sincèrement.
Et on se rejette soi-même, on se juge, on se punit.
Parfois, c’est l’autre qui nous rejette aussi, incapable de comprendre ce qu’il perçoit comme une "instabilité émotionnelle chronique".

Ce cycle est au cœur de la souffrance émotionnelle, et il renforce la mésestime de soi. Plus on échoue à se contenir, plus on se sent incapable, incontrôlable, indigne. Et plus on se sent indigne, plus l’émotion déborde la fois suivante.

Il ne s’agit pas d’un manque de contrôle. Il s’agit d’un système émotionnel piégé, et qui, tant qu’il n’est pas dérangé dans sa logique interne, continuera de tourner en boucle.

Lire aussi Qu'est-ce que l'automutilation et comment la gérer ?

Non, ce n’est pas "juste du stress", c’est un débordement émotionnel

La dysrégulation émotionnelle est souvent confondue avec un "coup de stress" passager.

Mais ce que vit la personne concernée n’a rien à voir avec un simple moment de tension. Ce n’est pas un agacement. Ce n’est pas une fatigue. Ce n’est pas un caractère "un peu vif". C’est une perte brutale de stabilité émotionnelle, une sensation d’être envahi par une émotion incontrôlable, qui dépasse tout effort de maîtrise.

Ce qu’on appelle communément "stress", c’est un état d’alerte qui peut être géré, canalisé, exprimé. Mais ici, l’émotion submerge, déconnecte, renverse. Elle fait exploser les limites du corps et de l’esprit, sans avertissement, sans nuance, sans transition.

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Le corps réagit comme s’il était en danger

La personne dysrégulée ne sur-réagit pas : elle réagit comme si sa survie était en jeu.

Son cerveau, plus précisément son système limbique, perçoit la situation comme une menace immédiate, même s’il n’y a, en apparence, aucun danger réel.

Résultat : tout le corps entre en mode alarme. Le cœur s’emballe, la respiration s’accélère, les muscles se tendent, les pensées se brouillent. Ce n’est pas un excès d’émotion. C’est un état neurobiologique de crise, qui s’impose à la personne comme une évidence absolue :

« Je dois réagir maintenant, ou je vais imploser. »

Et dans cet état, il devient impossible de relativiser, de rationaliser, de se contenir. La personne est littéralement coupée de ses ressources régulatrices, comme si le cerveau supérieur, celui du raisonnement, avait été mis hors-circuit.

Rien à voir avec un manque de volonté

Il est essentiel de le dire : ce n’est pas une question de volonté. Ce n’est pas non plus une faiblesse psychologique. Ce n’est pas un manque de maturité émotionnelle.

C’est un trouble de la régulation affective, une hyperactivation du système nerveux en réponse à des signaux interprétés comme menaçants. Et ces signaux peuvent être minuscules : un regard, un mot mal placé, une attente non comblée, un silence mal interprété…

Ce qui est vécu comme bénin de l’extérieur peut être, de l’intérieur, une agression émotionnelle majeure.

Un quotidien miné par l’hyperréactivité

Quand on vit avec une dysrégulation émotionnelle, chaque situation du quotidien peut devenir une zone à risque. Une réunion au travail, une dispute dans le couple, une remarque d’un parent, une contrariété avec un enfant…

Tout devient potentiellement déclencheur. Le cerveau reste en vigilance permanente, dans une tension de fond épuisante. Et la peur d’exploser, de faire "encore une scène", de se "sentir trop", vient ajouter de la pression, augmentant les chances… que ça déborde.

Ce qui se cache derrière les réactions "extrêmes"

Quand une personne explose, hurle, claque une porte, pleure sans fin ou s’enferme dans un silence glacial, ce qu’on voit, ce sont les symptômes.

Ce qu’on ne voit pas toujours, c’est ce qui se joue en profondeur. La dysrégulation émotionnelle, ce n’est pas juste une manière brutale de réagir : c’est une stratégie inconsciente de protection, un mécanisme de survie psychique.

Ces comportements peuvent sembler disproportionnés. Ils peuvent choquer, déranger, lasser même. Mais derrière, il y a toujours un mouvement de défense : une tentative désespérée d’éviter un effondrement, de reprendre un semblant de contrôle sur une situation vécue comme insupportable.

Des gestes qui disent ce que les mots n’arrivent pas à exprimer

Lorsqu’une personne s’automutile, insulte, menace de partir, ou casse une relation en une seconde, elle ne cherche pas nécessairement à manipuler ou à attirer l’attention.

Ce qu’elle cherche, souvent sans le savoir, c’est à faire taire une douleur émotionnelle brutale, à reprendre le pouvoir sur une situation qui lui échappe, à éviter une détresse psychique encore plus grande.

Elle peut hurler pour ne pas sombrer dans le vide, se couper pour anesthésier une douleur intérieure trop intense, saboter une relation avant d’être rejetée, pour ne pas revivre un abandon.
Ces comportements sont rarement "calculés". Ils sont automatiques, pulsionnels, vitaux dans le moment.

Une tentative désespérée de garder le lien

Paradoxalement, ces réactions que l’on croit destructrices sont parfois des appels à l’aide, des moyens de maintenir coûte que coûte un lien devenu fragile. Le chaos émotionnel devient une façon – maladroite mais sincère – de dire :

« Je souffre. Aide-moi. Ne m’abandonne pas. »

Et pourtant, ce sont ces mêmes comportements qui finissent par épuiser l’entourage, provoquer du rejet, de la distance, de la peur. Le message émotionnel est fort, mais le canal est brouillé. Résultat : la personne dysrégulée s’isole encore plus, ce qui renforce sa détresse, et relance le cycle.

Ce n’est pas de la comédie, c’est une détresse réelle

Il est important de changer de regard sur ces comportements extrêmes. Il ne s’agit pas d’un caprice, d’une volonté de nuire ou de manipuler. Il s’agit d’un fonctionnement émotionnel en souffrance, qui a appris à se défendre de cette manière.

Derrière chaque "crise", il y a une peur, un vide, une blessure d’abandon, un manque de sécurité affective. Et si on ne comprend pas ce qui se passe en amont, si on ne modifie pas les interactions autour, ces réactions continueront, même avec la meilleure volonté du monde.

Quand les relations deviennent explosives

La dysrégulation émotionnelle n’affecte pas seulement la personne qui en souffre.

Elle agit comme une onde de choc, touchant de plein fouet les relations les plus proches : partenaires, parents, enfants, collègues, amis. Ceux qui sont là, qui aiment, qui veulent aider, mais qui se retrouvent aspirés malgré eux dans un tourbillon émotionnel.

Souvent, l’entourage ne comprend pas. Il ne comprend pas pourquoi une discussion tranquille vire au conflit. Pourquoi une question anodine déclenche des larmes. Pourquoi un simple désaccord devient une crise.
Et face à l’intensité des réactions, beaucoup se sentent impuissants, démunis, ou sur la défensive.

Des liens qui se tendent jusqu’à la rupture

Les proches marchent sur des œufs. Ils veulent bien faire, mais ne savent jamais vraiment ce qui va déclencher l’orage.

Alors ils se mettent à éviter certains sujets, à modérer leurs gestes, à surveiller leurs paroles. Par peur de "mettre le feu aux poudres".

De leur côté, les personnes dysrégulées perçoivent ces précautions comme du rejet, de l’indifférence, ou une menace de rupture. Ce qui renforce leur tension intérieure, leur besoin d’exprimer ce qu’elles ressentent, et parfois leur impulsivité.

Un cercle vicieux s’installe : plus la personne exprime avec intensité, plus les autres se protègent ou s’éloignent.

Et plus les autres s’éloignent, plus la personne ressent d’abandon, ce qui réactive l’émotion de base : peur, tristesse, rage, insécurité.
Le lien devient le terrain même de la répétition du traumatisme.

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Une dynamique relationnelle piégée

Ce n’est pas seulement une personne qui "surréagit". C’est un système relationnel entier qui s’enraye. Un jeu de rôles se met en place, parfois à l’insu de tous : l’un devient celui qui craque, l’autre celui qui encaisse, évite, ou rejette.
Et chacun souffre dans sa position figée.

Les tentatives de "raisonner" la personne dysrégulée sont souvent vaines, voire contre-productives. Lui dire de "se calmer", de "prendre sur elle", ou de "relativiser", revient à nier son expérience. Et c’est vécu comme un abandon de plus.

Ce qui fait tenir ces liens, malgré les tensions, c’est souvent l’amour, la loyauté ou la culpabilité. Mais à long terme, tout le monde s’épuise. Et si rien ne change, si les mécanismes relationnels ne sont pas compris et transformés, la rupture devient souvent inévitable.

Comprendre au lieu de juger, transformer au lieu de fuir

La clé, ce n’est pas de supporter, de fuir ou de tolérer l’insupportable. La clé, c’est de comprendre le système dans lequel chacun est pris, d’en repérer les boucles, les déclencheurs, les impasses.

Et surtout, d’introduire du changement là où le scénario semble figé.

Il ne s’agit pas de blâmer l’un ou l’autre, mais d’avoir une lecture globale et systémique de la relation :

Comment chacun participe, malgré lui, à la répétition ?
Où se situent les points de tension ?
Quelles nouvelles façons d’interagir pourraient désamorcer le mécanisme ?

Car oui, des solutions existent. Et elles commencent là où la compréhension remplace le jugement.

Ce n’est pas une crise passagère, c’est un fonctionnement entier

Tant que l’on considère la dysrégulation émotionnelle comme une série de "crises", on passe à côté de l’essentiel.

Ce n’est pas une série d’accidents. Ce n’est pas une suite d’épisodes isolés. C’est un système qui fonctionne ainsi.
Un mode d’adaptation. Un réflexe acquis. Une manière d’exister dans le lien.

Et ce système, bien que douloureux, est souvent invisible pour la personne concernée. Parce qu’elle n’a connu que ça. Parce que c’est ce qui s’est mis en place pour gérer l’invivable, survivre à l’indicible, rester en lien malgré tout.

Un engrenage émotionnel bien huilé

Quand on prend un peu de recul, on observe toujours la même mécanique :

  1. Un déclencheur émotionnel souvent anodin pour les autres.
  2. Une montée rapide et incontrôlable de l’émotion.
  3. Une réaction intense : cris, fuite, pleurs, colère, attaques verbales ou fermeture.
  4. Un soulagement momentané, puis...
  5. Le retour de la culpabilité, de la honte, du vide.
  6. La tentative de réparation.
  7. Et à la prochaine tension... le même scénario recommence.

Ce n’est pas une suite d’erreurs. C’est une organisation stable autour d’un déséquilibre émotionnel chronique.

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Ce système se maintient… parce qu’il soulage (mal)

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette façon de fonctionner a une fonction. Elle soulage temporairement la tension. Elle donne l’illusion du contrôle, ou permet d’éviter une angoisse plus profonde encore. C’est un système imparfait, coûteux, mais qui offre un répit immédiat.

C’est pourquoi il est si difficile à faire évoluer : parce qu’il a fonctionné, d’une certaine manière, pendant des années. Et même s’il abîme les relations, même s’il épuise l’estime de soi, il est connu, familier, rassurant dans son chaos.

Changer demande alors non pas de faire plus d’efforts, mais d’interroger le système dans son ensemble :
👉 Quel rôle joue chaque comportement ?
👉 Quelle fonction a cette réaction ?
👉 Que cherche-t-elle à éviter, à apaiser, à exprimer ?

Pour sortir du cercle, il faut bouger les règles du jeu

La solution ne se trouve pas dans le contrôle, l’autocensure ou la volonté pure. Ce serait rejouer la même logique.

La seule manière de sortir du système, c’est de changer un élément de la boucle. Modifier un comportement, un moment, une réaction, un mot.
Déranger l’automatisme.
Faire autrement, même un tout petit peu.

C’est à ce niveau que le travail thérapeutique devient décisif : repérer les logiques sous-jacentes, les boucles de rétroaction, les déclencheurs invisibles, et introduire de la souplesse dans un système devenu rigide.

Sortir du chaos émotionnel ne passe pas par le contrôle

Lorsqu’on parle de dysrégulation émotionnelle, une erreur revient souvent : croire que la solution, c’est d’apprendre à se calmer.

Comme si le problème venait d’un déficit de volonté ou d’un manque de self-control.

Mais demander à une personne dysrégulée de se calmer, c’est comme demander à une personne en feu de se concentrer sur sa respiration. Inutile. Pire : cela renforce la honte et l’auto-jugement.

Le vrai levier de transformation ne réside ni dans la maîtrise, ni dans la répression, ni dans la bonne intention. Il réside dans un changement de stratégie. Une nouvelle manière de penser, de réagir, d’interagir. Un ajustement profond, souvent minuscule au départ, mais capable de débloquer toute la logique émotionnelle.

La régulation émotionnelle s’apprend autrement

Il ne s’agit pas de supprimer l’émotion — ce serait absurde et dangereux. Il s’agit de :

  • l’identifier dès ses premiers signes, avant qu’elle ne déborde ;
  • comprendre son déclencheur réel, souvent différent de ce qu’on croit ;
  • choisir une réponse plus ajustée, qui apaise sans abîmer ;
  • tester de nouveaux comportements, même si au début, ils semblent étrangers ou inefficaces.

Cela peut être un simple changement de posture corporelle, une pause dans la conversation, un mot au lieu d’un cri, un retrait temporaire sans rupture. L’important n’est pas la perfection : c’est la rupture du cycle automatique.

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Accepter l’émotion pour mieux la traverser

La clé, c’est d’apprendre à faire de la place à l’émotion sans s’y noyer.

À reconnaître qu’elle est là, qu’elle a une logique, qu’elle raconte quelque chose. Mais qu’elle ne doit pas tout diriger.
Cela demande de tolérer l’inconfort, de ne pas réagir tout de suite, de laisser monter sans exploser. Un vrai travail, souvent déroutant, parfois long, mais toujours possible.

Et surtout, cela demande d’en finir avec le combat intérieur, celui qui consiste à croire qu’il faut devenir quelqu’un d’autre pour aller mieux. Ce n’est pas le cas. Ce qu’il faut, c’est retrouver une liberté intérieure face à ses propres états émotionnels.

Comment reprendre le pouvoir sur ses émotions ?

Sortir de la dysrégulation émotionnelle ne se fait pas en un claquement de doigts.

Mais il existe des leviers puissants qui, utilisés avec cohérence et répétition, permettent de désamorcer les réactions excessives et de retrouver une forme de stabilité intérieure.

Ce n’est pas une recette magique. C’est un chemin. Et ce chemin commence là où on cesse de subir, pour commencer à agir autrement, même un peu.

✔ Repérer ce qui allume l’incendie

Le premier pas vers le changement, c’est de reconnaître les déclencheurs émotionnels.

Ceux qui semblent "sans importance" mais qui, chez vous, font tout exploser.
Ce n’est peut-être pas la remarque en elle-même, mais le ton sur lequel elle est dite. Pas le message, mais le silence qui l’entoure.
Il est crucial d’identifier ces signaux faibles, pour ne plus se laisser piéger à chaque fois.

Vous pouvez tenir un journal de situations :

Qu’est-ce qui a déclenché la crise ?
Qu’est-ce que j’ai ressenti en premier ?
Qu’est-ce que j’ai pensé, cru, interprété ?
En mettant en lumière la mécanique, vous commencez déjà à reprendre du pouvoir.

✔ Apprendre à ralentir… au bon moment

Face à la montée émotionnelle, l’objectif n’est pas de réprimer. C’est de ralentir la réaction automatique.

Cela peut passer par une pause physique : changer de pièce, marcher, respirer, boire un verre d’eau. Ce n’est pas fuir, c’est se donner le droit de sortir du feu avant de parler.

Ce moment de recul est une micro-victoire : vous avez résisté à l’élan du "tout de suite", pour créer un espace de choix. C’est dans ces espaces que la régulation commence à s’installer.

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✔ Changer une toute petite chose dans le scénario habituel

Si vous faites toujours la même chose, vous aurez toujours la même issue. L’idée ici, c’est de dérégler le scénario, d’interrompre la boucle automatique.

Peut-être que d’habitude, vous criez. Cette fois, vous pourriez chuchoter.
Peut-être que vous partez. Cette fois, vous pourriez dire : « J’ai besoin de 5 minutes, je reviens. »
Peut-être que vous vous justifiez. Et si vous posiez une question à la place ?

Changer ne veut pas dire tout changer. Cela commence souvent par un détail minuscule, mais répété. Et chaque répétition vient reprogrammer votre cerveau émotionnel.

✔ Se parler autrement à soi-même

La façon dont vous vous parlez après une crise a un impact immense.

Si vous vous dites :

« T’es vraiment nul.le. Encore une fois. Tu ne changeras jamais. »
…vous entretenez le système qui vous fait souffrir.

Et si, à la place, vous vous disiez :

« C’était dur. Mais j’ai compris un truc cette fois. Je ne suis pas mon explosion. Je suis en train d’apprendre. »

Ce dialogue intérieur peut devenir votre premier régulateur.

C’est lui qui posera les bases de l’estime de soi restaurée et de l’apaisement émotionnel durable.

En quoi la thérapie peut vraiment aider ?

Quand on vit avec une dysrégulation émotionnelle, il est souvent difficile de croire qu’un jour, on pourra faire autrement.

Trop d’essais, trop d’échecs, trop de culpabilité. Et pourtant, la thérapie peut changer la donne, en profondeur.

Pas parce qu’elle "calme", mais parce qu’elle transforme les mécanismes invisibles qui entretiennent la spirale. Parce qu’elle remet du sens là où il n’y avait plus que du chaos. Parce qu’elle aide à reprendre le contrôle… sans s’y perdre.

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Ce que vous pouvez attendre d’un accompagnement thérapeutique

Un bon accompagnement ne vous demandera ni de vous censurer, ni de "prendre sur vous", ni de faire semblant d’être calme. Il vous aidera à :

  • Identifier vos déclencheurs émotionnels réels (souvent très différents de ce que vous pensiez) ;
  • Comprendre vos réactions automatiques non comme des fautes, mais comme des stratégies de survie obsolètes ;
  • Repérer les boucles relationnelles dans lesquelles vous êtes piégé(e) ;
  • Expérimenter de nouveaux comportements émotionnels, en toute sécurité ;
  • Revenir à vous-même, non pas en vous maîtrisant, mais en vous reconnectant.

Ce travail ne consiste pas à vous "normaliser", mais à vous réconcilier avec votre vie émotionnelle, à en faire une alliée, non plus une ennemie.

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Un chemin qui prend racine dans l’action

Ce qui fonctionne le mieux, ce n’est pas de comprendre pour comprendre. C’est de comprendre pour agir autrement. Chaque petit changement dans la manière de penser, ressentir, se comporter, crée un effet domino sur l’ensemble du système.

Ce travail peut s’accompagner de mises en situation, de reformulations, de jeux de rôles, de recadrages, mais aussi de temps de recul, de prise de conscience de votre propre pouvoir sur ce que vous vivez.

Le plus important ? Il n’y a rien à guérir, parce que vous n’êtes pas "malade" : vous avez juste appris des manières de faire qui, aujourd’hui, vous enferment. Et c’est par l’expérience, et non par la théorie, que vous pourrez reconstruire une relation plus paisible à vous-même, aux autres, à vos émotions.

FAQ - Dysrégulation émotionnelle

Qu’est-ce que la dysrégulation émotionnelle exactement ?

La dysrégulation émotionnelle désigne une difficulté persistante à gérer, moduler ou exprimer ses émotions de manière adaptée.

Les personnes concernées peuvent réagir de façon intense, impulsive ou disproportionnée à des situations anodines. Ce trouble affecte la gestion des émotions négatives, comme la colère, la tristesse ou l’angoisse, mais aussi les émotions positives. Il est souvent lié à d'autres troubles psychiques comme le TDAH, le trouble borderline ou le stress post-traumatique. Il s'agit d’un déséquilibre émotionnel profond, mais réversible avec un accompagnement adapté.

Quels sont les signes d’une dysrégulation émotionnelle ?

Les principaux signes de dysrégulation émotionnelle sont des réactions émotionnelles excessives, soudaines et durables.

On retrouve souvent des crises de colère, des pleurs incontrôlables, une impulsivité verbale ou comportementale, de l’automutilation, des ruptures relationnelles répétées, ou encore une hypersensibilité au rejet ou à la critique. Ces comportements s'accompagnent d’un fort sentiment de honte ou de culpabilité après coup. Ce n’est pas un simple "manque de contrôle" mais un trouble de la régulation émotionnelle profond, souvent incompris.

La dysrégulation émotionnelle est-elle un trouble mental à part entière ?

La dysrégulation émotionnelle n’est pas un trouble mental autonome dans les classifications actuelles (comme le DSM-5), mais elle constitue un symptôme central dans de nombreux troubles, notamment le trouble borderline, le TDAH, le trouble bipolaire et le stress post-traumatique.

Elle peut aussi exister sans diagnostic psychiatrique formel, comme mode de fonctionnement ou conséquence de traumatismes émotionnels passés. Elle reflète une souffrance psychique profonde, nécessitant une prise en charge spécifique, même en l’absence de trouble psychiatrique identifié.

Est-ce que la dysrégulation émotionnelle se soigne ?

Oui, la dysrégulation émotionnelle peut être améliorée, voire complètement régulée grâce à la thérapie.

Des approches ciblées permettent d’identifier les déclencheurs émotionnels, de désactiver les schémas réactifs, et de renforcer la stabilité émotionnelle. Un accompagnement thérapeutique adapté aide à retrouver une meilleure qualité de vie, des relations apaisées et une estime de soi restaurée. Ce n’est pas une fatalité. Avec les bons outils, on peut reprendre le pouvoir sur ses émotions, même après des années de souffrance.

Quelle est la différence entre hypersensibilité et dysrégulation émotionnelle ?

L’hypersensibilité désigne une perception fine et intense des émotions, internes ou externes. Elle n’est pas pathologique en soi.

La dysrégulation émotionnelle, en revanche, correspond à une incapacité à contenir et à moduler ces émotions, avec des réactions souvent inadaptées ou destructrices. Une personne hypersensible peut vivre ses émotions profondément, tout en restant stable. Une personne dysrégulée, elle, se sent envahie, dépassée, et agit sous l’effet de l’émotion, parfois au détriment d’elle-même ou des autres.

Quelles sont les causes possibles de la dysrégulation émotionnelle ?

La dysrégulation émotionnelle peut avoir plusieurs causes : des traumatismes précoces, une carence affective, un environnement familial instable, un attachement insécure, ou encore des troubles neurodéveloppementaux comme le TDAH.

Elle peut aussi être liée à une immaturité neurobiologique dans les régions du cerveau qui gèrent les émotions, notamment l’amygdale et le cortex préfrontal. Dans tous les cas, elle reflète une tentative d’adaptation devenue rigide, que la thérapie permet de transformer progressivement en stratégies plus fonctionnelles.

Quels types de thérapies sont efficaces contre la dysrégulation émotionnelle ?

Plusieurs thérapies efficaces peuvent aider à réguler les émotions : les thérapies comportementales et cognitives (TCC), la thérapie des schémas, l’EMDR, ou encore des approches intégratives axées sur la régulation émotionnelle.

Ces thérapies travaillent sur les réactions automatiques, les croyances dysfonctionnelles et les boucles relationnelles toxiques. Elles permettent de désamorcer les crises, de retrouver une stabilité émotionnelle durable, et d’apprendre à faire autrement face aux émotions intenses.

Thérapie individuelle à Versailles

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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