Qu'est-ce que la violence conjugale ?
5/9/2024

Qu’est-ce que la violence conjugale ?

Quels sont les mécanismes de la violence conjugale ? Comment cette violence prend-elle forme et persiste-t-elle même après la séparation ? Cet article explore les dynamiques de domination, les signes avant-coureurs, et les différents impacts que subissent les victimes dans ces relations destructrices.

La violence conjugale est bien plus qu'un simple conflit au sein du couple. C’est un phénomène enraciné dans des rapports historiques d'inégalité entre les hommes et les femmes. Dans 80 % des cas rapportés à la police, les victimes sont des femmes, ce qui met en lumière l'asymétrie qui existe souvent dans ces situations. La violence conjugale se manifeste dans une relation intime et affective, et peut même se poursuivre après la séparation.

Mais de quoi parle-t-on exactement ?

La violence conjugale se distingue par un rapport de domination où l'agresseur établit et maintient son emprise sur la victime. Ce n’est pas une dynamique où les rôles s’inversent ; il ne s’agit pas d’une situation où chacun est tour à tour agresseur et victime. Au contraire, c’est un processus où l’agresseur utilise des stratégies spécifiques pour contrôler, terroriser et empêcher la victime de partir.

Le contrôle exercé par l'agresseur s'inscrit dans un cycle stratégique. Il cherche à neutraliser toutes les réactions de la victime pour la maintenir sous son emprise. Ce cycle de violence est répétitif et s’intensifie avec le temps, rendant la situation de plus en plus dangereuse pour la victime.

Comment distinguer la violence conjugale d'une simple querelle de couple ?

Il est important de ne pas confondre violence conjugale et querelle de couple, bien que la frontière puisse parfois sembler floue. Tous les conflits ou agressions dans un couple ne relèvent pas de la violence conjugale. Mais alors, comment faire la distinction ?

La violence conjugale est caractérisée par son intentionnalité et sa préméditation. L'agresseur cherche à dominer, contrôler et terroriser la victime, et ce, de manière systématique. Ce contrôle s’exerce à travers un cycle qui se répète, et qui s'intensifie avec le temps.

À l’inverse, une chicane de couple est un conflit où les partenaires cherchent à avoir le pouvoir sur une situation spécifique, à convaincre l’autre de leur point de vue ou à gagner une dispute. Les différends surgissent souvent lorsque les comportements ou les valeurs des deux individus entrent en conflit.

Pour mieux comprendre la différence, quatre critères sont essentiels :

  1. Le type d’agression : Dans la violence conjugale, l'agression est utilisée pour terroriser et contrôler, tandis que dans une querelle de couple, elle est une réaction ponctuelle à un conflit.
  2. Le gain recherché : L'agresseur dans une relation violente cherche à maintenir son emprise à long terme, tandis que dans une dispute, chaque partenaire cherche généralement à avoir raison sur un sujet précis.
  3. L’impact : La violence conjugale a un impact durable et dévastateur sur la victime, affectant profondément son bien-être mental, physique, et émotionnel. Une dispute de couple, bien qu'elle puisse être intense, n'a pas les mêmes conséquences à long terme.
  4. L’explication : La violence conjugale ne peut être expliquée ou justifiée par les conflits quotidiens ; elle est le résultat d'un besoin de contrôle. En revanche, les chicanes de couple peuvent souvent être attribuées à des désaccords ponctuels ou à des malentendus.

Qu'est-ce que le cycle de la violence conjugale ?

Le cycle de la violence conjugale est une notion clé pour comprendre pourquoi et comment la violence perdure dans une relation.

Ce cycle se compose de quatre phases distinctes qui, ensemble, permettent à l’agresseur de maintenir son emprise sur la victime :

  1. La tension : Dans cette première phase, l’agresseur accumule du stress et de la frustration, souvent en raison de jalousie, de conflits ou de sentiments d'insécurité. La victime peut ressentir cette tension croissante et essayer de l’apaiser, mais souvent sans succès. Le climat devient alors de plus en plus tendu.
  2. L’agression : La tension culmine en une explosion de violence, qu'elle soit physique, verbale ou psychologique. C'est à ce moment-là que l’agresseur libère sa colère sur la victime, qui se retrouve souvent démunie face à cette violence.
  3. La justification : Après l’agression, l’agresseur tente de minimiser ses actes ou de les justifier. Il peut blâmer la victime, la situation ou des facteurs extérieurs pour son comportement. Cette phase permet à l’agresseur de rationaliser sa violence et de maintenir sa position de domination.
  4. La réconciliation : Enfin, l’agresseur cherche à regagner la confiance de la victime par des excuses, des promesses de changement, ou même des gestes d’affection. C’est la phase de la "lune de miel", où l'agresseur tente de convaincre la victime que l’incident ne se reproduira plus, créant ainsi un faux sentiment de sécurité.

Avec le temps, ce cycle se répète et s’accélère, parfois au point où les phases de justification et de réconciliation disparaissent, ne laissant place qu'à une alternance entre la tension et l’agression.

Quelles sont les différentes formes de violence conjugale ?

La violence conjugale ne se limite pas aux coups et blessures visibles. Elle peut prendre de nombreuses formes, chacune ayant un impact profond sur la victime. Voici les principales formes de violence conjugale :

  • Violence psychologique : Il s'agit d'attitudes et de propos dégradants qui visent à humilier, dévaloriser, et contrôler la victime. L'agresseur critique l’apparence, les capacités intellectuelles, ou n’importe quel trait de la personnalité de la victime, dans le but de la diminuer et de la rendre dépendante. Cette forme de violence, bien que souvent invisible, peut être extrêmement destructrice sur le long terme.
  • Violence physique : C'est la forme la plus visible de violence, incluant coups, gifles, strangulations, etc. La violence physique laisse des marques physiques, mais elle s’accompagne aussi de traumatismes psychologiques durables.
  • Violence verbale : Elle inclut les insultes, les cris, et les menaces. La violence verbale est souvent un moyen de terroriser la victime et de la réduire au silence.
  • Violence sexuelle : Cette forme de violence inclut tout acte sexuel imposé à la victime contre son gré, y compris le viol conjugal et la coercition sexuelle.
  • Violence économique : Ici, l'agresseur contrôle les finances de la victime, lui retirant toute autonomie économique. Cela peut inclure l'interdiction de travailler, la gestion stricte des ressources financières, ou la privation d'accès à l'argent, rendant la victime totalement dépendante de l’agresseur.

Quels sont les impacts de la violence conjugale sur les victimes ?

Les impacts de la violence conjugale sont vastes et dévastateurs, affectant non seulement les femmes, qui sont les principales victimes, mais aussi les enfants présents dans le foyer.

  • Sur les femmes : La violence conjugale peut entraîner des blessures physiques graves, mais ses effets vont bien au-delà des dommages corporels. Les victimes peuvent souffrir de stress post-traumatique, de dépression, d'anxiété, et de perte d'estime de soi. Elles peuvent également développer des problèmes de santé chroniques, comme des troubles du sommeil ou des douleurs psychosomatiques. La peur constante et l’isolement social contribuent à une détérioration générale de leur qualité de vie.
  • Sur les enfants : Les enfants exposés à la violence conjugale, qu'ils en soient témoins ou victimes directes, sont gravement affectés. Ils peuvent développer des troubles émotionnels, comportementaux et psychologiques. L'exposition à un climat de violence peut aussi influencer leur développement social et leur perception des relations, augmentant le risque qu'ils reproduisent ces comportements à l'âge adulte.

Quelles sont les erreurs à éviter en cas de violence conjugale ?

Il est important de comprendre que la violence conjugale ne doit jamais être traitée comme une simple dispute de couple.

Voici quelques erreurs courantes à éviter :

  • Ne pas confondre l’agresseur et la victime : La violence conjugale n’est pas un conflit où les deux parties sont également responsables. Il s'agit d'un rapport de domination où l’un impose sa volonté à l’autre par la violence.
  • Ne pas banaliser la situation : La violence conjugale est une problématique grave qui exige une réponse appropriée. La traiter comme un simple désaccord ou une dispute risque de minimiser les souffrances de la victime et de prolonger son calvaire.
  • Connaître les droits des victimes : Les femmes victimes de violence conjugale ont des droits spécifiques, mais ceux-ci sont souvent méconnus. Connaître ces droits est essentiel pour reprendre le contrôle de sa vie et lutter contre le sentiment d'impuissance.

La violence conjugale est un fléau complexe et profondément ancré dans notre société.

La compréhension des différentes formes qu'elle peut prendre, des dynamiques de pouvoir en jeu, et des impacts sur les victimes est essentielle pour mieux appréhender ce phénomène. Bien qu'il n'y ait pas de solutions simples, la sensibilisation et la reconnaissance de ces réalités sont des étapes cruciales pour avancer vers un changement.

En France, et plus particulièrement en Île-de-France, il existe plusieurs ressources pour obtenir de l'aide d'urgence en cas de violence conjugale. Voici quelques références utiles, incluant des services disponibles à Versailles.

Numéros d’urgence et lignes d’écoute

  1. Le 3919 – Violences Femmes Info
    C’est le numéro national d’écoute anonyme et gratuit pour les femmes victimes de violence. Il est accessible du lundi au samedi, de 9h à 22h, et les dimanches et jours fériés de 9h à 18h.
    Site web : https://www.solidaritefemmes.org/
  2. Le 17 – Police Secours
    En cas de danger immédiat, appeler le 17 pour une intervention policière.
  3. Le 114 – Numéro d’urgence par SMS
    Accessible aux personnes sourdes et malentendantes, mais aussi en cas de danger où parler n’est pas possible.

Associations et services d’aide en Île-de-France

  1. CIDFF (Centres d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles)Les CIDFF sont présents partout en France et proposent un accompagnement juridique, psychologique, et social pour les victimes de violences. En Île-de-France, il y a plusieurs antennes.Site web : https://www.infofemmes.com/
  2. Association FIT Une femme, un toit Basée à Paris, cette association propose un hébergement d'urgence, des conseils juridiques, et un accompagnement pour les femmes victimes de violences.Site web : https://www.fit-asso.org/
  3. La Maison des Femmes de Saint-DenisElle offre un soutien médical, psychologique, et juridique aux femmes victimes de violences.Site web : https://www.lamaisondesfemmes.fr/

Ressources spécifiques à Versailles

  1. SOS Femmes Versailles Cette association, située à Versailles, propose une écoute, un accompagnement, et un hébergement temporaire pour les femmes victimes de violences. Adresse : 13 bis Rue de la Paroisse, 78000 Versailles
    Téléphone : 01 39 50 77 00
  2. Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles des Yvelines (CIDFF 78) Basé à Versailles, ce centre offre des consultations juridiques, psychologiques, et sociales pour les victimes de violences. Adresse : 10 rue de la Paroisse, 78000 Versailles
    Téléphone : 01 39 50 26 28
    Site web : https://www.cidff78.fr/
  1. Point d’Accès au Droit de Versailles (PAD) Le PAD de Versailles propose un accompagnement juridique pour les victimes de violences conjugales, avec des consultations gratuites d’avocats et d’autres professionnels. Adresse : 5 rue Royale, 78000 Versailles
    Téléphone : 01 39 07 01 02
  2. Hôpital André Mignot - Service d'Urgences Situé à Le Chesnay-Rocquencourt, proche de Versailles, cet hôpital offre une prise en charge médicale d’urgence pour les victimes de violences. Adresse : 177 Rue de Versailles, 78150 Le Chesnay-Rocquencourt
    Téléphone : 01 39 63 91 33

Hébergements d'urgence

  1. SAMU Social de ParisLe SAMU Social peut organiser un hébergement d'urgence pour les personnes en situation de grande précarité, y compris les victimes de violence. Numéro d’appel : 115
  2. Résidences pour femmes victimes de violences En Île-de-France, plusieurs associations gèrent des résidences sécurisées pour les femmes qui fuient un domicile violent. Ces hébergements sont souvent accessibles via des associations comme SOS Femmes Versailles ou le CIDFF.

Ces ressources sont essentielles pour apporter du soutien, de la sécurité et de l'accompagnement aux personnes en danger. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est en situation de violence conjugale, n’hésitez pas à contacter ces services pour obtenir de l’aide.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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